La rencontre virtuelle organisée le mercredi 15 décembre 2021 entre le président chinois, Xi Jinping et son homologue russe, Vladimir Poutine a permis aux deux dirigeants d’afficher leur proximité sur plusieurs dossiers au moment où ils sont le feu des critiques des occidentaux. Alors que les USA, la Grande Bretagne, l’Australie annoncent le « boycott diplomatique » des Jeux Olympiques (JO) d’hiver de Pékin, Vladimir Poutine a apporté un soutien franc à la Chine. Le chef du Kremlin a confirmé que les deux hommes se rencontreront « en personne à Pékin », à l’occasion de l’ouverture des JO d’hiver (4-20 février). Le dirigeant chinois s’est dit « impatient », les deux alliés ne s’étant pas vus en tête-à-tête depuis le début de la pandémie. Le président russe a souligné que Xi Jinping et lui étaient opposés à « toute tentative de politiser le sport et le mouvement olympique ». Une manière pour eux de dénoncer l’attitude des pays occidentaux qui ont décidé de boycotter « diplomatiquement » ces JO auxquelles leurs athlètes participeront. La Chine a dénoncé la récente décision des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et de l’Australie de ne pas envoyer de représentants politiques aux JO en réaction aux violations des droits humains, notamment dans la région chinoise à majorité musulmane du Xinjiang (nord-ouest). Moscou considère ce « boycott diplomatique » comme une tentative de politiser les JO.
Les deux dirigeants ont affiché leur relation « modèle » emprunte de respect mutuel et de non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Vladimir Poutine a salué une relation bilatérale fondée sur la « non-ingérence », le « respect des intérêts de chacun » et une « détermination à transformer la frontière commune en ceinture de paix éternelle et de bon voisinage ». Moscou et Pékin ont vu leurs relations respectives avec les occidentaux se dégrader au fil des ans et veulent projeter l’image de deux nations faisant contrepoids. Les deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont renforcé leurs liens diplomatiques, économiques, militaires et énergétiques.
Le ton amical de la conversation tranche avec les salves de critiques occidentales contre Moscou, accusé de préparer une invasion de l’Ukraine, et contre Pékin accusé d’orchestrer des répressions à Hong Kong et au Xinjiang. Ce qu’ont toujours démenti les autorités chinoises qui dénoncent une ingérence des occidentaux dans les affaires intérieures de la Chine.
Pékin comme Moscou ont aussi peu apprécié l’organisation par M. Biden la semaine dernière d’un sommet virtuel sur la démocratie, y voyant une opération hostile à leur égard. Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, M. Xi a accusé les Occidentaux d’user « de la démocratie et des droits de l’homme pour s’ingérer de manière flagrante dans les affaires intérieures de la Chine et de la Russie ».
Pour Xi Jinping, la Chine et la Russie sont les piliers centraux du multilatéralisme et de la justice internationale. « La Chine et la Russie ont agi en tant que grands pays responsables, devenant les piliers centraux de la pratique du multilatéralisme, de la sauvegarde de l’équité et de la justice internationales, a déclaré mercredi le président chinois », Xi Jinping.
Nomel Essis.