L’Algérie a effectué avec faste le 60è anniversaire de son indépendance le 5 juillet avec une parade militaire inédite. Pourquoi cette démonstration de force pour cet anniversaire ?
Cela faisait longtemps que l’Algérie n’avait pas célébré la fête de l’indépendance. Les plus hautes autorités de l’Etat ont voulu marquer le 60ème Anniversaire : ce qui a donné ce magnifique et grandiose défilé au cours duquel les illustres invités de Monsieur le Président de la République, Ministre de la Défense Nationale, chef suprême des armées, Abdelaziz TEBBOUNE, les observateurs étrangers et le peuple algérien ont de visu constaté le niveau de développement et de professionnalisme de l’Armée nationale populaire (ANP).
J’aimerai préciser une chose : n’y voyez surtout pas un acte belliciste, mais plutôt une volonté de montrer au monde que nous avons les capacités de défendre l’intégrité territoriale de l’Algérie, sa sécurité et sa souveraineté, missions régaliennes incombant à tout Etat.
Quel bilan faites-vous du chemin parcouru par l’Algérie après 60 ans d’indépendance ?
Le bilan est remarquable. Les réalisations dans le domaine industriel, infrastructurel, de la santé, de l’éducation, font de l’Algérie un pays émergent. A titre d’exemple, l’Algérie a résorbé en grande partie la crise du logement par la construction de plus d’un million cent mille unités d’habitation ainsi que l’achèvement de plus de 1300 Km d’autoroute. L’Algérie est classée quatrième en Afrique en matière de soins de santé.
Il faut également signaler que l’Algérie a atteint avant terme tous les Objectifs du millénaire pour le développement (ODD). Dans le domaine de l’enseignement, l’Algérie est en tête au niveau maghrébin et se situe devant l’Egypte. Au niveau de l’enseignement supérieur, l’UNESCO classe l’Algérie au premier rang en Afrique avec un taux d’accès à l’enseignement supérieur de 51,4%.
Certains disent que le développement de l’Algérie est en déça de de ses potentialités énergétiques, notamment le gaz et le pétrole. Partagez-vous cette opinion ?
Je pourrai vous renvoyer à ma réponse à votre question précédente, mais je vais quand même vous répondre. Ceux qui disent que le développement de l’Algérie est en deçà de ses potentialités, ne connaissent pas l’Algérie. Toutefois, je concède que nous aurions pu faire plus mais des circonstances particulières et douloureuses ont contribué à freiner cet essor. Je pense à la décennie noire qui a vu des destructions d’infrastructures industrielles, le sabotage de grands ouvrages infrastructurels et contribué à un ralentissement de l’économie. Mais après cette parenthèse douloureuse, le pays a repris sa marche en avant et peut se targuer d’être l’un des pays les plus développés d’Afrique.
Quelques chiffres : le plus parlant est le taux de scolarisation qui atteint 98,5%. L’Algérie produit 80% de ses besoins en médicaments. En matière d’électrification, l’Algérie est classée au premier rang en Afrique. Je pourrai multiplier les exemples dans les domaines universitaire, les transports, l’agriculture et bien d’autres secteurs.
L’Algérie a été longtemps championne de la coopération sud-sud. Cette politique semble être oubliée aujourd’hui. Pourquoi ce changement de cap ?
C’est un mauvais procès qui est fait là à l’Algérie qui n’a jamais tourné le dos à l’Afrique, notre continent d’appartenance, celui pour lequel nous n’avons jamais failli ni jamais compté quand il s’agissait d’aider un pays africain frère. La dernière déclaration du Président Abdelmadjid TEBBOUNE sur l’Afrique confirme cette vérité et situe notre rapport à ce continent qui nous est cher : je cite : L’Algérie est africaine de par son destin et de son prolongement ».
Le seul tort que nous assumons, c’est que nous ne communiquons pas sur cette question. N’attendez pas de l’Algérie qu’elle claironne à tout va qu’elle a fait ou consenti à des pays africains telle ou telle chose. A titre d’exemple, en 2012, l’Algérie a, sans qu’aucun pays n’en fasse la demande, effacé 980 millions de dollars de dettes en faveur de plusieurs pays africains alors que nous aurions pu les transformer en Contrat de désendettement et de développement (C2D).
Quel est l’état de la coopération bilatérale entre l’Algérie et la Côte d’Ivoire ?
Nous escomptions nous appuyer de part et d’autre sur la visite d’Etat très réussie, de Son Excellence le Président OUATTARA à Alger du 2 au 5 mai 2016 pour une relance effective de nos relations bilatérales. Mais comme vous le savez, le temps diplomatique est lent, et des circonstances particulières propres aux deux pays, ont ralenti ce processus qui a été accentué par la pandémie de la COVID 19.
Depuis la levée de ces contraintes, des perspectives prometteuses se font jour et pourraient être concrétisées dès la fin de cette année et/ou de l’année prochaine.
On ne voit pas les entreprises algériennes se bousculer en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui empêche les entreprises algériennes à investir en Côte d’Ivoire ?
Effectivement, très peu d’entreprises algériennes sont présentes en Côte d’Ivoire et la raison est connue de tous. Les années de terrorisme au cours desquelles l’Algérie était confrontée seule à ce fléau, sont à l’origine de cette absence qui je vous l’assure sera comblée dans les années à venir. Le Président de la République Abdelmadjid TEBBOUNE a fait du réinvestissement de notre pays en Afrique un des axes majeurs de l’action du gouvernement. Pour preuve, la signature d’un accord tripartite Nigeria/Niger/Algérie, pour un méga projet de gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie via le Niger où est impliquée la société algérienne Sonatrach.
Nomel Essis