Malgré les activités quelque peu en berne du fait de la maladie à Coronavirus et aussi les crises qui secouent ce secteur agricole. Doukoure Mamadou, le président de l’Association Professionnelle des Producteurs et Exportateurs de Cola de Côte d’Ivoire (APPEXCOCI) reste optimiste qu’en à l’ avenir de cette spéculation agricole.
L’actualité oblige avec l’avènement de cette pandémie comment se porte l’exportation de la noix de cola aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?
La filière cola, malheureusement, ne se porte pas bien. Cette situation, il faut le souligner n’est pas forcement pas lié à la crise sanitaire mondial. En effet, la filière est prise en otage par un petit groupe de personnes qui veulent s’accaparer de notre outil. Ceci étant par rapport à l’association professionnelle des Producteurs et exportateurs de Cola de Côte d’Ivoire (APPEXCOCI), nous pouvons affirmer avec force que notre secteur se porte bien. Grace à une organisation rigoureuse et au dynamisme de nos membres. En revanche, avec cette crise, nos activités connaissent un ralentissement, certes mais nous tenons le coup.
La Côte d’Ivoire est aujourd’hui le premier producteur mondial de noix de cola et aussi le premier exportateur mondial, est ce qu’à la faveur de cette crise sanitaire le pays est–il toujours en mesure de maintenir cette place de leader ?
C’est clair avec cette pandémie, on n’a pas besoin de le dire, on prendra certainement un coup. Puisque nous n’arrivons plus à exporter comme il se doit. Les clients potentiels ne sont plus en mesure de venir payer nos produits. Cette situation nous cause énormément de perte financière. Ajouté à cela, le prix du kilogramme de noix de Cola a fortement chuté. Nous sommes aujourd’hui à 150 fcfa le prix du kilogramme contre 900 à 1100 fcfa dans une période normale. C’est donc une perte énorme pour les producteurs, mais la situation sanitaire est passée par là et nous comprenons. Toutefois, nous restons confiants.
Récemment, le gouvernement a annoncé la mise d’un fond de soutien au secteur agricole d’ailleurs les premiers, les chèques ont été remis, est ce que la filière cola est elle bénéficiaire ?
Malheureusement, nous n’avons pas encore été approchés par notre ministère de tutelle. Nous sommes toujours dans l’attente dans l’espoir que le ministère puisse nous apporter de l’aide en cette période. Soit avec des produits phytosanitaires ou soit avec des intrants.
Un peu plutôt, vous nous indiquez que votre filière était prise en otage par un groupuscule de personnes. De quoi s’agit-il exactement ?
Il s’agit de quelques personnes que je vais nommer et j’assume, car je n’ai rien à cacher. Ce sont respectivement les sieurs Aboudramane Diarrassouba , Dr Biegoh Henry et Cheick Kéita. En effet, ces individus veulent récupérer la filière cola à la faveur. Par exemple au niveau organisationnel, le Firca qui est notre fonds de soutien avait déboursé un financement pour l’installation de notre organisation. Ce fonds, qui s’élève à hauteur de 10 millions de FCFA, devrait permettre à l’organisation professionnelle en charge de la filière, l’intercola , de faire des tournées sur tout le territoire national. Cette somme malheureusement a disparu des comptes de notre organisation. Pire, en ma qualité de 3e Vice Président de notre organisation, je n’ai jamais été informé ni de près ni de loin de la présence de ce financement. Alors que logiquement, le Conseil d’administration selon le fonctionnement de notre texte a pour mandat de porter à la connaissance de tous, du moins des membres du conseil tout mouvement dans les comptes de l’organisation. Ajouté à cela, le Firca a encore déboursé la somme de 35 millions pour l’installation du bureau de la filière. Cet argent avait été remis au Dr Biegoh Henry mais une fois de plus encore nous n’avons pas de trace de cette somme jusqu’à ce jour . Malheureusement, tous ces financements n’ont jamais été présentés au Conseil d’Administration. Et c’est lors d’une réunion que nous avons fait l’amer constat. Depuis lors, le mis en cause, le Dr Biegoh affirme avoir effectué des dépenses qui restent flou. Puisque,non justifié à ce jour. Cette situation a fini par aboutir sur un chaos au sein de la filière. Conséquence, nous ne nous entendons plus et n’avons organisé aucune réunion du conseil d’administration. En revanche, nous constations que tout se passe seulement entre ces trois individus.
