Un projet d’Implication des médias numériques dans la prévention des conflits et des tensions (Impact), financé par l’Union européenne (UE), a été lancé mardi à Abidjan.
Mis en œuvre par un Consortium mené par Avocats Sans Frontières France (ASF France) en partenariat avec le Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (REPPRELCI), ce projet vise à améliorer la capacité des médias numériques et des journalistes à collecter, à vérifier et à diffuser des informations crédibles et complètes pour répondre au droit à l’information et maintenir ainsi la paix sociale.
Les activités qui seront mise en œuvre pour ce projet vont permettre de renforcer les capacités des médias en les dotant d’outils pour maximiser leur potentiel et aussi de mobiliser médias et acteurs de la société civile contre les discours de haine.
Le projet considère que les médias doivent pouvoir jouer un rôle central dans la prévention des conflits et bénéficier d’un renforcement de leurs capacités. Il est financé par l’Union européenne à un million d’euros, soit 655 950 000 FCFA.
S’exprimant au lancement du projet, le président du REPPRELCI, M. Lassina Sermé, a assuré de l’implication active des organisations de la presse, les partenaires techniques, la société civile, les autorités politiques et administratives de l’Etat.
« Cette adhésion ne saurait être obtenue sans aucune implication de tous les acteurs dès le lancement de ce projet, d’où l’organisation de (cette cérémonie de lancement du projet) », a-t-il ajouté.
Le projet IMPACT sera mis en œuvre en Côte d’Ivoire et en Guinée pendant deux ans. M. Sermé a relevé que ce projet qui a pour but de « contribuer à une paix durable en Afrique de l’Ouest », a débuté selon les clauses, pour la Côte d’Ivoire, le 1er mars 2022.
Il s’inscrit dans une « démarche participative et inclusive, basée sur une approche centrée sur les droits », a-t-il insisté, invitant « tous les acteurs de la presse numérique de Côte d’Ivoire à s’impliquer dans l’exécution de ce projet afin qu’il soit couronné de succès »
Le préfet Guillaume Konan, représentant le ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale, Kouadio Konan Bertin, s’est réjoui de ce projet qui contribue à la cohésion nationale et à la paix en Côte d’Ivoire.
Il a appelé les médias numériques à « s’adresser aux cœurs des gens » en vue d’une transformation pour adopter une attitude pacifique. Dans cet esprit, le président du REPPRELCI a indiqué que son organisation fera des compagnes d’éducation aux médias.
M. Sermé a mentionné que le projet devrait permettre des caravanes de sensibilisation dans 10 métropoles du pays (dont six villes universitaires), où les professionnels des médias s’entretiendront avec les étudiants, les élèves et les populations: 1.000 sujets ciblés dans chaque métropole, soit « 10.000 journalistes citoyens ».
Le projet devrait permettre de créer une plateforme sécurisée pour limiter les contenus haineux, avec une désignation de 160 journalistes qui seront formés sur l’utilisation de cette plateforme. En outre, des dizaines de journalistes citoyens seront formés sur l’éthique et la publication responsable des contenus.
L’observatoire des médias numériques de Côte d’Ivoire (OMENCI, un organe d’autorégulation) devrait être renforcé. Par ailleurs, le projet IMPACT en Côte d’Ivoire et en Guinée prévoit un « financement en cascade » de quatre initiatives innovantes dont deux dans chacun pays d’exécution.
Le dernier recensement du REPPRELCI indique qu’en Côte d’Ivoire il y a une centaine de médias numériques qui éditent 132 sites web. Selon M. Samba Koné, le président de l’Autorité nationale de la presse (ANP), régulateur presse écrite et numérique, « à peine 50% remplissent les conditions d’une entreprise de presse ».
Mélanie Canovas, représentante des Avocats sans frontières France, a fait observer qu’avec les récentes crises socio-politiques, les pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée ne sont pas à l’abri d’escalades de propos haineux, de la désinformation et de la propagande sur Internet.
Dans ce contexte, le projet IMPACT vient renforcer les capacités des journalistes citoyens et sensibiliser les populations sur la désinformation. Il s’inscrit dans une dynamique régionale en vue de prévenir les conflits.
La Côte d’Ivoire compte 31 millions de téléphones mobiles connectés pour environ 26 millions d’habitants. En 2021, le taux de pénétration Internet était de 46,8%, soit plus de 12 millions d’internautes ivoiriens.