Koné Yacouba, président de la Plateforme des Organisations des Personnes Handicapées d’Abobo et coordonnateur du projet « Élection inclusive », nous parle des actions pour la vulgarisation des personnes handicapées au processus électoral. Il nous parle des actions menées pour une participation massive des grands oubliés de la société.
Président, vous avez entamé une série de rencontres avec plusieurs composantes de la société. A quoi répond cette opération ?
Cette opération rime à la citoyenneté des personnes handicapées, qui sont des citoyens à part entière, mais dont l’expression de la citoyenneté à travers le vote est pénible. Il y a trop d’obstacles. Nous déployons cette opération avec le soutien de l’Union européenne, de SIBM International et de la Confédération des Personnes Handicapés de Côte d’Ivoire, pour que les personnes handicapées puissent participer pleinement en tant que citoyen à part entier au processus électoral. De telle sorte qu’une participation massive des personnes handicapées, puissent influencer les décisions en notre faveur. Il s’agit d’une opération de proximité, communément appelé Focus Groupe. Elle a démarré depuis le 6 octobre 2020. On a lancé cette opération en commençant par 50 chefs de communauté et 150 femmes et jeunes en situation de handicap, par groupe de 25. Le message est leurs implications à nos côtes pour le processus électoral afin de faciliter le vote des personnes en situation de handicap, dans les différents bureaux de vote. Ensuite, les sensibiliser et les mobiliser en dépit des obstacles, pour une participation massive de leur part dans le processus électoral.
Qu’entendez-vous à travers une prise de décision en faveur des personnes handicapées ?
Nous constatons lorsque les jeunes et femmes se mobilisent lors des élections, ils sont pris en compte dans les décisions des dirigeants. Nous voulons aussi à travers notre mobilisation, rentrer dans cette optique pour que nous soyons pris en compte dans les planifications statistiques et dans le plan national de développement. Pour que, tout ce que doit être fait en Côte d’Ivoire pour la population, les personnes en situation de handicap soient prises en compte.
À vous entendre parler, l’on pourrait penser que la situation des personnes en situation de handicap, n’est pas prise en compte dans l’élaboration des lois, des décrets, des programmes de société des candidats lors des scrutins électoraux. Qu’est-ce qu’il faut comprendre ?
Nous avons été heureux de constater que dans la nouvelle constitution, il y a deux articles, à savoir l’article 32 et 33, qui mentionne le statut des personnes en situation de handicap. Mais dans l’applicabilité sur le terrain, on ne voit pas les effets. Donc nous estimons que nous sommes toujours dans la deuxième république, puisque les changements et les modifications, n’ont pas encore de répercussions sur nous. Parlant des élections, la loi électorale est discriminatoire dans sa composante. Parce que, lorsque vous prenez tous les articles du code électoral, seulement une petite partie de l’article 37, parle du vote des personnes en situation de handicap. Tout le document fait fi de l’existence des personnes handicapées. Ce qui rend la participation des personnes en situation de handicap difficile au processus électoral. Il n’y a pas de texte spécifique aux personnes handicapées, et cela se voit aussi dans les aménagements et les financements. Rien n’est fait, car la situation des personnes handicapées n’est pas mentionnée. Or, il y a énormément de besoin, en termes d’aménagement, de communication. Tout cela n’est pas fait et le processus se déroule sans comme si les personnes handicapées n’existaient pas. C’est ce qui motive ce projet.
Que contient ce mémorandum ?
Le mémorandum est un document de plaidoyer qui fait un état des lieux des personnes en situation de handicap. Au niveau des propositions, nous avons demandé la création d’un ministère chargé des personnes handicapées pour mieux prendre en compte la question des 3.900.000 personnes handicapées que compte la Côte d’Ivoire. Selon, les chiffres de la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce que nous attendons, c’est d’œuvrer à l’implication et à la participation des personnes handicapées dans la gouvernance en Côte d’Ivoire.
À quand, la fin de cette opération ?
C’est un projet qui s’étend sur trois ans. Elle va nous mener jusqu’aux élections municipales. Nous espérons qu’au soir de ce projet, on aura des personnes handicapées qui deviendront maires, députés, sénateurs, ministres. Nous profitons de ce cadre, pour exhorter les personnes en situation de handicap de surpasser les difficultés et d’exprimer leurs votes. Aux autorités, on leur demande de mettre tout en œuvre pour que la participation des personnes handicapées puisse se faire de façon effective, dans la paix et dans la quiétude.
Izoudine Youssef