« Je viens d’être informé, cet après-midi, de la nomination d’un nouveau directeur général à la tête de La Refondation S.A., la société éditrice du journal Notre Voie, en la personne de M. Guillaume Liby. » C’est par ces mots que l’ex-directeur général de Notre Voie, Guillaume Gbato, a réagi à son remplacement le 4 février dernier.
Ce jeudi 6 février, dans un autre post, il a annoncé avoir remis au président du Front Populaire Ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, sa lettre de démission de son poste de secrétaire général adjoint du parti, chargé de la communication et du marketing politique.
Mais quelle analyse faire de ces deux sorties ? S’agit-il d’une réaction normale ou d’une stratégie bien réfléchie pour se faire passer pour une victime ?
Pour aller droit au but, on peut dire que Guillaume Gbato adopte une posture de victimisation, bien que de manière subtile.
Tout d’abord, il cherche à donner l’impression d’avoir été pris de court en insistant sur le fait qu’il a été « informé cet après-midi », comme s’il avait été mis devant le fait accompli, sans consultation préalable. Or, en entreprise, un changement de direction n’est généralement pas décidé du jour au lendemain.
Il donne ainsi l’impression d’avoir subi une décision, d’avoir été mis à l’écart de force, tout cela dans le but d’attirer la sympathie.
Ensuite, l’annonce de son départ de la direction du FPI ne semble obéir à aucune logique politique évidente. Ce n’est pas parce qu’il a perdu son poste au journal Notre Voie qu’il devait nécessairement quitter ses responsabilités au sein du parti. Ce geste montre plutôt que lui et Pascal Affi N’Guessan ne sont plus en odeur de sainteté. Il n’obéit plus au chef.
Sinon, pourquoi, après avoir perdu son poste dans un journal, décider de quitter ses fonctions dans un parti où l’on milite ? Surtout à moins de huit mois de l’élection présidentielle. Gbato apparaît alors moins comme un homme de conviction que comme un stratège en quête d’opportunités.
En réalité, sa démarche semble viser un rapprochement avec le RHDP, probablement en vue d’une candidature aux législatives de 2026. Mais ce pari est-il sans risque pour le parti au pouvoir ?
Le RHDP doit se méfier, car Gbato pourrait bien se faire élire sous ses couleurs avant de retourner au FPI ou PPACI. Ses agissements, flous, devraient inquiéter toute formation politique tentée de l’accueillir.
Fulbert Yao