Le Mali fait partie des démocraties qui excluent. Tous les opposants maliens sont soit en prison ou en fuite, Oumar Mariko, Moussa Kao Ndjim, et bien d’autres, poursuivis pour le délit d’opinion.
Cette contradiction en démocratie est évidente dans des pays héritiers du même système démocratique après les indépendances, le Mali qui en fait partie aujourd’hui, ne trouve toujours pas son équilibre social, largué par les conséquences des crises de sa pratique politique, est irrité de constater le succès du voisin ivoirien, impuissant de s’en inspirer, accusant la France de les avoir abandonné au danger sans solution, est à nouveau dans un enthousiasme néophyte, où ils espèrent à présent, une influence russophile pour acquérir une nouvelle souveraineté.
C’est une vraie ambiguïté dans le raisonnement qui les anime, dans le fantasme de sa nouvelle alliance d’être si forte, que la junte malienne s’imagine pouvoir contraindre le pouvoir ivoirien par un chantage, à un échange entre des exilés maliens bénéficiaires de l’asile politique, et des soldats ivoiriens en mission, injustement arrêtés en territoire malien.
Les raisons de l’acrimonie de la junte malienne
Les ambiguïtés de la junte malienne dont il est question , ne sont pas dans l’utilisation d’une force idéologique déchaînée contre le régime d’Abidjan, mais d’une vérité enchaînée dans l’aigreur d’en vouloir au pouvoir d’Abidjan.
Être resté fidèle dans notre tradition de croyance en une politique de stabilité de paix, et constant dans le travail depuis 1960, grâce à des dirigeants qui ont découvert dans leur expérience, une vision du monde bénéfique pour leur peuple, qui est rattachée à une idéologie sociale-libérale, sont une partie du problème entre les maliens et nous.
Pour cette raison, les effondrés dont le Mali, sont toujours à s’interroger sur la nature du lien qu’ils doivent établir après plus de 60 ans d’indépendance, pour venir à bout de leur pauvreté, du recul social, de la perte d’une partie du territoire occupée par des djihadistes.
Ces malheurs sont survenus en partie, par leur frivolité de double jeu politique, qui a contribué à fragiliser la cohésion sociale interne, la méfiance entre civiles et militaires que l’on peut illustrer par cinq alternances de régimes militaires, qui se sont succédés sans que rien n’est pu profiter au peuple.
La leçon mal apprise sur le double jeu politique par la junte malienne
Ce double jeu entre la vengeance du passé, et la croyance au changement, a été porté successivement par des putschistes comme Moussa Traoré, Amadou ToumaniTouré (ATT), Haya Sanogo, puis AssimiGoita, en tant que militaires, ne sont jamais parvenus à positionner leur pays dans un cadre de stabilité sociale, ni d’assainissement de l’espace politique malien.
Une perte de temps politique, tantôt civil, tantôt militaire, le Mali après son indépendance acquise le 22 septembre 1960, a choisi un régime collectiviste appauvrissant, inspiré de l’empire russe qui s’est effondré évidemment avec la destruction de l’URSS en 1991, sans jamais parvenir à la terre promise, par le premier président malien Modibo Keita, qui avait lâché les amarres du lien avec la France en 1960, en optant pour le communisme.
Nous sommes donc face à un remake du même scénario 62 ans plus tard, avec le sentiment d’une leçon mal apprise par la junte actuelle, qui profite encore des usufruits structurels des liens coloniaux auxquels, très peu ont été ajoutés depuis 1960.
D’autres pays à l’aune du Mali, ayant adopté ce régime totalitarisme, n’ont jamais réussi à bâtir un régime politique stable et doté de capacité de développement. La Guinée en est victime, le Burkina aussi.
Constamment, ces pays sombrent dans des insatisfactions sociales croissantes, d’une portion chaque fois plus grande de leur population, par manque de formulation de véritable politique de gouvernance claire sans laquelle, les prémices de menace de révolte, ou de coup d’état s’installent de manière progressive.