Face à cette situation, quelles sont vos attentes vis-à-vis du gouvernement ?
D’abord, il faut préciser que nous avons déjà entrepris des démarches auprès de notre ministère de tutelle. À cette occasion, nous avons demandé au ministre d’avoir un regard sur notre filière. Nous avons fait savoir au conseiller du ministre qui nous a reçus ainsi qu’au directeur de la DOPPA monsieur Kouamé, la situation qui prévaut. Ensuite, un comité a été mis en place à l’effet de faire le toilettage des textes. Mais la situation de crise demeure encore. Tout cela pour vous dire que la filière est dans un désordre total.
Nous avons été récemment informés d’une circulaire mise en place par la douane ivoirienne dans le cadre des exportations de la Cola. Mais à en croire certains exportateurs cette situation est source de problèmes. De quoi s’agit-il ?
Effectivement, depuis bientôt deux mois, les exportateurs membres de l’ APPEXCOCI que nous sommes ne pouvons plus exporter nos productions. Ceci du fait de la mise en place de cette circulaire qui stipule que désormais toutes exportations devraient être préalablement approuvées par l’OIA c’est-à-dire l’organisation de l’intercola. À cette demande, nous avons à son temps apposé notre refus en faisant savoir que dans l’état actuel de la filière avec les crises à répétitions cette demande ne serait pas faisable. De plus, l’OIA n’étant pas représentée sur tout le territoire, cette décision serait chose impossible. Les exportateurs ont donc exprimé ainsi leur désaccord. Une situation qui n’a pas bougé d’un seul centimètre puisque à ce jour la Côte d’Ivoire n’a que trois exportateurs sur tout l’ensemble du territoire. Il s’agit des trois individus qui paralysent notre organisation à savoir Aboudramane Diarrassouba, Dr Biegoh Henry et Cheick Kéita. Cette situation est simplement préjudiciable pour les vrais exportateurs que nous sommes. Nous avons saisi le ministère du Commerce et de l’Industrie avec qui d’ailleurs, nous a convoqués pour une réunion ces jours. Nous espérons qu’une solution sera trouvée au plus vite.
Avec ce tableau sombre que vous venez de dépeindre, quel message à l’endroit de la jeunesse ou toute personne intéressée par cette spéculation ?
Au-delà de toute cette situation, je reste convaincu que la filière cola est une filière d’avenir. Surtout que nous n’avons pas encore exploité toutes les potentialités de cette culture en Côte d’Ivoire. Pour information, la noix de cola est une substance très prisée dans beaucoup d’industrie. De l’alimentaire à l’industrie textile, ce produit est recherché. En outre, le secteur est moins exploité dans toute la chaîne de valeur notamment dans la transformation. Ce secteur est donc très porteur, il regorge d’une niche insoupçonnée d’opportunités. C’est un fait , cette filière est lin d’être sereine en ce moment. Elle est secouée par diverses crises aujourd’hui
mais nous croyons que les problèmes et les hommes vont passer. Les jeunes gagneraient à s’intéresser à ce secteur qui est très profitable et moins couteux au demarrage. Seulement avec 250 000 FCFA, il est possible de faire un hectare de culture et récolter au même titre que le cacao ou le café au bout de trois ans. Et les prix du kilogramme varient lors de la grande saison entre 150 f et 300 f quand pour la petite saison, il oscille entre 1000 et 1500 fcfa. C’est un secteur entièrement rentable.
Réalisé par Jean Eden Kouamé.