Le Comité de suivi de la prise en compte du genre dans le processus électoral en Côte d’Ivoire a été porté sur les fonts baptismaux, le 28 mai dernier, au Conseil national de la francophonie, à Abidjan, à l’issue d’une importante rencontre qui a regroupé les partis politiques, les organisations de la Société civile et des institutions gouvernementales et régionales.
Le Comité, qui tenait ainsi sa première réunion, a pour objectif principal d’assurer une vision commune des stratégies et actions à suivre pour une meilleure prise en compte du genre dans les processus électoraux en général et celui de la présidentielle d’octobre prochain en particulier.
Présidée par la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Pr Ramata Ly Bakayoko, et la Représentante résidente d’ONU Femmes en Côte d’Ivoire, Mme Antonia Sodonon, en présence de Mme Mouminatou Barry Diaby, Secrétaire générale de la Commission nationale de la francophonie, cette importante séance de travail a permis aux participantes de s’accorder sur les missions du Comité dont la mise en place a été ainsi formalisée, et de convenir d’une approche commune de la nouvelle loi sur la représentation des femmes dans les assemblées élues et son décret d’application.
Dans son allocution d’ouverture, Mme Ramata Ly Bakayoko a souligné la volonté manifeste du gouvernement de « consacrer une large part à l’égalité du genre et la promotion de la femme et des filles », d’où « l’adoption de la loi du 14 octobre 2019 qui exige désormais un quota d’au moins 30% de femmes dans les assemblées élues du pays ».
Tout en se félicitant de l’initiative d’ONU Femmes, elle a exprimé l’espoir que « ce comité de veille va permettre la réalisation des actions identifiées et aider à améliorer le taux de participation des femmes aux prochaines élections et partant à relever le taux des femmes dans les assemblées élues qui demeure en dessous des 30% préconisés par les Nations unies. »
Mme Antonia Sodonon a révélé que l’initiative prise par la structure qu’elle dirige répond à son mandat premier qui est la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) 5, en appui aux Etats et aux organisations de la Société civile, conformément au slogan de l’Agenda mondial 2030 :« Ne laisser personne de côté ». Aussi a-t-elle invité les femmes membres du Comité à aller au-delà « des clivages politiques, afin de militer pour une cause commune, celle de voir plus de femmes dans les processus électoraux. »
Rappelant que les femmes ont toujours occupé une place importante dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire, la Représentante résidente d’ONU Femmes les a exhortées à assumer pleinement le « rôle leader » qu’elles jouent « dans la promotion d’élections crédibles, inclusives, transparentes et sans violence. »
Elle s’est notamment félicitée de l’adoption de la loi sur la participation des femmes dans les assemblées élues et la prise d’un décret d’application qui, selon elle, constituent un bond qualitatif même s’il reste encore beaucoup à faire.
« Aucun pays ne peut accéder au développement et à la prospérité sans la participation de la moitié de ses forces vives, les femmes », a soutenu Mme Sodonon qui a tenu à rappeler que dans son mandat « ONU Femmes a la responsabilité d’appuyer le Gouvernement de Côte d’Ivoire, à travers le MFFE, et les femmes de Côte d’Ivoire dans leur intégration dans les processus politiques visant à maintenir la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire, ainsi que la prévention des violences pré et post électorales à l’encontre des femmes. »
Dans son mot de bienvenue, la Secrétaire générale de la Commission nationale de la francophonie, Mme Mouminatou Barry Diaby a émis le vœu de voir le leadership féminin s’affirmer davantage en Côte d’Ivoire avec non seulement plus d’actions de sensibilisation et de suivi, avec « plus de détermination et d’engagement de la part des femmes mais, et surtout, avec plus de volonté politique pour une plus grande participation de la gent féminine. »
Assurant que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est « sur tous les fronts pour argumenter, expliquer, convaincre qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans prise en compte des aspirations légitimes des femmes et des filles qui sont aujourd’hui près de 140 millions vivant dans l’espace francophone », Mme Barry Diaby a réitéré la volonté de son organisation de continuer à œuvrer pour « préserver les acquis et éliminer les défis persistants de la mise en œuvre des engagements nationaux et internationaux en faveur de l’égalité hommes-femmes, des droit et de l’autonomisation des femmes et des filles. »
Au cours des travaux, ponctués par des échanges riches et enrichissants dont Mme Ly Bakayoko elle-même se dira « émerveillée » dans son discours de clôture, les participantes ont pu bénéficier de l’éclairage de deux experts intervenus par vidéo-conférence depuis Dakar et Praia et, surtout, du remarquable exposé de Mme Marguerite Yoli-Bi Koné, commissaire centrale de la Commission électorale indépendante (CEI).
Dans son explicatif de la loi sur le quota et son décret d’application, elle a insisté sur l’alternance des sexes que doit respecter toute liste de candidature, de telle sorte que si deux candidats du même sexe sont inscrits le troisième soit automatiquement de l’autre sexe, conformément à l’article 3 de ladite loi.
Les membres du comité ont aussi relevé les difficultés du décret d’application en ses articles 7 et 11 relatifs à la non-recevabilité d’une liste de candidature et aux modalités du bénéfice d’un financement public supplémentaire.
Dans l’attente de l’adoption par le Conseil des ministres du décret d’application de la loi favorisant la représentation de la femme dans les assemblées élues, les membres du Comité ont convenu de se rencontrer de façon régulière pour formuler leur programme d’actions et en organiser le suivi.
Source-sercom