L’Emir du Qatar, à l’ouverture du Forum économique qui a ouvert ses portes le 21 juin 2021 à Doha, a annoncé « de nouvelles perspectives pour demain » pour l’économie de son pays par visioconférence. Ci-dessus l’allocution de Son Altesse Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, Émir de l’État du Qatar
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir tous au Forum Économique du Qatar qui se tient en collaboration avec Bloomberg et qui représente le point de départ d’une série de forums visant à enrichir le dialogue sur l’économie mondiale et à passer à l’étape Post covid-19. Nous sommes convaincus que la première édition du forum constituera un complément qualitatif aux efforts conjoints de nos pays et sociétés, et à la coopération entre eux et le secteur des affaires, en relevant divers défis et en construisant un avenir meilleur pour tous nos peuples.
Mesdames et Messieurs,
Notre rencontre d’aujourd’hui se tient alors que nous sommes en pleine confrontation avec la pandémie de Covid-19, qui a posé un défi sérieux et sans précédent à l’humanité toute entière, à tous les niveaux, y compris le domaine économique, où des discussions Interminables ont eu lieu sur le compromis illusoire entre la santé des personnes et celle de l’économie et où un flou a éclipsé les attentes des institutions internationales concernant les perspectives d’avenir de l’économie mondiale, d’autant plus que le monde n’est pas encore passé à la phase postpandémique à l’ombre des vagues de variantes renouvelées et de mutations du urus, qui ont confirmé l’état d’incertitude.
Malgré cela, le Fonds monétaire international avait indiqué dans son rapport publié en avril 2021 que l’économie mondiale atteindra une croissance de 60/0 en 2021 et de 4,40/0 en 2022.
Cet optimisme est dû à la reprise relative d’un certain nombre de secteurs économiques vitaux au cours de l’année en cours grâce aux plans de relance financiers mis en place par de nombreux pays pour soutenir leurs économies, entraînés par le développement des campagnes de vaccination dans le monde, malgré l’inégalité dans la distribution du vaccin.
L’adaptation des sociétés aux conditions de la pandémie a conduit à une avancée massive de la technologie numérique, notamment en créant des opportunités d’emploi et d’enseignement à distance d’une manière sans précédent, Cela aura sans aucun doute un impact sur les économies postpandémiques également.
La pandémie a soulevé, une fois de plus, des questions majeures concernant la relation des sociétés modernes avec la nature, les attentes de la société vis-à-vis de l’État en matière de politiques de santé publique, la relation de l’État avec l’économie et la coopération mondiale face aux défis qui transcendent les frontières des états, des nationalités et des cultures telles que les épidémies, le changement climatique, la pauvreté et les questions des réfugiés.
Il est prouvé une fois de plus qu’il est incontournable d’aborder, premièrement, ces questions car chaque événement majeur comme celui-ci nous le rappelle, et que, deuxièmement, les approches excessives n’apportent pas de bonnes réponses. Il a été prouvé, par exemple, que le rôle de l’État est indispensable après qu’il ait été désavoué par de nombreux experts à l’ère de la mondialisation. Comme dans le cas de la dernière crise financière des années 2008 et 2009, il s’est avéré que les attentes des sociétés en cas de pandémie étaient orientées vers l’État, et que le rôle de l’État est resté indispensable.
D’autre part, il a été prouvé que de tels défis ne peuvent être surmontés en s’appuyant sur les seuls efforts de l’État-nation. Les efforts de confrontation doivent Inclure la société civile et le secteur des affaires, et doivent être coordonnés à l’échelle mondiale, en plus d’investir dans la recherche, de prévoir les épidémies à venir et de produire et distribuer les vaccins.
Ces questions ne peuvent être laissées à l’État-nation seul, ni aux lois du marché et du commerce mondial seules pour les réglementer. Il a été prouvé, une fois de plus, que les réponses théoriques et l’ idéologie sévère sont des réponses trompeuses.
Mesdames et Messieurs,
L’État du Qatar n’a épargné aucun effort pour réagir rapidement afin de faire face aux graves répercussions de la pandémie. Nous avons émis nos directives pour l’adoption d’une stratégie à trois volets basée sur la protection de tous les membres de la société en renforçant le secteur de la santé, en particulier le secteur de la santé publique ; en apportant le soutien nécessaire à l’économie pour réduire les impacts négatifs de la pandémie et en contribuant aux efforts internationaux de lutte contre le virus par la fourniture d’une assistance aux pays et organisations internationales concernés.
