Alors que le cours du cacao a perdu environ 300 livres par tonne sur les marchés mondiaux, la Côte d’Ivoire a maintenu le prix bord champ du cacao à 825 F CFA le kilogramme. Un tarif intenable sans une subvention conséquente, préviennent les analystes.
La Côte d’ivoire a fixé le 31 mars, le prix bord champ des fèves de cacao à 825 francs CFA le kilogramme à payer au producteur pour la commercialisation de la récolte de la campagne intermédiaire 2019-2020, qui démarre le 1er avril. S’il demeure inchangé par rapport à la campagne principale qui s’achève le 31 mars, ce prix est en hausse par rapport à la campagne intermédiaire précédente, où il avait été fixé à 750 francs CFA le kilogramme.
Or, l’ouverture de la commercialisation de la récolte coïncide avec l’épidémie mondiale du coronavirus, marquée par une chute drastique des cours matières premières. Les cours du cacao ont ainsi perdu à ce jour environ 300 livre la tonne.
Maintenir les revenus des paysans
Cette dépréciation sur les marchés internationaux se répercutant localement par une perte de 200 francs CFA le kilogramme, le gouvernement devrait apporter une subvention de plusieurs milliards de F CFA pour permettre aux exportateurs d’acheter le prix bord champ fixé, « irréaliste par rapport au marché », commentent les investisseurs.
Si le Conseil café cacao n’a pas dévoilé le montant exact de la subvention, les analystes estiment la récolte ivoirienne de cette deuxième partie de la campagne (du 1er avril au 30 septembre) à 400 000 à 500 000 tonnes. « Si nous devrions tenir compte de la chute des cours, le prix devrait être à 625 francs CFA. Mais le chef de l’État a demandé de maintenir le prix pour ne pas impacter le revenu des paysans » a expliqué Yves Brahima Koné, le directeur général du Conseil du café cacao (CCC), le gendarme public du secteur, affichant un satisfecit sur le déroulement de la campagne principale ouverte le 1er octobre 2019.
Des réponses aux accusations de travail des enfants
Environ 93 % des contrats ont été exécutés par les opérateurs, éloignant le spectre de la crise des défauts de contrats de 2017-2018. La récolte ivoirienne à fin mars devrait atteindre 1,780 million de tonnes, en hausse par rapport au 1,656 million tonnes de 2019.
Depuis plusieurs mois, la Côte d’ivoire est dans le collimateur des autorités fédérales américaines qui menacent d’interdire les importations des fèves de cacao, suspectant la présence d’1,2 million d’enfants travailleurs dans les plantations. Des allégations réfutées par le gouvernement ivoirien. « Le CCC a déjà recensé plus de 500 000 planteurs et se prépare à mettre en œuvre un processus de traçabilité de la récolte ivoirienne, notamment via des outils de géolocalisation. Ceux qui échapperont à cette procédure ne pourront plus vendre leur cacao », a prévenu Yves Koné.
JA