Un litige foncier oppose le village d’Akouai-Agban, dans la localité de Bingerville, à plusieurs villages voisins. En sa qualité de dépositaire de l’histoire Atchan, Alidjé Djoman, l’ex-chef du village, nous livre sa part de vérité. Le doyen dont les fonctions de chef ont pris fin le 31 décembre 2020 après 10 ans d’exercice appelle également à la préservation d’un climat de cohésion entre les communautés.
Vous intervenez 2 semaines après la tenue d’une conférence de presse animée par des fils du village qui a fait une mise au point suite au litige foncier opposant le Village d’Akouai-Agban au village de Koffikro relatif au lotissement Akouai-Agban N’dou-Poppoto d’une superficie de 114 hectares approuvés. Avant que votre fonction de chef ne prenne fin, que savez-vous du lotissement de Akouai-Agban ?
Avant tout, il faut savoir que dès les années 1700 à 1800 nous étions déjà installés sur notre site actuel. En 1842, nos parents ont lutté contre les trafics lagunaires avec les colons qui se passaient à Port-Bouët. Et la réputation du village d’Akouai Agban est née de cette lutte. C’est la génération Dougbo dont je suis le chef qui a initié ce lotissement de près de 700 hectares sur toute la zone. L’opérateur chargé du lotissement à l’époque a connu des résistances de la part du doyen du village Albert AMONCHO et l’ex chef ADIA Téléphone. Ce qui a provoqué un blocage du dossier. Contre toute attente, les opposants ont contourné le doyen en question pour initier un énième lotissement à Koffikro, Dahonkro et Gbregbo. Le doyen Albert AMONCHO a initié des rencontres en 2013où il était question de clarifier, documents à l’appui, que toute la zone appartient Akouai-Agban. Après plusieurs tractations, l’opérateur chargé du lotissement en la personne de M. DIOMANDE n’a pas obtenu de réponses suite à l’enquête de Commodo et d’incommodo qu’il a initiée. Parce que le mal était déjà fait. Nous nous sommes retrouvés en face de chevauchements.
Comment sommes-nous arrivés à ces chevauchements ?
Justement nous avons eu notre approbation suite à des enquêtes. Mais ni Dahonkro, ni Koffrikro et Gbregbo n’ont fait d’enquête de commodo et d’incommodo. Ce qui constitue un problème. Pour éviter tous agissements anormaux nous avons saisi la juridiction de Côte d’Ivoire pour étaler tous les documents possibles pour que le conseil tranche afin que la paix règne dans la zone.
Aviez-vous eu une suite ?
Nous avons saisi le conseil d’état.Le ministère de la construction sur instruction du conseil a décidé d’une requête de sursis au village de Koffikro, Gbregboet Dahonkro leur défendant de travailler. Mais ces villages ont voulu se défendre qu’avec un redressement dans le but de nous contourner. Voilà l‘histoire. Ils n’ont pas suivi la procédure normale.Ils sont allés jusqu’à détruire le travail effectué par le promoteur Diomandé. Alors le sieur a saisi les autorités compétentes. Ce que je déplore c’est que nos voisins ne connaissent pas l’histoire du site. Il faut être lucide dans cette affaire pour reconnaître que ce terrain n’est pas le leur.
Après ces éclaircissements, quel appel lancez-vous pour un règlement de ce litige foncier en tant qu’ancien Chef du village d’akouaiagban?
Je revendique le terrain d’Akouai Agban, je demande à tous les fils et toutes les filles du village de veiller sur cet espace comme nos parents l’ont fait. La paix je la prends à bras le corps mais ce n’est pas au nom de la paix que nous allons brader tout un patrimoine. Donc je demande aux voisins d’être compréhensifs. Nous formons tous une famille et il faudrait que la paix règne. Toutefois, le climat de paix auquel nous aspirons tous ne doit pas exclure la vérité. En tant que chef, je lance un appel pour qu’ensemble nous nous asseyions pour trouver une solution tout en se conformant aux décisions rendues par la justice. Aussi je les invite à ne pas empêcher le développement. Moi je milite pour la cohésion. Soutenons les jeunes du village d’Akouai Agban dans leur combat. Regardons l’intérêt de tous au lieu de l’intérêt individuel qui va susciter des querelles dans le village. Nous n’avons pas l’intention de repousser nos voisins mais qu’ils comprennent qu’ils sont venus nous trouver. Suivons la voie de la justice, nous voulons tous la paix.
I.K