La croissance économique de la Chine doit participer à tout le monde et non à une minorité de riches. Tel est le défi du président chinois Xi Jinping qui a dévoilé son ambition à l’occasion du 20è congrès du Parti communiste chinois (PCC). Le concept de « prospérité commune » avec à la clé, de probables nouvelles taxes visant les plus fortunés, est bien inscrit dans l’agenda du patron du PCC. « Nous maintiendrons la répartition des revenus et les moyens d’accumuler les richesses seront réglementés », a affirmé Xi Jinping dans son rapport aux délégués du PCC réunis à Pékin. Et d’ajouter : « Nous protégerons les revenus légaux, interdirons les revenus illicites et ajusterons les revenus excessifs ».
Des mots qui sonnent comme un avertissement chez les plus aisés, car généralement ce qui est dit aussi clairement à l’occasion des réunions quinquennales du parti se traduit par des mesures concrètes dans les mois qui suivent. Comme de nombreux concepts forgés au sein de l’appareil communiste, la « prospérité commune » n’est pas chose nouvelle dans le discours des dirigeants. Mais elle revient régulièrement chez le numéro un chinois qui s’apprête à entamer un troisième mandat à l’issue de ce Congrès.
Pour les analystes, cela pourrait se traduire par de nouvelles régulations sur l’accumulation des richesses imposées par le parti-État, cela pourrait aussi vouloir dire aussi de nouvelles taxes visant à soutenir les familles les plus pauvres. Le magazine Caixin rappelle que le concept de « prospérité commune » était au cœur de la réunion de la commission centrale des affaires financières et économique du parti le 17 août dernier.
Les médias d’État ont rapporté cette phrase qui a beaucoup circulé sur les réseaux ces derniers jours et présente dans la section IX du rapport au Congrès : la commission aurait souligné la nécessité de « réglementer raisonnablement les revenus excessivement élevés » et si le parti reste sur la ligne du « enrichissez-vous » de Deng Xiaoping, l’accumulation de richesse doit être « réglementée », en donnant la priorité à la « prospérité commune ». Pour un chercheur en sciences sociales cité par les Nouvelles de Pékin, « quelques personnes ont accumulé des richesses trop rapidement et ce problème reste à résoudre ». Ce qui a causé un certain effroi chez les investisseurs mercredi, relève la lettre spécialiséeSinocism. « Toute approche de redistribution des richesses se déroulera lentement et prudemment », assure toutefois Joe Mazur.
Réduire les inégalités
« La répression de la technologie et de l’immobilier, poursuit cet analyste de la société de conseil Trivium China cité par le South China Morning Post a déjà effrayé les créateurs de croissance, et Pékin ne cherchera pas à aggraver ces problèmes en introduisant des mesures trop strictes sur les riches à court terme. » Il y a un an, le président chinois avait fixé à 2025, la réduction progressive de l’écart des revenus et de la consommation entre les ménages.
Le niveau de vie en Chine a considérablement augmenté depuis les années 1970. Le pays est aujourd’hui un gigantesque marché avec des centaines de millions de consommateurs appartenant à la classe moyenne, courtisés par les multinationales étrangères.Lors d’une réunion consacrée à l’économie en août 2021, le président chinois a appelé à une redistribution « raisonnable » des richesses qui puisse « profiter à tous », ont rapporté les médias d’Etat.
Dans un souci d’équité sociale, des dispositions doivent être prises pour « augmenter les revenus des groupes à faible revenu » et « ajuster les revenus excessifs », a souligné Xi Jinping, selon un compte rendu de la réunion.
La quasi-totalité de la population vivait dans la pauvreté aux débuts de la République populaire de Chine en 1949.
Mais les réformes économiques lancées à la toute fin des années 1970 ont vu l’émergence de grandes fortunes, le dirigeant de l’époque, Deng Xiaoping, jugeant « normal » en 1984 que certains s’enrichissent avant les autres. Si les régions côtières, ouvertes au commerce international, se sont rapidement modernisées, les campagnes de l’intérieur ont connu une croissance plus laborieuse.
Pour rectifier le tir, les autorités ont multiplié ces dernières années les initiatives pour repérer les ménages dans le besoin, distribuer des subventions et achever des grands travaux d’infrastructures.
Fin 2020, la Chine dit avoir officiellement éradiqué la pauvreté absolue.
Nomel Essis avec RFI et Challenges