Trente cinq greffiers civils et deux greffiers militaires (dont dix élèves attachés et vingt sept élèves secrétaires des greffes et parquets), promotion 2018-2019, de l’Institut national de formation judiciaire (Infj), ont prêté serment, ce mercredi 17 avril, devant le tribunal de première instance Abidjan-Plateau en présence d’un parterre de hauts magistrats et d’invités.
Le parquet, par la voix de Mme Madjodja, substitut du procureur de la République, a félicité les impétrants avant de leur faire un brillant exposé sur les fonctions du greffier dans l’institution judiciaire.
« Quand on parle de la justice, c’est le juge que l’on voit. Les personnels des greffes sont dans l’ombre des magistrats alors qu’ils sont les acteurs majeurs au centre de l’institution judiciaire », a relevé, d’entrée, le substitut du procureur.
Mme Madjodja a rappelé aux jeunes greffiers- qui ont juré de bien et loyalement remplir leurs fonctions et de ne rien révéler ou utiliser ce qui sera porté à leur connaissance à l’occasion de leur exercice – et à l’assistance qu’aucune justice, aucune procédure directe ne peut, préalablement, aboutir sans le greffier.
Et de donner les raisons. Le greffier, a-t-elle justifié, contribue à informer sur les conditions et moyens de saisir les juges compétents pour une affaire. Le juge n’a pas connaissance de la demande, ni de la plainte tant que le greffier ne l’a pas enregistrée
Mais mieux, aucune suite n’est donnée à une plainte tant que le greffier n’a pas mis en exécution les instances du procureur de la République. Le demandant ne purge pas la peine à laquelle il a été condamné tant que le greffier n’a pas fait la démarche auprès des autorités compétentes.
Aucune décision de justice ne peut être exécutée tant que le greffier n’a pas délivré les pièces nécessaires à son exécution. Bref, pour le parquet, si les impétrants ont prêté serment, c’est la preuve qu’ils ont été formés.
Par conséquent, ils ont un certain savoir-faire. « C’est la qualité de vos œuvres qui seront plus tard jugée. Dans l’exercice de vos fonctions, vous serez amenés à connaître beaucoup d’affaires (…) La prestation du serment vous fait obligation de garder le secret et de restez loyal. Inspirez-vous des conseils des encadreurs et de l’expérience de vos anciens.
L’objectif est et demeure le même : rendre la justice pour le bonheur des justiciables », tels sont les sages conseils que le substitut du procureur a prodigués à l’endroit des jeunes greffiers qui entament ainsi une nouvelle vie professionnelle.
Avant le procureur de la République, le représentant du barreau a mis en garde les élèves attachés et secrétaires des greffes et parquets quant à l’utilisation de l’outil informatique. « Je voudrais attirer votre attention sur la nécessaire rigueur qui doit vous guider dans l’utilisation de ce formidable outil, mais qui ne remplacera jamais l’homme », a conseillé Me N’Dri Zé Thomas qui leur a indiqué le mode d’emploi de ce « merveilleux outil » qui « vous permettra d’être plus rapide dans vos actes. Mais l’expérience montre que le copier-coller sans attention conduit à de graves désagréments pour les usagers du service public de la justice.
Entre les noms des parties, les dates et jours inexactes qui ne concernent pas l’affaire ou des chiffres augmentés ou réduits, il y a un peu trop de coquilles dans les actes délivrés, les rendant quelque fois inutilisables. Vous devez faire preuve de rigueur dans la saisie, la correction et dans la relecture de vos actes. La machine ne remplacera jamais votre attention. Ce sont des données que vous validez distraitement qui constitueront des documents finaux que vous devez délivrer aux justiciables », a insisté Me N’Dri sous le regard bienveillant du vice-président du tribunal, Kouamé Yao Philippe.
Jean Roche Kouamé