La Chine vient de réussir un véritable coup de maître en parvenant à créer le Partenariat économique régional global (RCEP), entré en vigueur samedi 1er janvier 2022 et qui compte 15 membres, dont les poids lourds de la région notamment le Japon, la Corée du Sud et de nombreux autres pays asiatiques. Il s’agit de la plus grande zone de libre-échange au monde, surclassant ainsi l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est), le Mercosur (Communauté économique des pays d’Amérique du Sud), l’Union européenne etc.
Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), ce RCEP sera le « nouveau centre de gravité » du commerce mondial lorsqu’il fonctionnera à pleine puissance. Par sa taille, ce sera le « plus grand bloc économique au monde ».
Innovation majeure, l’accord supprime les droits de douane sur des milliers de produits, simplifie les procédures commerciales et offre des avantages mutuels aux pays membres. Il couvre également des questions comme le commerce électronique, la propriété intellectuelle et les marchés publics.
Le plus grand bloc commercial mondial
Selon les experts, le RCEP devrait stimuler le commerce dans la région de 2 %, soit 42 milliards de dollars, par l’accroissement des échanges commerciaux et le détournement des échanges facilité par le changement des règles tarifaires.
L’accord est un grand succès économique pour la Chine, qui représente de loin le plus grand marché de la région avec plus de 1,3 milliard d’habitants.
La Chine a été la première à ratifier le RCEP en avril, après sa signature en novembre 2020 lors d’une réunion virtuelle réunissant les dirigeants de ses 15 pays membres.
L’Indonésie, la Malaisie et les Philippines ne l’ont pas encore fait, mais on s’attend à ce qu’elles le ratifient bientôt. La Birmanie, dont le gouvernement a été renversé par l’armée le 1er février 2021, l’a ratifié, mais cela n’est pas encore accepté par les autres membres.
Pékin est prêt pour ce nouveau bloc commercial : la Chine a déjà rempli 701 « obligations contraignantes » pour le RCEP, a déclaré jeudi le 30 décembre 2021 le vice-ministre chinois du Commerce, Ren Hongbin. « L’accord commercial du RCEP change lentement la donne. »
« Le RCEP est très important pour créer de nouveaux modèles de développement et une étape cruciale dans l’ouverture de notre économie », a déclaré Ren Hongbin. Il a soutenu que le bloc rapprocherait les économies des pays membres et « stimulerait grandement la confiance dans la reprise économique après la pandémie ».
Une aubaine pour les pays en développement
Le RCEP, lancé par la Chine, fait la part belle aux pays en développement surtout d’Afrique car il facilite le commerce des produits agricoles et celui des produits manufacturés, qui constituent la majeure partie de leurs exportations.
À l’origine, le RCEP devait inclure quelque 3,6 milliards de personnes. Sans l’Inde, qui s’est retirée, il en concerne encore plus de 2 milliards et porte sur près d’un tiers de l’ensemble des activités commerciales. L’Inde s’est retirée en grande partie par crainte que les importations chinoises envahissent ses marchés, croient savoir les partisans de cette organisation.
«Le RCEP augmentera le PIB et réduira l’incidence de la pauvreté. Il ouvrira davantage l’accès aux marchés pour nos exportations et élargira l’approvisionnement en intrants nécessaires pour améliorer la compétitivité de notre secteur manufacturier et de nos exportateurs », a déclaré Ramon Lopez, le secrétaire au Commerce des Philippines, Ramon Lopez. « Il n’y a aucune raison de ne pas ratifier le RCEP », a-t-il déclaré, ajoutant que ne pas le faire serait « catastrophique » puisque les investisseurs favoriseraient probablement les pays du bloc commercial.
C’est en 2011 que les négociations pour porter cette alliance sur les fonts baptismaux ont débuté. Le traité a été signé en novembre 2020 lors du sommet virtuel de l’Asean par ses premiers partenaires et le 3 novembre 2021, l’Australie et la Nouvelle-Zélande l’ont ratifié. La Chine a accéléré les négociations pour la conclusion de ce traité ces dernières années pour combler le vide laissé par l’abandon d’un projet concurrent, le Traité de libre-échange transpacifique (le TPP), par les Etats-Unis en 2017 sous la présidence de Donald Trump.
Nomel Essis