Rabat a déployé ses politiques pour montrer son intention de mettre fin aux incursions du Polisario dans les zones gérées par l’Onu.
Les leaders de quasiment tous les partis politiques marocains se sont réunis hier à Laâyoune, capitale du Sahara pour protester contre les incursions du Polisario dans les zones gérées par l’Onu. L’affaire du Sahara fait l’unanimité au sein des formations politiques marocaines qui ne jouent pas avec ce dossier. « Les provocations des séparatistes sont graves et notre pays est prêt à user de tous les moyens possibles pour les contrecarrer. Conscients de la gravité de la situation, nous avons tenu à organiser ce rassemblement à Laâyoune. Le peuple entier, de Tanger à Lagouira, est mobilisé à travers les partis politiques.
Dans pareil cas, l’opposition comme la majorité, les chefs de tribus, les élus locaux sont unis pour défendre l’intégrité territoriale du pays derrière le roi Mohammed VI », a lancé Saâdeddine El Othmani, chef du gouvernement et secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD, islamistes). Et d’ajouter : « Nous refusons toutes les tentatives désespérées pour essayer une quelconque implantation dans les territoires marocains ». Au terme de cette rencontre, les partis politiques ont rendu public ce qu’ils ont appelé la « Déclaration de Laâyoune ».
Celle-ci résume la position de la classe politique marocaine, qui condamne « les manœuvres des adversaires de notre intégrité territoriale à tous les niveaux, en particulier les derniers agissements hostiles du Polisario visant à établir une nouvelle réalité en entamant la tentative de transfert de certains de ses éléments civiles et militaires de Lahmada en Algérie vers la zone tampon, avec l’appui d’Alger, en flagrante violation de l’Accord de cessez-le-feu et faisant fi de la volonté de l’organe onusien et des résolutions du Conseil de sécurité ».
Guerre verbale…
La déclaration dénonce « l’entêtement du régime algérien, qui persiste à fomenter des arguments et des prétextes pour perpétuer cette tension artificielle ». Le texte appelle également la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), et à travers elle, la communauté internationale, à prendre « des mesures fermes, rigoureuses et dissuasives pour obliger le Polisario à se retirer de cette partie [du territoire] et à mettre un terme à ses tentatives visant à établir une nouvelle réalité dans cette zone ».
Jeudi 5 avril, Alger s’est délestée de toute responsabilité dans l’avenir de ce territoire et a refusé de participer à des négociations qui ne concernent, selon elle, que le Maroc et le Polisario. Elle réagissait ainsi aux accusations du roi du Maroc qui affirmait, dans une lettre adressée au secrétaire général de l’Onu : « L’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario ».
Une escalade verbale justifiée par les diplomates marocains par la volonté de Rabat qu’Alger « prenne une part importante dans le processus politique, assume ses responsabilités dans la recherche d’une solution et joue un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse de ce différend régional ».
Décidé à aller jusqu’au bout, les officiels marocains brandissent la carte d’une intervention militaire au cas où le Polisario ne se retire pas des zones onusiennes qu’il a investies. Ce week-end, une vidéo-amateur montrant un important convoi militaire traversant la ville de Tiznit (60 km au sud d’Agadir) en destination du Sahara a fait le buzz sur les réseaux sociaux. De son côté, l’agence officielle algérienne rapporte « une visite de travail et d’inspection en 2e région militaire à Oran » du général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire.
Nomel Essis avec Jeune Afrique