À Tiassalé et Morokro, à quelques heures de l’ouverture du scrutin législatif du samedi 27 décembre, la sérénité semble avoir déserté le camp du député sortant, Antoine Assalé Tiémoko. Habituellement sûr de lui, le candidat à sa propre succession paraît cette fois gagné par une fébrilité inhabituelle. À l’évidence, l’ascension fulgurante de son adversaire, Alpha Sanogo, et l’enthousiasme populaire que suscite sa candidature, ont profondément troublé le sommeil du « Kirikou de Tiassalé ».
À mesure que la campagne touche à sa fin, une vidéo au ton particulièrement agressif et menaçant, attribuée à Assalé Tiémoko, circule abondamment sur les réseaux sociaux. Une sortie qui contraste avec l’image du démocrate qu’il revendique, et qui trahit surtout une nervosité croissante à la veille du verdict des urnes.
Dans cette vidéo, le député-maire évoque une prétendue fraude électorale que le RHDP serait en train de préparer, accusant le parti au pouvoir d’organiser un convoyage d’électeurs depuis Abidjan et d’autres localités, dans le but de « fausser le jeu démocratique » à Tiassalé. Des propos graves, assortis de menaces à peine voilées contre de supposés électeurs « importés », qu’il promet de traquer, d’identifier et de faire emprisonner.
Pourquoi une telle montée de ton à quelques heures seulement du scrutin ? Pourquoi tant d’agitation, sinon parce que le député sortant sent le terrain lui échapper ? En affirmant publiquement que Tiassalé serait quadrillée de caméras de surveillance, Assalé Tiémoko confirme, sans le vouloir, ce que de nombreux habitants dénoncent depuis des années : un système de surveillance généralisée des populations, à travers des caméras prétendument sécuritaires, installées un peu partout dans la ville, y compris devant le siège local du RHDP.
Plus troublant encore, selon plusieurs sources locales, les serveurs de ces caméras seraient logés non pas à la gendarmerie ou au commissariat, mais dans les bureaux de la mairie. Une situation qui soulève de sérieuses interrogations sur le respect des libertés individuelles et sur l’usage réel de ces dispositifs.
De quel droit, s’interrogent de nombreux observateurs, un député-maire peut-il menacer d’emprisonnement des citoyens ivoiriens régulièrement inscrits sur la liste électorale, au simple motif qu’ils viennent exercer leur droit de vote ? Pourquoi Antoine Assalé Tiémoko n’a-t-il pas saisi la Commission électorale indépendante (CEI) lors du contentieux lié à la dernière révision de la liste électorale 2024-2025, s’il estimait que des irrégularités existaient ?
Ce cri d’alarme n’est d’ailleurs pas nouveau. Déjà en 2023, lors des élections municipales, le même scénario s’était produit : accusations de fraude, discours de victimisation, avant une proclamation de victoire au terme du processus électoral. Une stratégie désormais bien connue des électeurs, mais qui semble aujourd’hui avoir perdu de son efficacité.
À force de crier à la fraude à chaque échéance, une question revient avec insistance dans les conversations à Tiassalé : et si le véritable malaise venait de celui qui accuse toujours les autres ? Pour nombre d’analystes locaux, cette agitation inhabituelle pourrait annoncer un tournant politique majeur dans la circonscription.
Les populations, lassées des discours et des polémiques stériles, aspirent désormais à des actions concrètes et à un véritable impact social. Sur ce terrain, Alpha Sanogo apparaît, aux yeux de nombreux électeurs, comme l’incarnation d’une nouvelle manière de faire de la politique : un député proche des réalités, capable de mobiliser son réseau, son lobbying et son carnet d’adresses pour impulser un véritable développement local.
À Tiassalé, le message semble clair : l’heure n’est plus aux menaces ni aux accusations, mais au choix serein de l’avenir. Et à la veille du scrutin, une certitude s’impose : Assalé Tiémoko aborde ces législatives avec un sommeil décidément bien troublé.








































































