Il était une fois, un royaume prospère objet de toutes les convoitises. Le roi qui a souffert deux décennies durant avant d’accéder au trône est passé par toutes les émotions. Ses prédécesseurs avaient tout mis en œuvre pour le décourager dans sa quête pour le palais royal.
Il a vécu les pires humiliations qu’aucun chef n’avait subies avant lui. Il a bu le calice jusqu’à la lie. Les persécutions se sont étendues à sa famille et à ses proches. De vie à trépas, plusieurs de ses accompagnateurs sont passés. Dans le royaume, on prédisait que tous ceux qui le suivaient ne seraient jamais rien.
Vu que tous ceux qui le maudissaient n’étaient pas Dieu, le seul maître du destin des hommes, le contraire de leur prévision se produisit. Le plan de Dieu se réalisa. Le roi prit le pouvoir après une bataille similaire à celle de Kirina en 1235.
Le roi s’installa et dirigea le royaume selon son programme. Il construisit de nouvelles routes, fructifia le commerce, donna de l’eau et de la lumière aux membres de sa tribu.
Le monarque avait trois enfants qui aspiraient tous à lui succéder. Un matin, il les fit asseoir et demanda que conformément à la tradition, le droit d’aînesse soit respecté. Il a demandé aux enfants de s’entendre et de travailler dans l’esprit de sa recommandation. L’aîné et celui qui le suit obtempérèrent. Le fils cadet se rebella contre son père. Estimant que lors de la bataille de Kirina, il avait remporté les plus grandes batailles et tué le maximum d’ennemis, il refusa de se soumettre à l’autorité de son grand-frère. Il quitta le palais royal et s’installa dans la case des pires ennemis de son père. Avec ses derniers, ils conçoivent des plans pour mettre fin à la dynastie au pouvoir avec la philosophie selon laquelle, si lui, il ne devient pas roi, il est hors de question que son frère aîné succède à son père.
Entre donner le trône à son aîné ou à ceux qui ont été battus lors de la grande bataille, il préfère de loin le retour aux affaires des anciens rois vaincus, devenus ses nouveaux alliés.
Avec les ennemis de son père, il s’inscrit dans la dynamique de destruction des acquis. Il crache dans la marmite où il a mangé et défèque sur les œuvres dont certaines ont été bâties à la sueur de son front.
Face à cette situation, le roi évite de répondre du tac au tac à son fils cadet. Il ne désespère pas de le récupérer tôt ou tard. Le roi le tolérait parce qu’il croyait que son fils qui l’a quitté travaillerait pour lui démontrer qu’il est le meilleur et qu’il a eu tort de ne pas l’avoir choisi. Que nenni ! L’enfant en disgrâce travaille à salir l’image de son père. Il le défie et raconte à tout le village que c’est lui qui a offert le trône au roi. Le roi se fâche et libère sa colère jusque-là, contenue. Ce qui devait arriver, arriva. Il pourchasse son fils rebelle jusque dans ses derniers retranchements. Selon les griots, le roi tient à démontrer à son fils qu’il est né avant lui et que là où il croit qu’il est caché, c’est là-bas que lui, il dort.
Pendant ce temps, les deux autres frères restés auprès du roi se montrent exemplaires. Ils mutualisent leurs forces, apaisent leur père et le rassurent qu’ils feront fructifier l’héritage familial. Ils mettent tout en oeuvre pour réduire leur petit frère à sa plus simple expression.
La leçon de ce conte : il faut toujours respecter son père. Le roi, lui-même, à la mort de son père n’a pas accédé directement au trône. Malgré tout, il n’a jamais insulté, ni vilipendé son père sur la place publique. Il s’est positionné même comme le plus grand défenseur de son héritage. Et malgré tous les obstacles dressés sur son chemin, il est devenu roi.
MT