Les grandes vacances scolaires sont enfin arrivées. Certains élèves sont au repos. D’autres à contrario mettent cette période à profit pour exercer des activités communément appelé «job de vacance». Ce, pour gagner de l’argent pouvant leur servir au cours de l’année scolaire.
Si généralement les vacances scolaires riment, avec farniente et fêtes à n’en point finir, elles peuvent également rimer avec job saisonnier ou job de vacances. Parmi les élèves éreintés par de longs mois de dur labeur scolaire, certains n’hésitent pas à troquer leurs journées contre des semaines de boulot. Que ce soit pour être indépendant financièrement, à l’effet de mieux appréhender la prochaine année scolaire ou pour soulager les parents, eux aussi émoussés par des frais scolaires qui prennent souvent l’ascenseur.Les candidats aux jobs de vacance se (re) trouvent partout. Telle N’Dri Séverine, âgée de 18 ans, qui aborde, l’année prochaine, la classe de 1ère au Lycée Moderne de Daoukro. Elle a choisi, sitôt l’année scolaire achevée, de mettre le cap sur la capitale abidjanaise, pour dégoter un emploi de fille de ménage, chez un couple à Yopougon Toits-Rouges. Et elle ne s’en plaint pas. «Je devais normalement me reposer pendant cette période.
Mais, j’ai préféré me trouver ce job pour assurer la prochaine année scolaire. Avec le peu que je vais gagner, je vais acheter mes fournitures scolaires. Puis, avec l’aide de ma sœur aînée, je pourrai assurerles autres fraisdurant le reste de l’année», témoigne-t-elle. Avant d’ajouter que ses parents, agriculteurs et sans grands moyens, n’arrivent plus à prendre en charge ses frais de scolarité. Comme N’Dri Sévérine, les vacances de Boti Lou Grâce Emmanuela, en classe de 5eau Lycée Moderne d’Abobo ne sont pas de tout repos. Depuis le début des vacances scolaires, elle accompagne chaque jour sa mère, commerçante de produits vivriers au marché Gouro d’Adjamé, pour l’aider dans ses tâches. Sur place, cette dernière sa mère lui confie un plateau dans lequel sont exposés de petits tas de gombos, qu’elle vend. Pleine d’entrain, vivace et enthousiaste, Grâce Emmanuela préfère vendre au côté de sa mère plutôt que de rester à la maison à se tourner les pouces, ou à festoyer comme certains élèves de son école.
Ce petit job, elle en a fait une habitude depuis quelques années. Si elle aide sa mère, cette dernière, en retour, lui rétrocède un peu d’argent à la fin des vacances. «Cet argent, je l’utilise pour m’acheter des habits, des chaussures et d’autres petites choses qui me servent plus tard», assure la jeune élève, heureuse de se rendre utile. Sans en être forcément conscients, certains jeunes élèves commencent déjà à façonner leur future carrière professionnelle pendant leurs vacances. Même si se faire un peu d’argent reste le principal facteur de motivation auprès des jeunes souhaitant trouver un job de vacance, la plupart voit par contre son travail de vacances comme un tremplin pour améliorer son avenir.Il en est ainsi de Kouakou Marina, admise en classe de 1ère, dans un Lycée Municipal Djibo Sounkalo de Bouaké, au centre du pays. Véritable commerciale avant la lettre, elle a fait de ses vacances une période de travail acharné qui lui permet, en sus d’engranger de substantiels revenus, de se doter d’une solide expérience professionnelle. Cette année, comme les quatre années écoulées, la jeune fille de 17 ans vend des œufs bouillis aux passagers des cars de transports qui, venant la région de San Pedro, transitent par la ville de Grand-Lahou, pour Abidjan.Installée en bordure de la route comme de nombreux autres commerçants,elle se bat pour écouler sa marchandise avant le coucher du soleil.Elle explique que sa sœur aînée met à sa disposition la somme de 7.000 F Cfa avec laquelle elle débute son commerce. «Je commence mon activité avec deux plaquettes d’œufs. Au bout de deux jours, je gagne suffisamment d’argent pour m’acheter quatre voirecinq plaquettes. Au fil des jours, j’augmente la quantité de ma marchandise. Il y a des journées où je vends quatre plaquettes et des jours durant lesquels j’en vends plus», relate-t-elle. Et même si la période des vacances scolaires est marquée par les fortes pluies qui s’abattent sur cette ville du sud du pays, sa hargne ne s’en trouve pas douchée. Loin s’en faut. «A la fin des vacances je gagneun peu plus de 50.000 F Cfa», informe celle qui ambitionne de créer une activité génératrice de revenus sur toute l’année à Bouaké et dont la gestion sera confiée à un ou uneemployé (e) pendant qu’elle est à l’école.
«Je veux continuer à vendre des œufs frais comme bouillis à Bouaké. Si l’occasion se présente, je vais engager quelqu’un pour le faire quand je serai en classe.Et je prendrai le relais pendant les vacances», souhaite Marina. En attendant de concrétiser ce rêve, l’argent que génère son commerce lui permet d’aider ses parents à acheter des fournitures scolaires à la rentrée.
M.P.K.