Le PDCI-RDA ambitionne de revenir au pouvoir après deux décennies dans l’opposition. Mais au lieu de s’affirmer comme une force démocratique apte à gouverner, il multiplie les attaques contre ceux qui osent exprimer un point de vue différent. Cette posture agressive, dirigée contre les journalistes et les analystes, devient inquiétante pour la liberté d’expression en Côte d’Ivoire. La dernière affaire en date est malheureusement une autre preuve éloquente de cette menace.
M’mah Camara, correspondante de France 24, a simplement relayé une estimation policière selon laquelle 4 000 à 5 000 personnes auraient participé au meeting de la CAP-CI. Cette information, factuelle, a déclenché une vague de haine orchestrée par certains militants du PDCI. Sur les réseaux sociaux, ils ont insulté la journaliste, mis en doute sa légitimité, et réduit son identité à une prétendue nationalité guinéenne. Cette manière d’attaquer la personne plutôt que les faits constitue une dérive dangereuse.
Ces militants ne contestent pas les chiffres par des arguments. Ils préfèrent harceler et intimider. En agissant ainsi, ils envoient un message clair : toute voix dissonante doit se taire. Toute opinion qui ne glorifie pas leur leader mérite le lynchage numérique. C’est exactement ce genre de climat qui tue la liberté d’expression.
Le plus paradoxal, c’est que le leader du PDCI, Tidjane Thiam, ne se prive pas, lui, de s’exprimer librement dans les médias internationaux. Il critique la gouvernance ivoirienne depuis les plateaux de télévision français. Mais lorsque des journalistes locaux rendent compte de faits qui ne servent pas leur propagande, ses partisans s’indignent et insultent.
Cette contradiction fragilise la crédibilité du parti. Elle révèle une méconnaissance profonde des règles de la démocratie et de la communication politique moderne. Un parti qui rêve d’alternance doit commencer par tolérer la contradiction. S’il ne le fait pas dans l’opposition, que fera-t-il une fois au pouvoir ?
Le PDCI doit comprendre que le respect de la liberté de presse est un test fondamental. Ce test, il est en train de le rater. Et ce raté ne concerne pas seulement un parti : il menace un principe fondamental de notre vie républicaine. La Côte d’Ivoire a payé trop cher le prix du silence imposé. Elle ne peut plus accepter que certains prétendants au pouvoir utilisent l’intimidation comme stratégie politique.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de défendre une journaliste, mais de défendre un droit : celui de dire, de questionner, de critiquer. Il est temps que le PDCI en prenne conscience. Sinon, il ne sera pas seulement un parti nostalgique du pouvoir. Il deviendra un acteur actif de la régression démocratique.
Force à toi chère soeur M’ma Camara !!!
Confraternellement Daouda sa Sa Majeste