Ce sont des chiffres qui font froid dans le dos. En effet, selon la présidente du Conseil National des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire Namizata Sangaré, ce sont 2127 plaintes et dénonciation dont 555 cas relatifs au VBG et 182 cas de viol qui ont été enregistrés sur la période du 1er janvier au 27 septembre 2022.
A ces chiffres s’ajoutent 876 centres médicaux qui travaillent sans agrément à l’intérieur du pays sur 1288 existants.
Elle a donné ces chiffres, au cours de la présentation à la presse le jeudi 29 septembre 2022 à Abidjan, des rapports de 10 enquêtes réalisées dans divers secteurs par son institution.
Concernant le rapport sur la resocialisation des femmes détenues, l’enquête à couvert dix-huit maisons d’arrêt et de correction (Mac) sur les trente-quatre que compte le pays. Cette activité a porté sur un échantillon de cent quatre-vingt-six femmes incarcérées. D’après les données collectées, seules deux Mac sur les Dix-Huit visitées mènent des activités à l’attention des femmes pensionnaires.
Les Mac des villes de Bouaké et de Sassandra sont celles qui proposent des activités comme la couture et la coiffure aux pensionnaires. Toujours selon les résultats, contrairement à la grande majorité des Mac visitées, le catalogue d’activités n’est pas varié. Les pensionnaires n’ont d’autres choix que de se contenter de ce qui est proposé, à défaut de se tourner les pouces. La majorité des femmes détenues souhaitent apprendre un métier selon leur convenance à l’effet de se prendre en charge à la fin de leur séjour carcéral.
Sur ce point le Cndh propose comme solution, la construction d’établissements pénitentiaires pour les femmes, mettre à la disposition des Mac le personnel nécessaire à la mise en œuvre d’une réinsertion sociale affective, etc.
S’agissant de l’enquête sur le droit à la protection des enfants, elle a été menée auprès de soixante-trois établissements de protection de remplacement (Epr) et quatre-vingt-deux familles d’accueil. Il ressort après analyse que, la difficulté majeure de la quasi-totalité des Epr est le manque de ressources financières pour subvenir aux besoins des enfants pensionnaires et au bon fonctionnement des établissements. Bien que n’ayant pas d’assise juridique, l’enquête a permis de relever plusieurs difficultés rencontrées par les familles d’accueil. Notamment, la mauvaise éducation des enfants placés, les difficultés financières et le manque de suivi. Comme recommandations, le Cndh suggère d’allouer des subventions conséquentes aux Epr, afin d’améliorer leur fonctionnement et la prise en charge des enfants placés. Ainsi que ceux affectés par des travailleurs sociaux aux Epr afin de garantir au mieux la qualité des services fournis aux enfants pensionnaires.
Face aux effondrements d’immeubles récurrents à Abidjan, précisément dans les communes d’Abobo, Cocody et Yopougon, le CNDH a mené du 3 mai au 21 juin 2021, dans plusieurs localités, une enquête sur le respect des prescriptions de construction des bâtiments, en vue de comprendre et identifier les causes de l’effondrement des immeubles, de définir le rôle des acteurs du système et définir les dispositifs visant le respect des prescriptions.
Sur les effondrements d’immeubles, le CNDH recommande au ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, entre autres la décentralisation des guichets uniques à travers leur démultiplication tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, la facilitation de l’établissement du permis de construire et de l’ACD, la promotion de la coopération entre les populations et les services techniques publics notamment ceux du ministère et ceux des mairies, le renforcement du contrôle de la qualité des matériaux de construction.
A la fin de son exposée, Aka Kroo, conseiller au Cndh, a rappelé que depuis le 5 septembre 2022, le Cndh a lancé « le prix Cndh 2022 » qui a pour thème :« La prévention de la prise en charge des grossesses en milieu scolaire et l’effectivité des droits de la jeune fille en Côte d’Ivoire ».
Ce prix est destiné à récompenser les Organisations non gouvernementales (Ong) et les personnes œuvrant dans la lutte pour l’éradication des grossesses en milieu scolaire.
Fulbert Yao (herrwall2007@yahoo.fr)