Le Chef de l’Etat Alassane Ouattara a animé samedi à sa Résidence de Dimbokro une conférence de presse au terme de sa Visite d’Etat dans la Région du N’Zi. L’intégralité
Vous venez de passer 4 jours dans la Région, votre région natale, au terme de cette visite d’Etat, quel est le message fort que vous laissez à vos parents ?
Le message est clair : de paix, de cohésion, de développement et également de confiance. Beaucoup a été fait au cours de ces 8 dernières années. Nous continuerons de faire encore plus, de manière à accélérer pour les régions et les populations qui considèrent que le développement n’est pas encore arrivé chez elles. Mais nous sommes confiants que tout cela va se dérouler dans de bonnes conditions. Avec le renforcement des investissements au niveau de la sécurité, et surtout des renseignements et des appareils technologiques, je suis rassuré que les ivoiriens continueront de connaître la paix, la sérénité et la tranquillité.
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Le président du Pdci-Rda dans « Jeune Afrique », notre confrère, de cette semaine, parlant du bilan du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, disait que ses performances ne sont pas terribles, qu’il a conduit le pays vers une économie en berne, la croissance ralentie, et que le chômage explose… Quelle est votre réaction par rapport à cette sortie ?
D’abord, je voudrais dire que je ne ferai pas de commentaire sur les propos de mon aîné. Je suis quand même à Dimbokro, où il m’a accompagné l’année dernière au cimetière lorsque j’avais perdu mon grand frère, et je le remercie pour cela. Je le considère comme un ami. Il a été à l’école primaire à Bocanda avec mon défunt frère aîné, qui a été vice-président de l’Assemblée nationale avec lui. Je vous renvoie tout simplement aux documents que publient les institutions américaines, européennes, et de toutes les institutions qui jugent l’Etat de Côte d’ivoire.
Monsieur Président, lorsque vous avez dit votre intention de faire modifier la Constitution, des thématiques du genre « Ouattara veut tripatouiller la Constitution pour écarter des candidats » ont été développées. Trois mois après cette annonce, qu’elles sont les dispositions qui seront touchées par la réforme de cette Constitution qui avait été votée à 95% ?
Tout le monde sait qu’Alassane Ouattara n’est pas un tripatouilleur, aussi bien en ce qui concerne la Constitution que pour autre chose. Nous avions mis en place un groupe pour regarder comment nous pourrions passer à la troisième République. C’est ce qui a été fait en 2016. Et je me réjouis que cette Constitution ait été votée à plus de 95%. Je suis heureux pour cette Constitution et espère qu’elle va régir notre pays pendant des générations et des générations. Nous avons des institutions. Il y a plusieurs façons de modifier une Constitution. On peut, avec une majorité simple, aller au référendum, ou avec une majorité du 2/3 du Congrès. C’est-à-dire, avec l’Assemblée nationale et le Sénat, ensemble, modifier la Constitution. Nous n’avons pas encore eu ce débat au niveau du gouvernement. Il est évident qu’il doit avoir lieu, pour que nous voyions ensemble ce qui est important ou même urgent de modifier.
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Mais encore…
J’ai toujours dis que cette modification tiendra compte de l’évolution de notre pays. Nous avons un pays dont 75% de la population a moins de 30 ans. Nous ne pouvons pas rester indifférents à cela. Nous avons dans toutes les grandes nations, des Chefs d’État qui ont entre 40 et 45 ans, y compris même en Afrique. Vous voyez le Président Éthiopien ! C’est donc un débat qui permettra d’arriver à des modifications. Il ne faut pas que les gens se focalisent sur le planché ou le plafond d’âge. Ce sont des propositions que nous avions retenues tous ensemble à Marcoussis. Si cela doit aujourd’hui être examiné, ça passera par la voie normale. Mais, pour l’instant, ce n’est pas la chose la plus importante de mon point de vue.
‘’Je suis pour le transfert du pouvoir à une nouvelle génération’’
Nous avons créé toute une série de structures judiciaires. Nous devons les rendre compatibles. Ceci me paraît essentiel. Et le comité qui m’a fait les propositions de rédaction de la Constitution de 2016, m’a également fait des propositions écrites sur cette disposition. Donc, il ne faut pas en faire tout un plat. Vous connaissez ma position par rapport à l’avenir. Je suis pour le transfert du pouvoir à une nouvelle génération. Je dis toujours que nous autres, qui avons bénéficié de bourses dans le pays, qui avons eu notre premier emploi dès notre sortie de l’université, qui avons ensuite eu des hauts postes pendant 30 à 45 ans, il est normal que nous puissions, au moins, par gratitude à l’endroit de la population, de faire en sorte qu’une nouvelle génération prenne le relais. Mais, ceci étant, c’est un débat qui nous permettra d’arriver à cette décision. Mais, n’allez pas interpréter cela, que ça veut dire que je ne serai pas candidat.
