Encore des voix pour dire non aux violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire. Ce samedi 25 novembre 2023, à l’occasion du lancement de la campagne «16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes », La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes a présenté à l’opinion publique ce que vivent les ivoiriennes.
Dans une déclaration lue à son siège à Abidjan-Marcory, elle a d’abord salué, « les efforts faits par l’Etat de Côte d’Ivoire depuis 2019 dans le renforcement de l’arsenal juridique ».
Cependant, elle déplore que malgré les avancées législatives, la mise en application des lois peine à se voir sur le terrain.
« La lenteur des procédures et des décisions de justice ainsi que les dysfonctionnements dans la démarche de prise en charge des cas de violences faites aux femmes constituent des obstacles dans la lutte contre les violences faites aux femmes. La persistance de l’impunité à l’égard des auteurs de violences envers les femmes fait l’objet de vives préoccupations pour la Ligue Ivoirienne Des Femmes et pour toutes les femmes de Côte d’Ivoire. », a indiqué Marie Paule Okri, dans la déclaration.
La ligue rappelle en outre que «les violences faites aux femmes sont une atteinte à leurs droits humains fondamentaux, Elles ont des conséquences sur la santé physique et mentale des femmes et sur leur épanouissement dans la société »
Elle interpelle donc l’Etat de Côte d’Ivoire « sur la nécessité de veiller à la bonne application des lois relatives aux violences faites aux femmes », réaffirmant «son engagement au côté de toutes les femmes victimes de violences afin qu’elles ne soient plus jamais seules »
En termes de bilan. Depuis le début de l’année jusqu’au 25 novembre 2023, la Ligue dit avoir enregistré 205 cas de violences. Mais, selon elle : «bien que 80% de ces cas aient été rapportés à la police et à la gendarmerie, moins de 70% ont une suite judiciaire. La complexité du système, le mauvais accueil et la durée de la procédure judiciaire en matière de violences faites aux femmes n’encouragent pas les victimes à saisir la justice »
Le 21 novembre, le Ministère de la femme, de la famille et de l’enfant par la voix de la responsable du Programme National contre les violences faites aux femmes affirmait que le Ministère avait enregistré et pris en charge 5360 cas de janvier à septembre.
La ligue déplore que ces chiffres ne précisent pas s’ils prennent en compte les chiffres des autres acteurs agissant contre les violences faites aux femmes 7919 cas de VBG qui ont été rapportés et pris en charge en Côte d’Ivoire en 2022 selon le Ministère de la Femme.
Cette année, la campagne annuelle internationale ‘16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes’ sera menée sous le thème « Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles » qui souligne l’importance de financer diverses stratégies de prévention pour éliminer cette violence inacceptable.
Selon la dernière Enquête Démographique et de Santé réalisée en 2021 en Côte d’Ivoire, parmi les femmes de 15-49 ans, 26% ont déclaré avoir subi des actes de violence physique depuis l’âge de 15 ans et 7% ont déjà subi des actes de violence sexuelle commis par un auteur quelconque.
Le Système des Nations Unies pour le Développement (SNUD) en Côte d’Ivoire a déjà mobilisé plus de 15,8 milliards FCFA (plus de 26 millions de dollars US) dans une quarantaine d’initiatives, en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux, pour prévenir et lutter contre ces violences afin de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Fulbert Yao