La Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri des effets négatifs du changement climatique.
Plusieurs tendances futures, attendent le pays, selon le 6ème rapport d’évaluation du climat du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) : impacts pour la Côte d’Ivoire et recommandations tenue ce mardi 17 aout 2021, à la SODEXAM.
Animée conjointement par Daouda KONATE, Directeur de la Météorologie Nationale, Président du Conseil Régional Afrique de l’Organisation Météorologique Mondiale, et Dr DJE Kouakou Bernard, Point focal GIEC pour la Côte d’Ivoire, cette séance a permis d’intervenir sur l’impact des changements climatiques en Côte d’Ivoire et généralement en Afrique
En fonction des scénaris, il est prévu que la température en Côte d’Ivoire augmente de plus de 3°C d’ici à 2100 par rapport à la référence 1991-2000 selon le scénario RCP4.5 ( Representative Concentration Pathway ou Itinéraire de Concentration representatif du CO2) qui projettent le développement avec la prise en compte des stratégies d’adaptation et d’atténuation en fàonction du nioveau de CO2 dans l’atmosphère. Les températures seront plus élevées avec des épisodes extrêmes dans la partie nord du pays.
Les tendances en matière de précipitations bien que assez incertaines, indiquent une baisse des précipitations annuelles pouvant atteindre 8% d’ici à 2100 selon le scénario RCP4.5. Les périodes sèches et humides pourraient être plus récurrentes et prononcées.
Impacts climatiques potentiels
Le pays est très sensible aux chocs du changement climatique. L’indice de vulnérabilité au changement climatique de la Côte d’Ivoire est l’un des plus élevés au monde. Selon le rapport de la Banque mondiale, le pays devrait être confronté à l’horizon 2050 à l’effet combiné de la hausse des températures (+2 degrés Celsius), de la baisse des précipitations (-9%) et de la montée des eaux des océans (30 cm) (Banque Mondiale, 2018).
Aussi, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le changement climatique pourrait faire baisser le PIB de l’ensemble de l’Afrique de 2 à 4 % d’ici 2040 et entre 10 et 25 % en 2100. Pour la Côte d’Ivoire, cela correspondrait à une perte équivalente de 380 à 770 milliards de FCFA. Ces pertes se répartiraient entre le secteur agricole, le capital humain et les infrastructures. Plus grave, le changement climatique pourrait faire basculer dans l’extrême pauvreté 2 % à 6 % de ménages supplémentaires d’ici 2030.
Impacts climatiques actuels
Des études menées par la SODEXAM (Service Météorologique National) montrent que les fluctuactions climatiques enregistrés dans le pays ont entraîné :
- la baisse effective de la pluviométrie depuis les trois dernières décennies ;
- l’irrégularité des pluies (mauvaise répartition) ;
- le raccourcissement de la longueur des saisons pluvieuses ;
- la hausse des températures ;
- la persistance et rigueur des saisons sèches ;
- les inondations ;
- les feux de brousse fréquents;
- l’érosion côtière ;
- la perturbation de la production d’hydroélectricité.
RECOMMANDATIONS
A la suite du rapport sur l’état du climat et des conséquences pour la Côte d’Ivoire, les experts recommandent de:
– Maintenir le niveau de taux de réduction du CO₂ : la Côte d’Ivoire dans le rapport CDN pour la COP 21 ambitionne le taux de réduction inconditionnelle de CO₂ le plus ambitieux de toute la région CEDEAO à l’horizon 2030, à savoir 28%. Le maintien de cet engagement et ambitieux taux est nécessaire pour lutter contre la déforestation et l’érosion côtière.
– Augmenter la résilience des infrastructures : Le changement climatique risque de provoquer des dégâts importants dans le secteur des infrastructures en Côte d’Ivoire. Essentielles au commerce des produits agricoles, les infrastructures de transport sont particulièrement vulnérables aux événements météorologiques extrêmes. Il faudra donc investir dans des infrastructures résistantes au climat.
– Moderniser l’agriculture en vue de mieux s’adapter aux chocs pluviométriques: Sachant que les cultures sont principalement pluviales, les rendements dépendent de la disponibilité de l’eau de pluie et sont sujets à la sécheresse. Il faudra de plus en plus agir dans l’utilisation d’équipements d’irrigation qui reste limitée en raison des faibles niveaux de mécanisation.
– Promotion de la recherche et la formation scientifique dans le domaine du climat : la SODEXAM et les centres de recherche doivent avoir les capacités techniques pour faire des recherches sur la science du climat et proposer des scénarios de l’évolution du climat en vue de la prise de décision. A l’initiative de la SODEXAM, point focal GIEC, et en collaboration avec le MINEDD ; un groupe national d’experts sur l’évolution du climat est en cours de mise en place avec l’appui du PNUD. Les textes règlementaires de création, notamment l’arrêté interministériel et autres décisions réglementaires, seront soumis à l’appréciation du Gouvernement.
– Renforcement des capacités du service météorologique national : la SODEXAM a pour mission la prévention, l’alerte, la vigilance face aux risques climatiques extrêmes permettant de réduire les dégâts et pertes en vie humaines. Le renforcement de ses capacités en termes de surveillance, équipements, fonctionnement est nécessaire pour préserver le niveau d’adaptation national aux chocs climatiques.
– Intégration des changements climatiques dans les stratégies de développement à travers l’intégration de l’adaptation au changement climatique et de la gestion des risques de catastrophes dans les plans de développement aux niveaux national, régional et local ainsi que dans les stratégies sectorielles les plus pertinentes (par exemple transport, agriculture, pêche, exploitation pétrolière, construction).