Face à cette situation de 60 ans de vicissitude de régime et de gouvernance, deux possibilités s’ouvrent à leurs dirigeants, le dilemme entre revenir dans la démocratie définitivement, ou rester dans le marxisme populiste, en continuant de désigner toujours des boucs émissaires à leur malheur, qui n’ offrira aucune solution de toutes les façons.
L’exemple de la fidélité ivoirienne dans le travail et la discipline
En Côte d’Ivoire, nous avons fait le choix de la démocratie, nous y sommes restés fidèles, et le pays a connu ce que le peuple ivoirien sait, et dont il s’enorgueillit des fondements de son développement structurel économique, social sous les regards médusés des voisins frontaliers, volages, et jaloux de notre succès.
Les comparaisons qui ont résulté, suite à notre agression par des camerounais lors de CAN 2022, rendent compte de l’état de cette fierté nationale.
62 ans plus tard après les indépendances, la Côte d’Ivoire a connu, une transformation politique, économique, et social d’une ampleur exceptionnelle, avec le passage d’un modèle de développement économique conduit par l’État, et un autre mettant l’accent sur l’ouverture de marché, la propriété privée, le libre échange commercial, et à l’investissement étranger. Cette vitalité économique a rendu notre pays dans le peloton des pays à forte croissance économique.
Fêter notre indépendance à un sens, c’est l’enjeu des diversités culturelles, la liberté d’expression, l’indépendance de la pensée, la responsabilité du peuple face son destin de libre choix.
Le Mali à la croisée des chemins de la démocratie, de la République, et des régimes militaires
Pendant ce temps, des pays qui ont vacillé entre les deux régimes de gouvernance, la démocratie et le totalitarisme déguisé en début des années 60, rencontrent encore des déséquilibres permanents entre les conditions sociales inégales infligées à la masse populaire, et l’opulence d’une classe dominante qui se cache dans des annonces de fausse fierté, de dignité, disant d’être d’une vieille descendance de guerriers des années 1235. Bienvenue au pays des slogans.
Pourtant, 62 ans après la chute de Modibo Keita, le Mali a perdu les 2/3 de son territoire cédés au djihadistes, régressé intellectuellement par hantise de se distinguer, dépendant énergétiquement par faute d’insuffisance de moyen, croire en armée sans âme, qui compte sur des mercenaires russes, etc.
Avec autant de faiblesses, comment peut-on logiquement défier le monde, narguer son premier partenaire économique, défier l’hébergeur de sa plus grande diaspora, et penser échapper au sort du sacrilège ?
Sur cette voie, le processus de dégénération de la junte paraît inévitable. Ce régime militaro-civil de transition, ignorant les principes élémentaires des rapports de force entre deux nations, croit dans sa bêtise pouvoir relever la tête en brandissant le chantage à celui qui a raison, et qui tient le plus de levier de coercition contre lui.
La confirmation de la thèse d’otage par le chantage
C’est tout simplement inadmissible, affligeant, et outrageant, de penser que la Côte d’Ivoire peut violer les droits des exilés politiques maliens, en échange de nos soldats pris en otage. D’ailleurs la thèse de prise d’otage se confirme si l’on s’en tient à l’exigence de monnayer la libération de nos soldats, contre un le déblocage d’une quantité d’argent. Cette attitude de la junte montre qu’elle était dans le faux, et tente de faire une amende honorable.
Retenons que l’on progresse toujours, d’une vérité moindre vers une vérité plus grande.
La bêtise insiste toujours, 62 ans après l’indépendance, l’arrogance de la junte malienne rappelle les sornettes de bien d’autres avant elle, comme Dadis Kamara en Guinée, Aya Sanogo au Mali, par la menace des opposants, l’humiliation sociale des ex-dirigeants, l’exacerbation du culte de la personnalité, le dénie de la vérité, ils ont fini comme ce qui est prévu dans le décret divin. L’arrogance précède la ruine.
Coulibaly Kalilou, opérateur économique