Le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry, dresse le bilan de la 7e conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) tenue à Yamoussoukro.
Le TAC a dix ans. Quel bilan faites-vous de la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ?
C’est un bilan positif. D’abord sur le plan de la coopération, nous avons des résultats probants. Mais aussi, sur le plan politique, nous avons des acquis très importants. Parce que compte tenu de l’histoire récente des deux pays qui a été émaillée par des difficultés ; de l’histoire ancienne qui fait de ces deux pays, des pays frères et de la forte immigration des populations Burkinabè en Côte d’Ivoire-on parle de 4 millions ; la Côte d’Ivoire et le Burkina ne peuvent pas avoir une relation quelconque. C’est ce qui fonde l’amitié et la fraternité entre les deux pays de sorte qu’on ne vive plus les problèmes que nous avons vécus à un moment donné de notre histoire. C’est comme à l’image de la France et de l’Allemagne, qui étaient arrivées à la guerre. Mais maintenant, c’est un couple qui fonctionne assez bien. C’est ce travail qui est fait. De ce point de vue, on peut dire que la coopération entre le Burkina et la Côte d’Ivoire est positive.
Pensez-vous que le TAC va apporter un dynamisme dans les relations ivoiro-burkinabè ?
Oui, puisque vous avez vu qu’il y a eu le forum des hommes d’affaires burkinabè et ivoiriens. On a décidé que ce forum se tienne en marge de chaque TAC. C’est quelque chose d’assez concret dans la relation entre nos pays. Parce que c’est de cela qu’il s’agit. L’un des constats, c’est que le Burkina est le quatrième investisseur en Côte d’Ivoire après la France, le Maroc et le Liban. Les Burkinabè sont dans tous les secteurs, à savoir la banque, les travaux publics, l’industrie, etc. C’est donc important qu’il y ait le développement de cette coopération par les hommes d’affaires. Le fait d’instituer ce forum permanent sera une bonne occasion de relance du TAC.
Il est constaté un retard dans le financement des grands projets au niveau du Burkina Faso. Que comptez-vous faire pour remédier à cela ?
Avec le rétablissement des relations avec la Chine populaire, nous avons espoir qu’il peut avoir une bonne avancée d’autant que c’est Eximbank de la Chine qui est aussi un partenaire dans une partie du financement de l’autoroute en Côte d’Ivoire. On peut donc travailler dans la mutualisation des efforts en vue de trouver des financements communs.
Les hommes d’affaires du Burkina continuent à parler de tracasseries sur les routes, au port, etc. Comment assainir cela ?
Le problème du port, c’est que le navire pour les hommes d’affaires burkinabè traine avant de parfois décharger. A ce niveau, la partie burkinabè a fait des souhaits. Du côté ivoirien, on a noté qu’il y a des travaux qui sont en cours. Et en 2019, on devrait arriver à une fluidité du trafic au niveau du port
Il y a des secteurs spécifiques dans lesquels des accords ont été signés, notamment l’éducation, le transport et l’énergie. Pouvons-nous avoir plus de détails à ce sujet ?
Il y a des résultats concrets. Le constat dans le domaine de l’éducation, il y a des diplômes des élèves burkinabè qui traînaient à être délivrés pendant des années. Maintenant, c’est chose réglée. Ce qui permet aux jeunes burkinabè de pouvoir s’inscrire dans les universités burkinabè ou de pouvoir s’inscrire pour les concours au Burkina. Sur le cas Air Burkina qui arrive à l’aéroport d’Abidjan, les tarifs étaient jugés élevés. Il ya eu une baisse de 30% qui a été constatée. On demande encore qu’il ait des efforts. Sur la fourniture des hydrocarbures fournis par la Société ivoirienne de raffinage (SIR), il y’a un accord qui a été trouvé avec la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY), qui devrait permettre d’augmenter les quantités et les volumes.
Un accord définitif a pu être trouvé au niveau du Mont Péko ?
Le sommet a décidé de laisser un temps à chaque partie. Mais le principe de l’interdiction d’exploiter les forêts classées a été acquis. Un engagement a été pris par les deux parties en vue de procéder à un recensement d’ici la fin d’année. A partir de là, les deux parties vont se retrouver pour trouver une solution définitive à la question du Mont Péko.
Propos recueillis par Nomel Essis. Envoyé Spécial à Yamoussoukro