Quels sont vos engagements relativement au transport ferroviaire dans le N’Zi?
Le transport ferroviaire entre dans le cadre de la réhabilitation du réseau jusqu’à Ouagadougou. Vient ensuite l’extension du réseau au-delà, pour aller même au Niger. Les discussions avaient été très fructueuses, il y a quelque temps, avec le groupe Bolloré qui en a la responsabilité. Mais il y avait eu des incompréhensions dans la mise en œuvre de cette réhabilitation. Les informations en notre possession indiquent que l’opérateur considère que le tonnage prévu en provenance du Burkina n’est pas suffisant. Cela doit être réglé avant de commencer la réhabilitation. Le Premier ministre de Côte d’Ivoire et celui du Burkina en ont longuement parlé à l’occasion du traité d’amitié, fin juillet, à Ouagadougou. Pour nous, c’est une priorité. Nous espérons régler tout cela dans les quelques mois à venir. Quand j’étais à Dimbokro, évidemment, c’était une ville vraiment importante où l’on entendait le train tout le temps ; que ce soient les passagers, les marchandises. Moi-même, j’ai eu à l’emprunter à plusieurs occasions. Ceci étant, nous devons tout faire et le Premier ministre sait ma préoccupation et les priorités que j’attache à faire en sorte que nous puissions régler ce problème avec le groupe Bolloré et nos frères du Burkina.
Monsieur le Président, pendant que vous visitez la région du N’Zi, il y a eu une attaque de la gendarmerie de Guiglo, dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25 septembre dernier. Vendredi dernier, il y a eu une découverte d’armes et de munitions à N’Guessankro dans la sous-préfecture de Bottro dans la région du Gbêkê. Cette découverte a conduit à l’interpellation, samedi aux alentours de 21 heures, du président du conseil régional, Mangoua Jacques. Est-ce que ce sont, selon vous, des indicateurs incitant à appeler, à chaque fois, à des élections apaisées en 2020 ?
Je n’ai aucun doute que les élections se passeront de manière apaisée. Il y a des attaques dans tous les pays à certains moments. Je peux vous dire que pour Guiglo, nous avons déjà repéré un certain nombre de personnes qui seront remises à la justice. D’ailleurs, il y a eu des échanges de coup de feu dans la matinée. Je n’en connais pas le bilan. Mais je veux vous dire que, grâce aux investissements que nous avons faits au niveau des traces technologiques, si quelqu’un s’attaque à un commissariat ou à une caserne de gendarmerie, c’est le terrorisme. Donc, nous traiteront cela conformément aux lois internationales. Nous sommes confiants que nous allons éradiquer tous ces terroristes qui veulent s’attaquer à la tranquillité des Ivoiriens. Pour le président du conseil régional du Gbêkê, j’ai appris que des armes avaient été retrouvées chez lui. Mais l’affaire est entre les mains de la justice. Je ne souhaite pas faire de commentaires là-dessus.
Monsieur le Président, au stade Koné Samba Ambroise, vous avez dit que vous n’avez pas encore pris votre décision concernant l’élection présidentielle de 2020, si je ne m’abuse. «J’attends de voir ce que vous déciderez et ce que mon parti, le Rhdp dira», avez-vous déclaré. Est-ce que ce n’est pas une manière pour vous de mettre la pression sur les instances de votre parti. Si vous n’êtes pas candidat en 2020, allez-vous vous retirer de la politique ?
Me retirer de la politique ? Il y a des gens qui ont dix ans de plus que moi et y sont encore. Ces décisions, on ne les prend pas seul. Tout dépend de mon parti. Il y a un certain nombre de critères. Nous avons la responsabilité de laisser un pays en paix et dans la stabilité; toujours sur la voie du développement. Dans mon appréciation personnelle, je dois me décider pour savoir si mon objectif de stabilité, de sécurité pour mon pays a été atteint. Et cela doit se poursuivre avec l’équipe que je dirige. Me décider, ce sera la décision de mon parti et non le choix d’Alassane Ouattara. Ça sera un choix démocratique. Nous aurons avec les responsables de mon parti un vrai débat. Il faut voir quelle est la meilleure manière de poursuivre l’œuvre que nous avons entamée. Les statistiques sont là. J’ai demandé aux ministres de les rendre publiques. Que ce soit l’eau potable, l’électricité, les dispensaires, les tables-banc, les universités, nous avons fait plus que les 50 premières années des indépendances. Ce sont là des statistiques. Je pense qu’il est bon de le dire. Il serait bon que le Premier ministre et le ministre de la communication et des médias alimentent la presse concernant ces chiffres. Ce que nous disons est basé sur des chiffres. En 2011, combien y avait-il d’adduction d’eau ? De villages électrifiés? De tables-bancs ? Il faut comparer cela à la période de 1960 à 2010. Je signale que le plus gros investissement de cette période a été fait de 1960 à 1970. Nous avons une équipe qui fait du très bon travail. Mais à un certain moment, il faut pouvoir et savoir transférer le pouvoir à la jeune génération. Je le pense sincèrement. Il est temps que je parte me reposer, mais si mon parti me demande de rester, j’apprécierai.
