Pour la première fois de leur vie, les Qataris se sont rendus aux urnes ce samedi 2 octobre 2021 pour désigner 30 des 45 membres de leur Parlement, « Majlis al Choura ».
Les 15 autres membres du Conseil consultatif seront désignés par l’émir Tamim bin Hamad Al Thani lui-même. Cette élection ayant mis aux prises 233 candidats dont 28 femmes, a enflammé les médias occidentaux plus préoccupés par l’absence des femmes parmi les élus que les enjeux de ce scrutin.L’émir du Qatar, à qui il revient de désigner les quinze autres membres du Majlis al-Choura, peut encore réduire ce déséquilibre en nommant des femmes.
Il faut saluer le Qatar qui fait ainsi ses premiers pas sur le chemin de la démocratie en organisant un scrutin destiné à désigner des élus nationaux capables proposer des lois, approuver le budget ou encore révoquer des ministres, prérogatives qu’il n’avait pas avant mais l’émir gardera un droit de veto sur les décisions prises.
Ce geste est à encourager au regard du contexte sociopolitique dans cette partie du monde abonnée aux régimes monarchiques. Le Qatar est la seule monarchie du Golfe à s’être dotée d’un parlement principalement élu doté de réels pouvoirs, tels que la possibilité de bloquer les lois ou de soumettre des questions aux ministres. Ceux qui ont exprimé leur suffrage ne cachent pas leur joie « de prendre part à quelque chose de grand ».
Pendant la campagne, les candidats se sont pour la plupart focalisés sur les enjeux sociétaux comme la santé, l’éducation ou les droits des citoyens.
L’autre point majeur de ce scrutin a été le taux élevé de participation estimé à 63,5 %, selon des chiffres officiels, soit beaucoup plus que lors des élections municipales de 2019 où moins d’un électeur sur dix avait voté.
La tenue de ce premier scrutin législatif au suffrage universel direct était prévue par la Constitution de 2004 mais a été reporté à plusieurs reprises. A travers ces élections, Doha affiche ainsi sa volonté d’avancer dans la démocratie au moment où des Ong tentent de détourner l’opinion internationale sur la maltraitance des travailleurs immigrés qui constituent la principale main d’œuvre employée dans la construction des infrastructures devant accueillir les matches.
Le Qatar n’est pas à son premier coup d’éclat. Il faut rappeler qu’en 2013, l’émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani a passé la main à son fils (Tamim bin Hamad Al Thani, actuel émir) de son vivant et de son plein gré, une première pour un monarque arabe.
Nomel Essis