Le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, a invité Abou Drahamane Sangaré et ses camarades à encourager leurs militants à prendre part à l’enrôlement sur la liste électorale. C’était, hier, lors de la conférence de presse d’après-conseil au palais présidentiel.
L’opération de la révision de la liste électorale se déroulera du 18 au 24 juin sur toute l’étendue du territoire national. Cette opération va durer une semaine. Ainsi, en a décidé la Commission électorale indépendante (Cei). Dans le souci de faire de cette opération une réussite, le président de l’institution, Youssouf Bakayoko et ses collaborateurs ont échangé les représentants des partis politiques. En effet, le président de la Cei a exhorté les partis politiques à se mobiliser pour la campagne d’information et de sensibilisation afin d’inviter leurs militants à se faire enrôler.
Si les partis membres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), coalition au pouvoir, s’attèlent à faire de cette exhortation une réalité sur le terrain, ceux de l’opposition semblent trainer les pas. Mieux, d’autres tels que Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (Eds) et la dissidence du Front populaire ivoirien (Fpi) conduite par Abou Drahamane Sangaré en appellent au boycott. Interrogé hier au cours de la conférence de presse d’après-conseil des ministres au palais présidentiel sur la position adoptée par cette frange de l’opposition à quelques semaines du début de l’opération, le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, a indiqué « qu’on peut pas dénier ce droit aux Ivoiriens ».
« La Constitution donne des droits aux populations. S’inscrire sur une liste électorale, c’est se donner la possibilité d’être candidat et d’être élu éventuellement. C’est aussi se donner la possibilité d’être électeur. Bien au contraire, il faut les encourager à aller le faire», a-t-il expliqué, indiquant que les populations ivoiriennes auraient «tort de ne pas prendre ce droit». Poursuivant sur la question, il a fait savoir qu’il ne lui revient pas de donner des conseils à ces personnes (NDLR, Sangaré et ses camarades de l’Eds) : « ce n’est pas à nous de donner des conseils à ces personnes qui ont une large expérience de ce qui passe en Côte d’Ivoire». Pour sa part, le gouvernement, a dit Bruno Koné, s’adresse aux Ivoiriens en «les conseillant d’aller se faire enrôler parce que c’est dans leur intérêt et celui du pays».
«Nous souhaitons que ces élections soient totalement inclusives, que les populations partout où elles se trouvent participent au choix des acteurs locaux », a-t-il dit. Toujours concernant l’opération de la révision de la liste électorale, un autre débat a lieu sur la durée de l’opération qui est d’une semaine. Selon le porte-parole, le gouvernement a du «mal à comprendre le débat». «Il faut savoir que le dernier enrôlement qui a été fait en 2016, a été fait à travers 1.500 lieux d’enrôlement. Il a duré un mois. Si on multiplie 1.500 lieux d’enrôlement par 30 jours, vous verrez ce que cela représente.
Prenons ensuite les 10.580 lieux d’enrôlement qui sont prévus cette fois-ci et multiplions les par 7 (NDLR, nombre de jours), vous êtes pratiquement au double de la capacité qui est donnée. Autrement dit, l’on pourra se faire enrôler dans son lieu de vote, situé quelques fois à 200 ou à 300 m de son habitation», a détaillé Bruno Koné. Avant d’ajouter que : «la capacité d’enrôlement n’a jamais été aussi forte que cette année». Sur sa lancée, il a répondu aux personnes qui disent, à qui veut l’entendre, que ce délai donné par la Cei est une stratégie pour empêcher des populations de se faire enrôler : «personne ne peut dire que nous avons réduit la capacité, ni dire que nous avons empêché les Ivoiriens d’aller se faire enrôler. Il s’agit d’être pragmatique. Au contraire, nous pensons que le dispositif mis en place cette année est plus efficace que celui qui a été mis en place depuis plusieurs années». Outre les réponses apportées aux critiques émises contre l’opération de la révision de la liste électorale, Bruno Koné est revenu sur une communication adoptée en Conseil des ministres.
Une communication relative au bilan de la campagne Coton 2017-2018 ainsi qu’aux perspectives 2018-2019. Abordant les perspectives pour la campagne 2018-2019, il a indiqué que sur proposition du Conseil Coton-Anacarde, le prix d’achat aux producteurs a été fixé à 265 F CFA/Kg en ce qui concerne coton graine de premier choix et 245 F CFA pour ce qui est du coton graine deuxième choix. « Ces prix sont stables comparés à ceux de la campagne précédente. Les prix sont les mêmes que ceux de l’an dernier dans un contexte où la plupart des pays proches du nôtre ont procédé à une baisse d’achat », s’est-il réjoui. Ainsi, pour cette campagne, les projections, a-t-il soutenu, indiquent une production de 442.800 Tonnes pour un rendement moyen de 1.200 Kg/hectare. Des projections qui, à l’en croire, permettent de confirmer la dynamique positive observée dans la filière depuis quelques années. Aussi est-il revenu sur le bilan de la campagne 2017-2018. Une campagne qui, a-t-il dit, a été marquée par une nette reprise de la production et de la productivité cotonnière comparativement aux deux campagnes précédentes.
«La production de coton graine a atteint 412.646 Tonnes avec un rendement de 1.261 Kilogrammes par hectare. Contrairement à une production de 328.090 Tonnes en 2016-2017 et un rendement de 955 Kilos par hectare», a révélé le porte-parole. Qui ajoute que cette production constitue la 2e performance au niveau de la Cedeao. Aussi croit-il connaître les raisons de cette amélioration de rendement. Selon lui, elle est due au démarrage effectif du zonage agro-industriel qui a été institué en décembre 2016, aux meilleures conditions climatiques ainsi que par une meilleure qualité des semences utilisées. «Le niveau satisfaisant du rendement conjugué avec le niveau acceptable des prix internationaux ont permis de reverser aux producteurs un revenu brut en hausse de 25 % soit 108 milliards de F CFA contre 86 milliards de F CFA au cours de la campagne précédente», a-t-il dit.
Philippe Nado