Dans une interview accordée au journal français « Le Point » du 20 au 27 décembre 2018, le ministre iranien des Affaires étrangères se prononce sur le programme nucléaire de son pays qui fait polémique avec les pays occidentaux.
Les essais de missiles balistiques réalisés récemment par l’Iran suscitent la colère des occidentaux qui fourbissent des menaces Téhéran de représailles. Aux yeux du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, il n’y a pas de quoi à fouetter un chat au regard du droit international. « Tout d’abord, le programme balistique iranien n‘a rien d’illégal.
Il n y aucun élément qui prouve le contraire. Auparavant, il y avait la résolution 1929 de l’ONU, appelant l’Iran à cesser ses activités. Mais ce texte n’existe plus », a-t-il répondu dans une interview publiée dans les colonnes du journal « Le Point » du 20 au 27 décembre dernier.
Puis d’ajouter : « Nous n’avons pas de programme nucléaire (militaire). D’ailleurs, le but même de l’accord sur le nucléaire est d’instaurer la confiance (entre le Russie, le Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni, l’Allemagne et la République Islamique.) afin que l’Iran ne se dote pas d’armes atomiques. Par conséquent, un pays qui ne dispose pas de bombe nucléaire ne possède pas de vecteur conçu pour en porter. Par ailleurs, nos missiles sont des engins de précision.
Or, si vous souhaitez utiliser des armes de destruction massives, vous n’investissez pas dans des missiles qui soient précis. Car une arme qui porte des têtes nucléaires peut toucher sa cible à 1 kilomètre ou même 10 kilomètres de distance. Les missiles que nous développons ne sont donc pas faits pour porter des têtes nucléaires ».
Le chef de la diplomatie iranienne dénonce le deux poids deux mesures des occidentaux qui s’acharnent sur son pays au motif qu’il menace Israël alors qu’ils ferment les yeux sur les propos du Premier ministre Netanyahou.
« Le Premier Ministre israélien M. Netanyahou, s’est rendu près de la centrale de Dimona, où sont fabriquées les armes nucléaires [d’Israël, NDLR] et a déclaré qu’il détruirait l’Iran. Il n’a pas dit que notre pays devrait disparaitre, mais qu’il allait le détruire. Pourquoi M. Macron n’a-t-il pas réagi à ce moment-là ?Pourquoi n’ai-je pas vu une seule personne en France s’élever contre ces propos ?
En ce qui nous concerne, quand a-t-on dit que nous allions détruire Israël ? Amenez-moi une seule personne qui ait déclaré cela. Personne n’a prononcé de telles paroles », a-t-il insisté. Contrairement à la volonté des Américains de révolter le peuple contre ses dirigeants avec des sanctions économiques « sévères », l’Iran a su résister et est resté « debout », selon lui.
« Ces sanctions ont un effet négatif sur la vie des gens. Mais il est toutefois bien moins important que ce que la population redoutait. Après la seconde salve, le gouvernement a été en mesure de rehausser la valeur de notre monnaie par rapport au dollar ce qui est un succès [elle avait chuté de 70% depuis le début de l’année, NDLR] Avec le temps, il y aura d’autres succès.
Mais les Américains ont un but précis avec ces sanctions. L’un d’eux est de mettre la population sous pression. Il faut donc qu’ils cessent de mentir en prétendant qu’ils sont du coté du peuple iranien », a martelé Mohammad Javad Zarif.
Nomel Essis