De septembre à décembre 2020, la Côte d’Ivoire a vécu l’une des séquences politiques les plus tendues de son histoire récente, entre crise électorale, violences, arrestations et timides pas vers la réconciliation. Retour, jour après jour, sur quatre mois tendus.
30 septembre 2020
L’élection présidentielle du 31 octobre suscite de nombreuses inquiétudes. Nationalement et internationalement, des voix appellent au retrait du président sortant Alassane Ouattara ou au report du scrutin, craignant une nouvelle crise comme celle de 2010.
06 octobre 2020
Une mission tripartite de la CEDEAO, de l’Union africaine et des Nations Unies, conduite par la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, invite les acteurs politiques ivoiriens à un consensus pour des élections apaisées.
10 octobre 2020
L’opposition ivoirienne organise un grand meeting au stade Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, appelant à la « désobéissance civile pacifique » contre un troisième mandat d’Alassane Ouattara.
15 octobre 2020
La campagne électorale débute officiellement pour le scrutin présidentiel du 31 octobre, dans un contexte tendu. Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan appellent au boycott actif du vote.
17 octobre 2020
Alassane Ouattara rejette l’idée de transition politique souhaitée par l’opposition, confirmant la tenue de la présidentielle à la date prévue du 31 octobre.
18 octobre 2020
Des affrontements à Bongouanou, dans l’est du pays, opposent partisans de l’opposition et du pouvoir. Au moins trois morts sont recensés.
19 octobre 2020
La CEDEAO appelle Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan à reconsidérer leur boycott et à renoncer à la désobéissance civile.
22 octobre 2020
À Dabou, au moins huit personnes meurent et 41 sont blessées lors d’affrontements intercommunautaires liés à la présidentielle.
23 octobre 2020
Le ministre de l’Intérieur Sidiki Diakité décède des suites d’un AVC.
25 octobre 2020
Le gouvernement annonce que 16 personnes ont perdu la vie dans les violences intercommunautaires de Dabou, entre lundi et mercredi de la semaine précédente.
31 octobre 2020
Jour de scrutin. Les bureaux de vote ferment à 18 heures. Le vote est marqué par des incidents graves dans plusieurs localités. Pascal Affi N’Guessan déplore une douzaine de morts dans des affrontements. Alassane Ouattara appelle ses opposants à cesser la désobéissance civile.
01 novembre 2020
Les premiers résultats de la CEI donnent Ouattara largement en tête, parfois à 99 % dans certains départements.
02 novembre 2020
La CEI proclame Ouattara vainqueur avec 94,27 % des voix. L’opposition rejette le résultat et annonce la création d’un Conseil national de transition (CNT), dénonçant une « parodie d’élection présidentielle ».
03 novembre 2020
Le gouvernement saisit la justice pour actes de désobéissance civile et création du CNT. Le domicile d’Henri Konan Bédié est quadrillé par la police. Kouadio Konan Bertin (KKB) appelle au dialogue national.
05 novembre 2020
Laurent Gbagbo exhorte au dialogue plutôt qu’à la répression. Guillaume Soro, en exil, appelle les forces armées à soutenir le CNT et à agir contre ce qu’il qualifie de « dictature clanique » d’Alassane Ouattara.
06 novembre 2020
Une vingtaine d’opposants sont interpellés. Pascal Affi N’Guessan et Albert Mabri Toikeusse sont activement recherchés par la justice.
07 novembre 2020
Pascal Affi N’Guessan est arrêté à Akoupé, à 100 km d’Abidjan. Par ailleurs, la reprise des cours est reportée au 16 novembre, en raison de la crise.
09 novembre 2020
Le Conseil constitutionnel confirme la victoire d’Alassane Ouattara. Henri Konan Bédié dénonce une « dictature qui s’installe » et réclame la libération des opposants.
10 novembre 2020
Alassane Ouattara tend la main à Bédié et propose une rencontre « pour rétablir la confiance ». Le HCR dénombre plus de 8 000 réfugiés ivoiriens ayant fui les tensions.
11 novembre 2020
Ouattara et Bédié se rencontrent à Abidjan et promettent d’œuvrer pour la paix.
12 novembre 2020
Des leaders de l’opposition saluent le rapprochement entre Ouattara et Bédié.
14 novembre 2020
Les partis d’opposition se concertent pour harmoniser leur position avant de nouvelles négociations avec le pouvoir.
16 novembre 2020
Des manifestations reprennent à Abidjan et Diabo contre le troisième mandat de Ouattara.
17 novembre 2020
Le blocus de la résidence d’Affi N’Guessan est levé.
18 novembre 2020
Le gouvernement juge « partisan » le rapport d’Amnesty International dénonçant la détention d’opposants. Ouattara rejette catégoriquement toute idée de transition politique.
20 novembre 2020
Guillaume Soro critique de nouveau Emmanuel Macron, accusé d’entraver ses activités depuis la France.
21 novembre 2020
Henri Konan Bédié suspend le dialogue avec Ouattara, exigeant la libération des prisonniers politiques comme préalable.
22 novembre 2020
La justice ivoirienne émet des mandats d’arrêt contre Guillaume Soro et trois de ses proches exilés en France.
23 novembre 2020
Le RHDP accuse l’opposition de « chantage odieux » et refuse de céder.
26 novembre 2020
Trois cadres du PDCI arrêtés le 3 novembre sont libérés : les sénateurs Seri Bi N’Guessan, Bassy Koffi et Valérie Yapo.
01 décembre 2020
Le PDCI s’en prend à Emmanuel Macron pour avoir justifié la candidature de Ouattara comme une « solution exceptionnelle » après la mort de son dauphin.
04 décembre 2020
Laurent Gbagbo obtient deux passeports (ivoirien et diplomatique) et peut envisager un retour en Côte d’Ivoire.
14 décembre 2020
Alassane Ouattara prête serment à Abidjan, promettant de faire de la réconciliation une priorité de son nouveau mandat.
15 décembre 2020
Kouadio Konan Bertin (KKB) est nommé ministre de la Réconciliation nationale.
21 décembre 2020
Un dialogue politique s’ouvre à Abidjan entre gouvernement, partis politiques et société civile pour réformer la CEI et préparer les législatives.
24 décembre 2020
Le FPI de Laurent Gbagbo annonce sa participation aux législatives, municipales et régionales de 2021, après dix ans de boycott.
29 décembre 2020
Au terme du dialogue politique, gouvernement et opposition s’accordent sur la tenue des législatives en mars 2021.
30 décembre 2020
Pascal Affi N’Guessan, détenu depuis début novembre pour « complot contre l’État », est libéré et placé sous contrôle judiciaire.