Créée en 1963, l’académie militaire ivoirienne, l’Ecole des forces armées (Efa de Zambakro) implantée dans la capitale entend faire sa mue pour s’adapter aux réalités militaires des temps modernes. Quels sont les défis à relever par l’Efa ? «L’Expression» donne des éléments de réponse.
A ce jour, l’Ecole des forces armées (Efa) a formé 2230 officiers dont 500 étrangers, de 11 nationalités différentes. Elle a pour mission de former pour une durée initiale de deux ans, des officiers d’active destinés à l’encadrement des formations des armées et de gendarmerie. Le programme de cette formation comporte quatre volets qui les préparent à l’exercice de leurs prochaines fonctions de chefs de sections. Il porte sur l’instruction militaire tactique et technique, la formation civique et morale, l’exercice de l’autorité et du commandement ainsi que l’entraînement physique et sportif. Outre la formation initiale, l’Efa assure la formation continue des cadres à travers le programme de perfectionnement des officiers. Il se décline en cours d’application d’infanterie motorisé, le cours des futurs commandants d’unité, le cours d’Etat-major et la préparation à l’école supérieure de guerre.
Instrument de coopération militaire sous-régionale et internationale, le ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, a, dès sa prise de fonction, il y a un an, donné des instructions pour la modernisation de l’Efa à travers la modernisation des infrastructures, de la formation et des traditions. Ces défis en vue de donner à l’Efa, tous les attributs d’une école militaire d’élite, ont été évoqués par le Commandant-école, le lieutenant-colonel, Jean Christophe Mouho, jeudi dernier, au cours de la double cérémonie de baptême de la 49e promotion et à la remise d’épaulettes de lieutenant à la 12e promotion des médecins élèves officiers et de sous-lieutenant à la 48e promotion des élèves officiers d’active. Tout en exprimant sa reconnaissance au ministre de la Défense pour les efforts déjà consentis par le vaste programme de réhabilitation et de construction en cours, il a souhaité l’élargissement du mess des officiers et du réfectoire et l’extension du site de l’école. La réalisation de ces projets, est-il convaincu permettra d’une part, de répondre aux forts besoins de formation des nationaux, mais aussi de satisfaire la demande croissante de formation de stagiaires des pays amis.
Hamed Bakayoko a déjà donné les instructions pour la modernisation de l’Efa
Le 2e défi est relatif à la modernisation des outils pédagogiques déjà adopté dans la Loi de programmation militaire 2016-2020 dans son volet reforme de l’enseignement militaire. Il a également plaidé pour que l’école soit dotée en moyens roulants et équipée de salles et d’outils de simulation au combat qui favoriseront une meilleure maîtrise par les stagiaires des procédures opérationnelles et des actions tactiques. En attendant, avec l’aide de la coopération française, l’Efa met un point d’honneur à adapter en permanence ses modules de formation aux besoins des armées et à l’évolution des enjeux de sécurité en Afrique et dans le monde. Enfin, le troisième défi porte sur la modernisation des traditions de l’Efa. Selon lui, les traditions peuvent et doivent être perçues comme des atouts majeurs dans la préservation de l’identité d’un groupe et d’une corporation. Cependant, s’interroge-t-il, doit-on sous prétexte de tradition s’interdire de penser et d’analyser le monde qui nous entoure à l’aune de nos réalités contemporaines ? « La question mérite d’être posée au regard des atrocités commises et des torts qui sont parfois causés au nom des «traditions».
Certes, on ne peut et on ne doit pas se défaire du poids de l’histoire ainsi que des différentes valeurs et pratiques chères à nos anciens qui se sont perpétués jusqu’à nous. Cependant, il importe de garder notre esprit critique et faire évoluer ces traditions. Afin de préserver notre identité, de sauvegarder l’héritage de nos pères, il faut aujourd’hui plus que jamais trouver un difficile compromis entre stabilité et mouvement, entre immobilisme et reforme. Œuvrons donc à bannir de nos traditions les pratiques déshonorantes et ayons le courage de renoncer à celles qui sont désuètes pour le succès de notre corporation», a vivement recommandé le Colonel Jean Christophe Mouho.
Traoré Yacouba Diarra, Correspondant régional