La semaine écoulée a été marquée par une levée de boucliers de certains proches du Vice-président du RDR, Guillaume Soro, contre la Secrétaire générale Kandia. La paix revenue dans la maison est en train de voler en éclats, avec ces attaques en règles contre la direction du parti logé à la rue Lepic.
L’harmonie affichée par les cadres du Rassemblement des Républicains (RDR), le 5 mai, au cours du 4e Congrès extraordinaire, à Treichville, est en train de voler en éclats. Petit à petit. En raison de graves attaques conduites par des cadres Républicains, proches du Vice-président Guillaume Soro, contre la direction du parti. La dernière attaque en date est l’œuvre de l’un des Conseillers spéciaux du président – de l’Assemblée Nationale – Guillaume Soro.
Interrogée en début de semaine dernière par le confrère panafricain «Jeune Afrique», la Secrétaire générale du RDR, Kandia Camara a estimé que le président de l’Assemblée nationale doit ce qu’il est aujourd’hui au président d’honneur du RDR, Alassane Ouattara et au parti des Républicains. «Personne n’a mis une arme sur la tempe de Guillaume Soro en lui disant : « Il faut que tu sois membre du RDR ». Il est là de son plein gré, et si un jour il ne veut plus y être militant, il partira», a lancé Kandia Camara. Avant d’ajouter : « N’oublions pas non plus que c’est en tant que militant de ce parti qu’il a été élu président de l’Assemblée nationale. Je peux le dire avec un mégaphone : ce qu’il est aujourd’hui, il le doit au président Ouattara et au RDR. Et il le sait». Ces réponses de Kandia Camara, s’ils n’ont pas été commentés par Guillaume Soro lui-même, l’ont plutôt été par certains de ses proches. Dont Touré Moussa, son Conseiller spécial en charge de la communication. Dans un twitt d’une rare violence, le vendredi 22 juin, Touré Moussa s’en est pris à Kandia Camara, qui occupe, faut-il le rappeler, le maroquin de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. «Quand on a passé l’âge de 58 ans, qu’on est Ministre de la République, qu’on est allée à la Mecque et qu’on est enseignante donc éducatrice, on devrait savoir que MENTIR EST UN PÉCHÉ GRAVE, Mme la Ministre ! Vous nous faites honte et vous faites honte à notre religion !», a twitté le collaborateur de Guillaume Soro. Le lendemain, samedi 23 juin, comme dans une chorégraphie bien huilée, c’est un autre conseiller du président Guillaume Soro, qui montait au créneau. Avec pour objectif bien arrêté de casser du Kandia Camara. Dans son intervention, il s’est attelé à (de) montrer en quoi Guillaume Soro ne doit rien au RDR dont il est aujourd’hui l’un des vice-présidents.
Ces dernières sorties des pro-Soro sont loin d’être des cas isolées. Si certains cadres proches du Vice-président Guillaume Soro n’insultent pas carrément la direction de leur parti, ils s’amusent à prendre le contre-pied des propos ou thèses défendus par les premiers responsables de la Case.
Quelques jours seulement après la signature le 12 avril, de l’Accord politique portant création du parti unifié RHDP, par le président d’honneur du RDR pour le compte de sa formation politique, certains proches de Guillaume Soro n’avaient pas craint de traiter la présidente Henriette Diabaté de «marionnette». Ce, malgré ce que l’éminente Professeure représente aussi bien en Côte d’Ivoire, en Afrique que dans le monde.
Le jeudi 7 juin, quelques jours après une interview du président Ouattara, président d’honneur du RDR, dans laquelle il affirmait que la nouvelle Constitution lui permettrait d’être candidat en 2020, l’ancienne ministre Affoussiata Bamba-Lamine, Secrétaire générale adjointe du même parti, prenait publiquement le contre-pied du président d’honneur de sa formation politique. «L’actuel Président de la République n’est pas éligible en 2020, ne peut prétendre à un troisième mandat et ne peut donc pas être candidat», avait-elle twitté. Un cadre d’un parti au pouvoir peut-il se permettre de reprendre aussi publiquement son responsable, même s’il n’est pas d’accord avec lui sur certaines questions ? La question reste posée.
Après Affoussiata Bamba-Lamine, l’ex-ministre des Sports, Alain Lobognon, dans une interview accordée mi-mai à «Alerte info», avait tiré à boulets rouges sur son parti, le RDR. «Au RDR actuel, je lui reproche le refus du débat démocratique. C’est parce qu’il y a eu un refus d’accorder la parole à Djéni Kobinan que le RDR a été créé. Mais aujourd’hui je ne reconnais pas mon parti. Je pense que le RDR peut mieux faire pour les Ivoiriens. Ce parti que j’ai connu dans l’opposition, si c’était ce même parti qui était actuellement au pouvoir on allait connaitre un bond qualitatif et quantitatif énorme en Côte d’Ivoire», avait indiqué le Secrétaire général adjoint chargé de la prospection et de l’innovation du RDR.
D’autres cadres tels que Félicien Sékongo, ne ratent aucune occasion de ruer dans les brancards.
L’on se rappelle pourtant qu’avant le 3e congrès ordinaire, les mêmes attaques, avaient fini par faire naître, au sein de la Case des Républicains, une atmosphère des plus explosives. Au fil des temps et des actions souterraines, l’accalmie était revenue. De sorte qu’au 4e congrès extraordinaire, l’unité affichée par tous les responsables du parti logé à la rue Lepic, avait séduit les Républicains. C’est cette fraternité qu’il importe de ne pas détruire, avec des déclarations à l’emporte-pièce, des propos injurieux qui auraient pu être évités – ou à tout le moins qui auraient pu être tenus dans la Case, en famille.
M’Bah Aboubakar