Après plusieurs années de brouille, le couple formé par le royaume d’Arabie saoudite et l’Emirat du Qatar se remet ensemble.
L’idylle entre les deux Etats voisins a été rétablie le 5 janvier 2021 rétablie lors du sommet du Golfe à Al-Ula, en Arabie saoudite. « Il a été décidé aujourd’hui, grâce à la sagesse de dirigeants du Golfe et de l’Égypte, de tourner la page et de rétablir toutes les relations diplomatiques » avec le Qatar, a déclaré à la presse le prince saoudien Fayçal ben Farhane Al-Saoud.
Dans la foulée, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a été accueilli avec une embrassade du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, sur le tarmac de l’aéroport.
L’embellie s’est poursuivie avec l’ouverture des frontières terrestres intervenue ce samedi 9 janvier 2021. Les compagnies aériennes Qatar Airways et Saudi Airlines ont par ailleurs annoncé sur leur compte Twitter qu’elles allaient commencer à reprendre leurs liaisons aériennes entre les deux pays à partir de ce lundi 11 janvier 2020.
Les autres pays du Golfe qui boudaient le Qatar dans le sillage du royaume wahhabite, ont rétabli leurs relations diplomatiques avec l’Emirat qui se repositionne dans le jeu politique régional sans avoir perdu la face devant ses voisins qui ont tenté de l’asphyxier à travers des sanctions draconiennes. Les pays du Quartet ont notamment chassé les Qataris qui résidaient sur leur sol, leur ont fermé frontières et ports et ont interdit d’accès les avions qataris à leur espace aérien.
Le quatuor (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirat arabe unie et l’Egypte) avait formulé 13 conditions à la reprise des relations avec le Qatar, notamment la fermeture d’Al-Jazira, chaîne de télévision honnie de nombreux régimes arabes, des engagements sur la fin du financement de groupes extrémistes ou la fermeture d’une base militaire turque au Qatar. Malgré ce blocus, Doha ne s’est plié à aucune de ces demandes. Selon de nombreux observateurs, le petit Etat gazier sort vainqueur de ce bras de fer avec ses voisins qui ont fini par se rendre compte que leur objectif de faire plier Doha n’a pas été à la hauteur de leur attente.
Face aux sanctions imposées par les trois pays du Golfe plus l’Egypte, le Qatar a développé ses relations avec l’Iran même s’il ne partage pas les mêmes vues que ce pays. Depuis le début du blocus, les importations iraniennes au Qatar ont bondi de 117 % sur les six premiers mois de la crise. De mars à août 2017, l’Iran a exporté près de 737.500 tonnes de produits non pétroliers en direction du Qatar pour un montant de près de 67,5 millions de dollars. Parmi ces produits, 1.100 tonnes de fruits et de légumes envoyés quotidiennement, ainsi que 66 tonnes de bœuf.
Dans sa volonté d’échapper au « diktat » imposé par le quatuor, Doha a ouvert plusieurs ambassades en Afrique où s’est rendu l’Emir Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Après Dakar, Ouagadougou et Conakry, il s’est rendu le vendredi 22 décembre 2017 en visite officielle à Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette visite a été suivie d’une représentation diplomatique de Doha sur les bords de la lagune Ebrié et la nomination de l’ambassadeur, S.E.M. Jaber Jarallah Masoud Al-Meri. A quelque chose malheur est bon comme le dit l’adage, le blocus imposé par les pays du Quartet a permis au Qatar de développer son autosuffisance dans plusieurs domaines.
« Les pays du blocus » ont compris qu’il vaut mieux pour la stabilité de la région d’avoir le Qatar avec eux, au risque de le voir constituer un os dans leur gorge. «Nous avons aujourd’hui un besoin urgent d’unir nos efforts pour promouvoir notre région et faire face aux défis qui nous entourent, en particulier les menaces posées par le programme nucléaire et de missiles balistiques du régime iranien, et ses plans de sabotage et de destruction», a reconnu le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane.
Nomel Essis