L’unité de la plateforme CAP-CI (Coalition pour l’Alternance en Côte d’Ivoire) vole en éclats. Le Renouveau Démocratique, l’un des partis membres, a annoncé le mardi 24 juin 2025 son retrait officiel, dénonçant une série de dysfonctionnements et de décisions unilatérales.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège du parti à Cocody-Riviera Attoban, son président, Lamoussa Djinko, n’a pas mâché ses mots. « Le président Thiam est allé s’associer avec Laurent Gbagbo sans en informer les autres. C’est un peu trop. Nous annonçons ce matin que le Renouveau démocratique se retire de la Cap-CI », a-t-il déclaré, visiblement amer, évoquant une « trahison démocratique ».
Créée à l’initiative de Simone Gbagbo, la coalition CAP-CI avait pour ambition de rassembler les forces du changement autour de grandes réformes politiques : transparence électorale, refonte de la CEI et organisation d’un scrutin véritablement inclusif. Le Renouveau démocratique, engagé dès le départ dans cette dynamique, se dit aujourd’hui désillusionné par une gestion « opaque et centralisée » de la coalition.
Revenant sur les origines des tensions, Djinko a rappelé que le processus de désignation du coordonnateur général avait d’emblée été source de frustration. « Le PDCI a imposé Tidjane Thiam sans passer par un vote démocratique. Nous avons demandé un vote, mais on nous a rétorqué qu’il fallait aller vite », a-t-il révélé.
Autre sujet de mécontentement : la désignation des porte-paroles de la plateforme, confiée à Simone Gbagbo et Danièle Boni-Claverie, sans véritable concertation. Une méthode que Djinko juge contraire aux principes que la coalition entend défendre. « Comment peut-on dénoncer un déficit démocratique au sommet de l’État, et reproduire les mêmes travers dans notre propre camp ? », s’est-il interrogé.
La goutte d’eau semble avoir été l’annonce d’un rapprochement entre le PDCI de Tidjane Thiam et le PPA-CI de Laurent Gbagbo. « Nous avons appris que des discussions se tenaient depuis plusieurs mois dans notre dos. Aucun retour, aucune transparence. C’est un manque de respect », a-t-il fustigé.
Malgré cette rupture, le Renouveau démocratique affirme rester fidèle à l’idéal d’une alternance politique ouverte et inclusive. Il appelle à une véritable coalition d’opposition rassemblant toutes les grandes figures : Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé, entre autres. Mais pour Lamoussa Djinko, la CAP-CI s’est détournée de cette ambition pour devenir un projet restreint, contrôlé par un cercle fermé de leaders.
Ce départ spectaculaire marque un nouveau tournant dans l’évolution de l’opposition ivoirienne, à moins d’un quatre mois de la présidentielle de 2025. Reste à savoir si d’autres formations emboîteront le pas au Renouveau démocratique.
Fulbert Yao