Sur la base de cette stratégie, nous avons adopté un programme national de vaccination contre le virus, Ce programme a récemment dépassé le nombre de deux millions huit cent mille doses. À ce jour, environ 65 0/0 de la population a été vaccinée.
Nous avons également émis nos directives pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d’atténuer les conséquences économiques de la pandémie et d’apporter un soutien de 75 milliards de riyals au secteur privé touché.
Nous avons adopté la résilience et des mesures non extrêmes dans les procédures d’ouverture et de fermeture, afin qu’ils soient une approche majeure pour faire face à la situation actuelle. Nous nous sommes appuyés sur nos expériences antérieures face aux crises, où la réflexion proactive et la vitesse d’adaptation aux diverses variables ont constitué un pilier fondamental pour faire progresser nos plans et programmes de développement, notamment en favorisant autant que possible l’autosuffisance dans les domaines vitaux, en adoptant la diversification économique, en soutenant le secteur privé et en stimulant les investissements pour réaliser notre vision nationale.
Mesdames et Messieurs,
En prévision de la prochaine étape, nous avons tenu à adopter une politique économique équilibrée en poursuivant l’extension du projet gazier du Champ du Nord avec pour objectif l’augmentation de 40 % la production de gaz naturel liquéfié d’ici 2026. Les revenus de cette augmentation servira à valoriser nos investissements au profit des générations futures, ce qui contribuera à diversifier les sources de revenus. Nous avons également soutenu les secteurs non pétroliers dont la contribution au PIB a dépassé 61 0/0 à prix constant en 2020.
Dans ce contexte, nous nous sommes orientés vers le développement d’industries respectueuses de l’environnement et la mise en place de cadres législatifs qui renforcent l’attractivité de l’environnement des affaires, comme la promulgation d’une loi réglementant les Investissements en capital non qatarien dans l’activité économique et une réglementant le partenariat entre les secteurs public et privé, ainsi que l’investissement dans des secteurs vitaux et importants, notamment la santé, la technologie, le développement des zones franches et la poursuite de l’expansion de l’aéroport international Hamad et du port Hamad de manière à consolider l’ouverture économique de notre pays et renforcer nos relations commerciales avec les divers pays.
Nous sommes un pays exportateur de gaz naturel, qui est une énergie à faible émission de carbone et la moins nocive pour l’environnement, et malgré cela nous investissons dans la recherche liée aux énergies verte, alternative et durable ; et nous prévoyons d’orienter le Qatar vers cette fin, Nous contribuons également aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.
Nous sommes tous conscients que la prochaine étape ne sera facile, économiquement et financièrement, pour aucun pays. Nous devons coopérer pour réduire l’écart entre pays développés et pays en développement, notamment pour obtenir un vaccin et faire face aux répercussions de l’épidémie.
L’État du Qatar a fait de grands progrès dans cette voie en fournissant l’assistance nécessaire à plus de quatre-vingts pays et organisations internationales, en promettant notre soutien à l’Organisation mondiale de la santé, à l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) ainsi qu’à de nombreuses autres organisations et programmes Internationaux à l’instar du programme COVAX, qui vise à rendre le vaccin accessible de manière juste et équitable à plus de 92 pays qui auraient besoin d’une aide publique au développement d’ici la fin de cette année.
Je ne manquerais pas ici de souligner que la fabrication des vaccins pour affronter le virus Covid-19, est un effort humain louable, mais la ruée et la compétition de certains pays pour obtenir des quantités qui dépassent leurs besoins, contribueront à entraver les efforts internationaux qui visent à contrôler l’épidémie à l’échelle mondiale et en plus à obstruer le processus de développement dans les pays en développement et sousdéveloppés.
De cette tribune, j’appelle les dirigeants des pays du monde, en particulier ceux des grands pays industrialisés, à plus de coopération dans le cadre du système international, à se départager les responsabilités et à travailler ensemble pour une distribution juste et complète du vaccin de manière à mettre en place un système social et économique mondial intégré, conforme aux objectifs du développement mondial durable, qui assure le bien et la stabilité pour nos peuples.
Je vous remercie, tous,
Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions d’ Allah soient sur vous.