La décision du Bureau politique du PDCI de remettre la création du parti unifié après la présidentielle de 2020 est mal appréciée au RDR. Les Républicains sont résolus à créer le parti unifié «avec ou sans» le parti doyen.
Dire qu’à la rue Lepic l’on a applaudi les conclusions issues du dernier Bureau politique du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) serait inexact. Les Républicains, qui ont attendu cette importante rencontre du parti doyen censé adouber l’Accord politique portant création du parti unifié et donner par la même occasion quitus à la création de ce parti d’obédience Houphouétiste, ne s’expliquent pas cette volte-face du parti dirigé par Henri Konan Bédié. A la rue Lepic, comme dans les cercles proches du RDR, le ressentiment est à couper au couteau. La colère enfle.
Premiers à monter au créneau : le Rassemblement des jeunes républicains (RJR), dirigé par Dah Sansan Tilkouété. Réunis en Assemblée générale extraordinaire à la rue Lepic, quelques heures seulement après la fin du Bureau politique du PDCI, les Grenadiers voltigeurs ont bandé les muscles et demandé la création du parti unifié «avec ou sans le PDCI-RDA». «L’Assemblée générale demande la tenue dans les meilleurs délais du Congrès constitutif du RHDP» ainsi que «la tenue d’un bureau politique extraordinaire pour statuer sur le refus du PDCI à aller au Parti unifié», lit-on dans le communiqué final qui a sanctionné cette AG. Le RJR est allé plus loin en demandant au président de la République, à la direction du RDR ainsi qu’aux autres partis alliés de tirer les conséquences de cette trahison d’un allié» avec qui le pouvoir a été «cogéré depuis 2011». «Ainsi, l’Assemblée générale demande un remaniement ministériel avec la mise en congés de tous ceux qui s’opposent au projet de parti unifié», ont demandé les jeunes du RDR. Cette sortie des jeunes est partagée par la majorité des militants du parti logé à la rue Lepic.
Au PDCI, des voix se sont également élevées pour dénoncer certains agissements observés au cours de ce Bureau politique. «Toute l’opinion a été en effet informée que des personnalités politiques de premier rang du PDCI-RDA et de l’Etat, au nombre desquelles le Vice-président de la République SEM Daniel Kablan Duncan, les Présidents du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio et du Conseil économique et social, Charles Diby Koffi, le Secrétaire général de la Présidence de la République, Patrick Achi, les ministres Siandou Fofana, Kobénan Kouassi Adjoumani, Kouakou Abinan, ont subi des huées d’une centaine de badauds conditionnés, qui ne sont pas des membres du Bureau politique, mais qui ont eu accès à la salle grâce à des badges qui leur avaient été distribués par le Secrétaire exécutif. Toutes choses qui ont gravement perturbé la sérénité des débats», a indiqué le président du Groupe de réflexion des cadres PDCI-RDA militants du RHDP, Ernest J. Koffi, dans une déclaration dont L’Expression a reçu copie. Cette sortie laisse comprendre que les débats au cours de cette réunion n’ont pas été démocratiques. Ce qui a conduit le GRC-PDCI-RHDP à élever «une vive protestation contre ce débat voulu démocratique mais biaisé dans sa mise en œuvre». «On oublie qu’en 1994, c’est un simple refus du micro à un certain Djéni Kobénan qui a engendré le RDR. Comment comprendre que le PDCI-RDA puisse aujourd’hui être le théâtre de réactions aussi violentes et de comportements aux antipodes des enseignements du père fondateur ?», se sont interrogés les membres du GRC-PDCI-RHDP.
Pour le PDCI, la pression est forte aujourd’hui. Une pression qui ira, s’accentuant, puisque la riposte du RDR est attendue dans les prochains jours. Le président d’honneur du RDR, Alassane Ouattara avait annoncé les couleurs à la clôture du 4e congrès extraordinaire tenu le 5 mai à Treichville. «(…) je veux être clair pour vous dire que le RHDP se constituera avec ceux qui le voudront bien. Ce n’est pas une obligation. Le RHDP se constituera avec ceux qui le voudront bien», avait-il clairement énoncé. Le PDCI, qui a dit non au RHDP, tirera de ce fait toutes les conséquences liées à sa décision.
M’Bah Aboubakar