Vous parlez de transmettre le pouvoir à une nouvelle génération. C’est qui cette nouvelle génération ?
Quel âge a le Président Cyril Ramaphosa de l’Afrqiue du Sud ? Moi, j’ai 78 ans bientôt. Donc la nouvelle génération, ce n’est pas moi.
Quelle est votre politique en matière de création d’emploi–jeune dans la région afin de mettre fin à l’orpaillage clandestin ?
Le ministre des mines me disait tout le travail qu’il a fait depuis plusieurs années. La coloration de l’eau, tous ces problèmes sont dus à l’orpaillage clandestin. Malheureusement, il y a beaucoup de complicités dans cette affaire. Je ne voudrais pas dévoiler ou indexer un groupe. Je lance un appel à tous nos concitoyens, aussi bien au public qu’au privé, d’aider le gouvernement parce que nous faisons notre part. Maintenant, les choses doivent avoir le concours de nos concitoyens de tous les secteurs pour que nous puissions aller de l’avant. Le ministre de l’Hydraulique, à l’occasion du Conseil des ministres, nous a dit qu’il avait toute une série de projets. Non seulement l’eau doit être décolorée mais elle doit aussi être potable. Nous avons prévu une réunion dans les jours qui viennent du conseil national de sécurité, parce qu’on considère que l’orpaillage est un problème sécuritaire également.
Des mesures ?
Le ministre des Mines et les ministres concernés vont nous faire le bilan de ce qui a été fait ces deux et trois dernières années; en plus de ce que nous envisageons de faire et les mesures qui sont nécessaires. Nous voulons nous inspirer des pays comme le Mali qui, apparemment, a beaucoup fait dans ce domaine pour essayer de contrer l’orpaillage clandestin. J’ai donné des instructions très fermes. Quand nous avons sur ces sites des personnes prises et qui sont en situation irrégulière au plan de l’identité et de la nationalité, nous les expulsons, même si ce sont des ressortissants des pays voisins. Parce que je considère que ceci n’est pas acceptable. On ne peut pas créer des problèmes environnementaux et des problèmes de sécurité en étant entrée frauduleusement en Côte d’Ivoire. Non seulement de pays africains, mais également des pays extérieurs à l’Afrique que je ne que je ne nommerai pas.
Mais….
J’ai donné des instructions très fermes. Le conseil national de sécurité va rendre tout cela public. Également à Ouagadougou, à l’occasion du sommet tenu sur la sécurité régionale, nous avons pris des mesures très importantes pour l’identification et le suivi des personnes pour la biométrie. Sans oublier toute personne qui serait en situation irrégulière, pour des raisons sécuritaires, en ce qui concerne chacun des pays de la sous-région. Nous sommes tout à fait à l’aise pour parler de ces problèmes.Vous savez, les problèmes tout le monde peut en parler, mais le plus important c’est de les résoudre. C’est ce que nous sommes en train de faire.
Votre mot de fin
Mesdames et messieurs, j’aimerais vous remercier d’être venus avec nous pour les quatre jours de cette belle visite d’Etat. Je remercie le Vice-président, le Premier ministre, les présidents d’institutions. Comme vous le savez, le Vice-président était à New-York, aux assemblées générales des Nations unis. C’est hier seulement qu’il est rentré. Je suis content qu’il ait fait le déplacement aujourd’hui pour être avec nous. Je voudrais remercier tous les membres du gouvernement et toute la presse et tous ceux qui ont été avec nous tous les jours. Vous avez noté que l’Etat de la route n’est pas reluisant. Ce sont des choses auxquelles nous allons nous attaquer. Nous sommes confiants. J’ai dit que j’allais relier toutes les capitales régionales, d’abord par le bitume, ensuite ce sera les capitales départementales. J’invite les uns et les autres à ne pas se faire de soucis. Tout ce que nous n’avons pas pu faire, ces temps-ci, nous entreprenons de le faire et nous le continuerons dans la période 2021-2025 pour que ce programme soit bouclé. Comme d’ailleurs pour l’eau potable, l’électricité, nous serons à 100% d’approvisionnement de nos concitoyens en 2025. Je suis très fière de mon bilan. Par conséquent, nous attendons impatiemment la campagne électorale pour pouvoir le dérouler.
Fulbert YAO (herrwall2007@yahoo.fr)