La projection des films en compétition pour les différents prix du Fespaco, dont l’Etalon d’Or de Yennenga, a commencé. Dans la catégorie Documentaire long métrage, le film «Le cimetière des Éléphants» de la Burkinabè Éléonore Yameogo a déjà conquis le cœur des festivaliers.
Dans un pays menacé de plus en plus par le fanatisme religieux et le terrorisme, seul le pouvoir de l’image et du son peut se poser comme un rappel à tous de la culture de la tolérance et la place de la foi dans nos cœurs et nos vies. Après la projection du Documentaire long métrage «Le cimetière des Éléphants», de la Burkinabè Éléonore Yameogo, en avant première, le 24 février, du Ciné Neerwaya de Ouagadougou, le débat est désormais ouvert.
Quel a été le rôle des missionnaires dans la colonisation ? Pourquoi ces hommes ont tout abandonné pour consacrer toute leur vie à l’église sur le Continent ? Ces missionnaires ont-ils profité de la naïveté des Noirs en les persuadant que tout était négatif au niveau de leurs us et coutumes ? Quel avenir pour l’église au Burkina Faso et dans toute l’Afrique de l’Ouest face à la menace djihadiste ?
La longue lettre d’Éléonore Yameogo, 70 minutes, est un questionnement de notre rapport avec la religion et notre culture. En interrogeant l’histoire, donc un historien enseignant chercheur, les missionnaires qui ont servi au Burkina Faso pendant plus de 50 ans, la réalisatrice interpelle nos consciences. Car beaucoup d’Africains épousent aujourd’hui la religion chrétienne sans savoir véritablement comment cette religion est arrivée dans nos pays. Le film retrace l’histoire des premiers religieux de la société des missionnaires d’Afrique fondée en 1868 par l’archevêque d’Alger Charles Lavigerie. Très vite, ces derniers seront appelés «Les pères blancs».
Pas à cause de la couleur de leur peau. Mais à cause des vêtements que portent les missionnaires. Pour ces premiers pères blancs, Alger n’est qu’une porte ouverte sur un immense continent où il faudra désormais apporter la « bonne nouvelle ». Après plusieurs tentatives pour essayer d’atteindre Tombouctou, les premières caravanes de missionnaires partent pour l’Afrique Centrale. Ce sont des apôtres, des aventuriers qu’Alger envoie au cœur de l’Afrique. «Le cimetière des Éléphants» a été réalisé avec le soutien du ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire. Pour Éléonore Yameogo, il est important que ce film soit vu sur tout le continent et au-delà de l’Afrique.
Le film met également en lumière la nécessité pour le chrétien de se réconcilier avec sa foi intérieure, montre comment la société traite les personnages du troisième âge. Car « beaucoup de ces missionnaires qui retournent en France ont le sentiment de n’être plus rien du tout. Alors qu’en Afrique, ils étaient quelqu’un ». Une situation qui n’est pas facile à vivre au seuil de sa vie. Pour la réalisatrice, «Cimetière des Éléphants» cherche à éclairer les Africains. «Aujourd’hui, lorsqu’on parle de missionnaires, les gens nous ramènent à la colonisation.
Cela, sans savoir réellement ce que les missionnaires ont apporté à l’Afrique. Je pense, comme cela est dit dans le film, que tout n’a pas été négatif. Les missionnaires nous ont beaucoup apporté. Même si, malheureusement, il y eu aussi beaucoup de dégâts», a-t-elle déclaré.
Fofana Ali, envoyé spécial