Malgré les mises en garde de Pékin, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, a atterri ce mardi 2 août 2022 dans la soirée à l’aéroport de Songshan, où elle a été accueillie par Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères. Comme si elle voulait défier la Chine et montré qu’elle n’a pas un tempérament à se laisser impressionner, la « Speaker » n’a pas joué la discrétion. Le drapeau américain était éclairé sur l’empennage de l’avion de l’US Air Force qui la transportait, et avec son tailleur rose, on ne voyait qu’elle à la descente de l’appareil.
Pékin n’a pas tardé à réagir en dénonçant l’attitude « extrêmement dangereuse » des États-Unis qui ne cessent « de déformer, d’obscurcir et de vider de tout sens le principe d’une seule Chine, d’intensifier ses échanges officiels avec Taïwan et d’encourager les activités séparatistes « indépendantistes » de Taïwan ». Le ministère chinois de la Défense a annoncé dans la foulée des « actions militaires ciblées » afin de « défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale ».
Les autorités chinoises avaient, un peu plus tôt, mis en garde Washington contre une éventuelle venue de Nancy Pelosi à Taïwan, en prévenant que les États-Unis devraient « payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine ». « La partie américaine a trahi sa parole sur la question taïwanaise », a déploré dans un communiqué Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, en référence à l’engagement des États-Unis, depuis 1979, à n’avoir aucune relation officielle avec Taïwan.
La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Pékin a annoncé des « opérations militaires ciblées ». « L’Armée populaire de libération chinoise est en état d’alerte et lancera une série d’opérations militaires ciblées pour faire face, défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale, et contrecarrer résolument les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes « d’indépendance de Taïwan », a déclaré le porte-parole de l’APL Wu Qian dans un communiqué condamnant la visite.
Violation du droit international
Le Bureau de Travail du Comité central (CC) du Parti communiste chinois (PCC) pour les affaires de Taiwan a condamné la visite de Nancy Pelosi sur l’ile considérée comme une partie du territoire de la Chine. « Ce geste est de nature scandaleuse et a de graves conséquences. Il empiète gravement sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine, viole sévèrement le principe d’une seule Chine et les trois communiqués sino-américains, piétine sévèrement le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales, rompt l’engagement politique sérieux des Etats-Unis envers la Chine, et envoie un signal gravement erroné aux forces cherchant à obtenir l' »indépendance de Taiwan ». Nous nous y opposons fermement et exprimons notre forte condamnation et protestation», a-t-il condamné.
Il s’agit de la officielle à Taiwan d’un président de la Chambre des représentants des États-Unis depuis vingt-cinq ans.
Nomel Essis