Confusion totale, le mardi 26 avril 2022, au campus 1 de l’université Alassane Ouattara de Bouaké. Dans une épaisse fumée créée par des jets de grenades lacrymogènes, résidences universitaires, bureaux du personnel d’administration et aires de repos d’étudiants étaient la proie de vive agitation.
De 10h45 et 13h, pour échapper à cette fumée difficilement respirable et de peur d’être pris par la colonne de forces de l’ordre positionnée au niveau des portails jouxtant le boulevard de l’université, c’était un sauve-qui-peut dans tous les sens. Plus téméraires, certains étudiants qui ont choisi la défensive, répliquent par les jets de pierres en direction des forces de sécurité.
Situé à promixité, le village quartier d’Assoumankro n’a pas été épargné par cette situation chaotique. Dans l’impossibilité d’utiliser le boulevard obstrué par les débris, morceaux de bois, briques et autres objets faciles à soulever, c’est dans son sein que les automobilistes et motocyclistes ont trouvé la voie, pour rallier le centre ville ou les quartiers situés à l’extrême ouest de la ville, notamment, Tiélèkro, quartier Cidt, Adjéyaokro ou même les petites cités voisines comme Sakassou, Béoumi, Botro ou Diabo. Mais, qu’est ce qui a pu bien provoquer un tel branle-bas ?
Selon un membre du bureau national du Ceeci (Comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire), qui a requis l’anonymat, ce qui était au départ un mouvement de grève, a dégénéré, hier, aux environs de 9h, dans les encablures du collège Saint-Viateur sis au quartier N’Gattakro. « Il faut rappeler que depuis un moment nous avons attiré l’attention des autorités sur un certain nombre de choses que nous jugeons inadmissibles. Au niveau des grandes écoles, pour ce qui est de la soutenance du Bts, il est demandé à tous les étudiants du pays de se rendre sur Abidjan. Nous avons demandé une décentralisation. Dans les lycées et collèges de Bouaké, depuis le début de l’année, des classes de terminales, de la 3ème n’ont ni professeurs de philosophie, ni professeurs de SVT, ou encore de professeurs de Mathématiques. Pourtant, on veut que les élèves concernés subissent des épreuves d’examens blancs. Depuis lundi, pour protester contre cet état de chose, nous avons demandé un arrêt des cours. Précisons qu’auparavant, nous nous sommes rendus au ministère de tutelle pour rencontrer les responsables, mais, nous n’avions pas eu gain de cause », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « Donc, ce matin (ndlr hier mardi) au moment du passage de nos équipes pour s’assurer du suivi de la grève, elles ont été gazées au niveau du collège Saint-Viateur. Ordre a été ainsi donné à tous de membres sur le terrain de rejoindre le campus. Quelques minutes après, nous avons été attaqués par la police et la gendarmerie au sein du campus. Des grenades de lacrymogène sont tombées entre les résidences, le campus était envahi de fumée. On dénombre plusieurs blessés et arrêtés… ».
Au moment où nous nous mettions sous presse, aux environs de 16h, le calme était revenu sur le campus. Au niveau du boulevard, la circulation dans les deux sens avait également repris.
Marcel Konan
Correspondant régional