La Chine affiche sa détermination à mettre fin à « la concurrence déloyale » dans le secteur du numérique dominé par une vingtaine d’entreprises nationales.
Dans un ultimatum lancé aux géants de la tech chinois, les autorités ont donné, mardi 13 avril, « un mois » au secteur du numérique pour corriger toute entrave à la concurrence. Pour montrer l’exemple, les autorités chinoises ont frappé fort en condamnant Alibaba, l’Amazon chinois, à une amende record de 2,3 milliards d’euros.
Il est reproché au groupe d’exiger l’exclusivité des commerçants souhaitant vendre leurs produits sur ses plateformes, au détriment des sites concurrents. La concurrence déloyale « est un frein à l’innovation et au développement et porte atteinte aux intérêts des […] consommateurs », a justifié mardi dans un communiqué l’Administration chinoise du cyberespace (CAC).
34 entreprises, dont Bytedance, propriétaire de TikTok, Baidu, le Google chinois, ou encore Tencent, à l’origine de l’application de messagerie WeChat, à « tenir compte du cas Alibaba » sous peine de subir le même sort. Parmi les principales mesures qui couvrent les sites de commerces électroniques du pays et les services de paiement, on note plusieurs interdictions. Les géants de la Tech n’auront par exemple plus le droit de forcer les commerçants à passer directement par une seule plateforme de vente, comme c’était le cas auparavant.
L’autre objectif est d’empêcher les entreprises de fixer les prix, ou de profiter des informations récoltées et de leurs technologies pour manipuler le marché. Après avoir favorisé l’émergence de champions du numérique pour servir de contrepoids aux Gafam américains (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), Pékin s’inquiète de leur influence grandissante.
En position de leaders absolus en Chine, ces géants du numérique, surnommés BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et le constructeur de téléphones Xiaomi), ont pu consolider leur position dominante dans un marché protégé des incursions étrangères et soumis à la censure. Baidu a par exemple profité de l’interdiction faite à Google de déployer ses services pour devenir le moteur de recherche incontournable dans le pays.
« Pékin continue et continuera à soutenir de manière extrêmement forte ses entreprises du numérique », nuance Nicolas Mazzucchi, chargé de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique. « Néanmoins, les autorités considèrent que c’est le bon moment pour taper du poing sur la table et faire passer le message qu’in fine en Chine, c’est le Comité central du Parti communiste qui décide.
Pas les entreprises », a ajoute-t-il. Et ce mouvement de reprise en main semble s’accélérer. En mars dernier, douze patrons de la tech chinoise ont été condamnés à une amende inédite pour entrave à la concurrence.
Quelques mois plus tôt, les autorités ont bloqué un projet d’introduction en Bourse à 37 milliards de dollars d’Ant Group, une ancienne filiale d’Alibaba. Il s’agissait de la plus grosse entrée en Bourse de tous les temps.
Nomel Essis avec France 24