L’émirat du Qatar vient de faire un grand pas dans l’amélioration des revenus des travailleurs sur son sol. Depuis le 20 mars 2021, le salaire minimum non discriminatoire est entré en vigueur dans ce pays du golfe persique qui a accueilli de milliers de travailleurs venus du monde entier. Ce nouveau salaire s’applique à tous les secteurs d’activité, à tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, y compris aux travailleurs domestiques. La législation adoptée l’an dernier, prévoyait une période de transition de six mois pour que les employeurs puissent se préparer aux nouveaux seuils minimaux. Le Qatar est le premier pays de la région à introduire un salaire minimum non discriminatoire dans le cadre d’une série de réformes historiques de la législation du travail du pays.
En plus du salaire mensuel de base minimum de 1 000 riyals qatariens, soit 275 dollars. Ce salaire est applicable aux Qataris comme aux nombreux travailleurs immigrés, dont une grande partie travaille comme employés de maison ou ouvriers sur les chantiers de la Coupe du monde de football 2022. La nouvelle loi du travail stipule que les employeurs doivent respectivement verser des allocations d’au moins 300 et 500 riyals pour la nourriture et le logement, s’ils ne les fournissent pas directement aux travailleurs.
Plus de 400.000 travailleurs, soit 20% de la main-d’œuvre du secteur privé, vont directement bénéficier de la nouvelle législation. «Cette hausse de salaire va également améliorer la vie d’un grand nombre de membres de famille dans les pays d’origine des travailleurs qui dépendent des envois de fonds effectués chaque mois», a déclaré Max Tuñón du Bureau de projet de l’Organisation internationale (OIT) au Qatar.
Pour garantir le respect du salaire minimum, le gouvernement améliore la détection des violations, applique des sanctions plus rapides et renforce encore les capacités des inspecteurs du travail.
La législation sur le salaire minimum a été adoptée suite à une analyse approfondie réalisée par le Qatar et l’OIT, en consultation avec des experts nationaux et internationaux et des travailleurs et des employeurs des différents secteurs de l’économie. La législation a également institué une Commission sur le salaire minimum qui va étudier l’impact et l’application du salaire minium, proposer des ajustements, en consultation avec différents organismes gouvernementaux, experts, travailleurs et employeurs.
Cette loi s’inscrit dans le prolongement d’autres réformes majeures, dont le démantèlement du système de « Kafala » ou parrainage. Ainsi, les travailleurs n’auront plus l’obligation d’obtenir un permis de sortie pour quitter le pays, ni d’un certificat de non-objection pour changer d’employeur. Ces mesures sont à même de faire du Qatar une destination plus attrayante pour les talents et les investissements mondiaux.
«Il reste encore quelques obstacles à franchir pour faciliter la mobilité de travailleurs mais nous avons constaté qu’un grand nombre de travailleurs quittaient leur emploi pour un nouveau. Si 75% des travailleurs qui ont postulé pour un nouvel emploi ont d’ores et déjà terminé le processus, les autres candidatures sont en cours de traitement », a précisé Max Tuñón. Puis d’ajouter : «Dans tous les secteurs d’activité, les entreprises ont aussi bénéficié du fait de pouvoir recruter des travailleurs localement, réduisant ainsi les coûts et les risques liés à un recrutement transfrontalier».
Le Qatar a procédé à une série de réformes de sa réglementation du travail depuis qu’il a été sélectionné pour accueillir la Coupe du monde de football en 2022. Depuis lors, le pays se livre à d’énormes travaux publics dépendant des travailleurs étrangers, est particulièrement scruté par les organisations internationales et les ONG qui font parfois dans la démesure.
Nomel Essis