Successeur de Sadate en 1981, le raïs aura réussi à maintenir l’Egypte au premier rang des nations arabes. Mais son obsession de la stabilité et de la sécurité l’a empêché de moderniser le pays.
IL AVAIT RÉGNÉ SUR SON PAYS PRESQUE TRENTE ANS AVANT SA CHUTE, EN 2011, LORS DES «PRINTEMPS ARABES.
Le raïs déchu est mort mardi à 91 ans, a annoncé sa famille.
Il fut le dernier pharaon d’Egypte. Hosni Moubarak est mort mardi 25 février à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) son beau-frère, le général Mounir Thabet.
Hosni Moubarak était un raïs déchu, chassé du pouvoir par les foules de la place Tahrir, lâché par l’armée dont il était issu, condamné à l’issue d’un procès infamant à la prison à perpétuité pour sa responsabilité dans l’assassinat de quelque 850 manifestants lors du soulèvement qui conduisit à sa chute, du 25 janvier au 11 février 2011.
Depuis sa condamnation à la prison à perpétuité, le 2 juin 2012, entre les deux tours de la première élection présidentielle libre de l’histoire de l’Egypte, et son incarcération dans l’aile médicalisée de la prison de Tora, à 84 ans, Hosni Moubarak avait multiplié les accidents cardio-vasculaires. Comme s’il n’avait pas supporté la perspective de finir ses jours derrière les barreaux et de voir sa succession réglée de son vivant.
Contrairement à ses deux prestigieux prédécesseurs, Gamal Abdel Nasser et Anouar El-Sadate, Hosni Moubarak n’est pas mort au pouvoir. Mais il a régné bien plus longtemps qu’eux. Il n’en revenait pas, lui, le pharaon de transition, qui se présentait volontiers en père débonnaire de la nation, d’avoir dû assister à son propre procès, allongé sur un brancard dans la cage des accusés, les yeux cachés par des lunettes de soleil.
Jusqu’au bout, il a nié ses responsabilités. Il n’a sans doute pas mesuré combien son pays avait changé durant ses trois décennies de règne. Chez cet homme adepte du juste milieu, la prudence s’est muée en raideur, la sagesse en entêtement, la lenteur en immobilisme.
ST avec Libération et Le monde