L’histoire risque de se répéter si le Pdci n’y prend pas garde. Le 8e congrès extraordinaire du Pdci qui a vu l’élection de Tidjane Thiam à la tête du parti septuagénaire le 22 décembre 2023, a été entachée par plusieurs crises. Alors que le Pdci s’apprête à aller désigner son candidat pour l’élection présidentielle de 2025, les choses laissent présager que cette convention risque d’être identique à son congrès extraordinaire qui a porté Tidjane Thiam à la tête du parti d’Henri Konan Bédié. Thiam inéligible lors du congrès extraordinaire a été candidat au forceps grâce au coup bas de Cowppli-BonyKwassy alors président par intérim du Pdci. A quelques mois de la convention du Pdci, l’ex patron du Crédit Suisse, se voit déjà porter les drapeaux du parti septuagénaire à la présidentielle de 2025. Au cours d’un entretient, le président du Pdcia indiqué qu’il a été élu fin décembre 2023 avec « une majorité écrasante 96,5% et dans l’enthousiasme de cet événement » ; plus de 4 000 votants ont souhaité qu’il soit le candidat du PDCI à la présidentielle. «Nos textes sont clairs, ils disent qu’il faut tenir une convention et cette convention va être une formalité, parce que le résultat en est déjà connu. Donc, je crois qu’il faut arrêter le psychodrame autour de ça », a-t-il dit.Me BlessyChrisosthome, avocat du Pdci, avait déjà donné des assurances concernant l’éligibilité de Tidjane Thiam. « Je rassure tous les militants du Pdci que toutes les analyses et autres extrapolations ne contiennent aucun élément qui puisse conduire à l’inéligibilité de Tidjane Thiam », avait-il affirmé lors d’une récente rencontre avec la presse.Des voix s’élèvent déjà contre la candidature de Tidjane Thiam comme ce fut pour le congrès extraordinaire. Invité de l’émission sans réserve diffusée sur NCI le jeudi 12 décembre 2024, Jean-Louis Billon, cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), n’a pas mâché ses mots à l’égard de Tidjane Thiam, son adversaire dans la course à l’investiture du parti pour la présidentielle de 2025. « Par décence, en toute honnêteté, il ne devrait même pas être candidat », a fustigé Jean-Louis Billon. Le député de Dabakala, qui soutient être le mieux outillé pour représenter le Pdci au prochain scrutin présidentiel, estime que l’absence prolongée de Tidjane Thiam de la scène politique ivoirienne et de la vie quotidienne des Ivoiriens constitue un handicap majeur pour le Pdci. L’ancien ministre du Commerce affirme que cette distance rendrait Tidjane Thiam incapable de s’exprimer sur des sujets essentiels.« Il n’a pas scolarisé d’enfant en Côte d’Ivoire, comment peut-il parler d’éducation nationale ? Il ne s’est pas soigné ici, ce sera difficile de parler de santé. Il n’est pas contribuable en Côte d’Ivoire, alors aborder la fiscalité ou l’économie serait compliqué », a-t-il énuméré. Cette sortie musclée de Jean-Louis Billon met en lumière les tensions internes qui agitent le Pdci, où plusieurs cadres s’opposent à la montée en puissance de Tidjane Thiam. Pour l’ancien président du Conseil régional du Hambol, c’est plutôt l’entourage de Tidjane Thiam qui, à travers leurs agissements, fragiliserait davantage le parti. « Il y a ceux qui induisent le président du parti en erreur, lui faisant croire qu’il peut remporter l’élection. Mais en toute honnêteté, je pense qu’il ne le peut pas, en raison d’une absence trop longue du pays », insiste-t-il. Bien avant la tenue du 8e congrès extraordinaire du plus vieux parti, le même Jean-Louis Billon et Thierry Tanohtous deux cadres du Pdciavaient critiqué l’opacité du processus électoral. Ils ont dénoncé un manque de transparence dans la conduite du congrès extraordinaire du Pdci. Dans une déclaration conjointe, datant le mardi 12 décembre 2023, Jean-Louis Billon et Thierry Tanoh, deux personnalités du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), ont dénoncé une certaine opacité dans la conduite du processus électoral. « (…) En parlant d’exclusion, il faut rappeler que nous devons attacher une attention particulière à toutes celles et à tous ceux qui ont fait d’énormes sacrifices pour le parti, certains au prix de leur vie. Aujourd’hui, grande est notre déception de constater l’opacité dans laquelle est conduit le processus électoral devant aboutir à l’élection du nouveau Président du Pdci. Quelle crédibilité et légitimité aura un président élu dans de telles conditions? Comment est-il concevable qu’à quelques jours dudit congrès, le rapport du comité électoral ne soit toujours pas rendu public, ce qui permettrait ainsi à tous les militants d’apprécier les candidats au regard des éléments, publiquement demandés dans leurs dossiers de candidature ? Nous élevons par cette déclaration conjointe notre protestation et nous exprimons notre déception et notre préoccupation face à tout ce que nous voyons dans le cadre de l’organisation du prochain congrès extraordinaire et notamment dans son manque de transparence », dénonçaient-ils.
Suspension du congrès par le tribunal de première instance d’Abidjan
Le tribunal de première instance d’Abidjan avait ordonné la suspension immédiate du congrès, estimant que ce dernier pourrait engendrer des troubles à l’ordre public. Dans les rangs des congressistes, c’est l’incompréhension. Et pour cause : la nouvelle est tombée trop tard pour pouvoir prévenir les quelques 6 000 personnes qui étaient attendues.À l’origine de la saisine du tribunal, Christophe Blesson membre du bureau politique et secrétaire général de la section de Yopougon Niangon Saint-Pierre et Mathieu AffroumouOurahsecrétaire général de section et président national du mouvement Rassemblement pour la victoire du Pdci ont exposé au juge de nombreux griefs quant à l’organisation du congrès et ont exprimé leurs inquiétudes sur des troubles qui pourraient en résulter.La justice a déclaré recevable la plainte des deux militants qui dénonçaient des irrégularités sur la liste des congressistes appelés à choisi entre le banquier ivoiro-français Tidjane Thiam et le maire de la commune abidjanaise de Cocody, Jean-Marc Yacé, pour diriger le Pdci. Dans l’ordonnance qui a été rendue publique, Christophe Blesson et Mathieu AffroumouOurah estiment que la liste publiée le 10 décembre 2023, par le Pdci« ne contient pas les noms de nombreux congressistes qui remplissent pourtant toutes les conditions statutaires pour participer au congrès ». Ils en veulent pour preuve que l’un d’entre eux deux, bien que secrétaire de section et membre du bureau politique, n’y figure pas. Pour les deux militants, plusieurs congressistes auraient été délibérément écartés au vu de leur proximité avec certains leaders qualifiés d’« indésirables ». Ils dénoncent également des doublons et estiment que le corps électoral n’aurait pas été convoqué trente jours avant le congrès comme le stipule, selon eux, les statuts du parti. Blesson et AffroumouOurah ont déploré aussi la non-publication de la liste définitive des candidats retenus. Et reviennent notamment sur la mise à l’écart du secrétaire exécutif en chef, Maurice Kakou Guikahué, qu’ils estiment injuste. En définitive, accusent-ils, il y aurait « une véritable opacité dans la tenue du congrès du Pdci ».Lors d’une conférence de presse, le 7 décembre 2023, ils avaient déjà appelé à la démission du président par intérim, Alphonse Cowppli-BonyKwassy, en dénonçant les conditions d’organisation du congrès.
G.K