A treize mois de la présidentielle de 2025, la décision du président du FPI Pascal Affi Nguessan de limoger les « indisciplinés » de son parti « au regard de manquements graves observés », pourrait être lourde de conséquences.
En effet, cette mesure, bien que justifiée par certains, pourrait en réalité exposer Affi à une série de dangers politiques majeurs.
Tout d’abord, cette décision risque d’accentuer l’isolement d’Affi au sein de son propre parti, avec un groupuscule qui le soutient.
De même, le FPI, qui a déjà connu des fractures internes après la crise post électorale de 2010-2011, et ayant conduit à la création du Ppaci, pourrait éclater encore en deux blocs avant l’échéance électorale de 2025.
Le 5e congrès du parti, prévu pour désigner le candidat à la présidentielle, pourrait ne pas tourner en faveur d’Affi, qui verra resurgir des candidats opposés. Pis encore, il pourrait perdre non seulement le contrôle du parti, mais aussi voir son ambition présidentielle avortée avant même d’avoir pris son envol.
D’un point de vue démocratique, sa démarche pourrait être perçue comme une violation des principes d’égalité et de justice inscrits dans les statuts du FPI, renforçant l’image d’un leader déconnecté de la base militante.
Le mécontentement croissant au sein des militants est un autre signe du vacillement de son leadership. Les premiers signes de cette contestation sont apparus lorsque Pierre Godé, vice-président du FPI, a porté plainte contre la direction du parti.
Dans sa requête, introduite par voie d’huissier, Godé a dénoncé l’imposition d’une caution non remboursable pour les candidats au prochain congrès, une mesure qu’il juge injuste et contraire aux statuts du parti. Selon lui, cette disposition, imposée par Affi et soutenue par un comité électoral favorable à ce dernier, vise à restreindre la concurrence. En outre, Godé affirme que cette exigence viole l’article 23 des statuts du FPI, qui garantit un accès égal aux fonctions électives.
Bien que le comité de contrôle ait rendu une décision favorable à Pierre Godé, rétablissant ainsi des conditions plus équitables pour le congrès, le climat au sein du FPI reste tendu. Cette décision, bien qu’accueillie comme un pas vers le consensus, montre à quel point les divisions internes sont profondes.
Des figures importantes du parti, comme Issiaka Sangaré, Secrétaire général du FPI, et Diabaté Beh, responsable des fédérations d’Abidjan, ont ouvertement contesté les choix de Pascal Affi N’Guessan. Ils réaffirment leur engagement en faveur du partenariat avec le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), rejetant ainsi la position de leur président sur une rupture avec cette alliance. Selon eux, Affi, en choisissant de se détacher du RHDP sans consulter le secrétariat exécutif, met en péril la cohésion du parti.
Ainsi, Pascal Affi N’Guessan se trouve dans une situation bien peu enviable. Peu importe le schéma qu’il choisit, il semble condamné à être “grillé” comme le fameux gnomi.
Fulbert Yao