Directeur de cabinet de Bédié pendant une vingtaine d’année, Dr Lénissongui Coulibaly, politologue, membre actif du Rhdp parle de l’avenir du RHDP et de celui du Pdci et fait une analyse de la situation politique actuelle.
Vous avez pris une part active à l’investiture de Mariatou Koné, première femme maire de la commune de Boundiali. En tant qu’ancien maire (1980 à 1996), quels conseils pouvez-vous donner au nouveau maire ?
Mariatou Koné m’a aimablement invité à prendre part à la cérémonie d’investiture en tant que maire de la commune de Boundiali. J’y suis allé avec beaucoup de plaisir car la fête était belle et j’ai eu l’occasion de revenir à Boundiali dans le cadre d’une manifestation de ce genre organisée par un de mes prédécesseurs. Après moi, il y a eu deux maires et aucun ne m’a invité à son investiture. Mais Mariatou Koné, dès qu’elle a été élue et même avant, a toujours eu pour moi beaucoup de considération.
Nous nous sommes rencontrés, entre intellectuels, à l’occasion d’un colloque à Yamoussoukro. Elle est venue à moi en disant : ‘‘Monsieur le maire’’. Je ne comprenais pas très bien. C’est bien après que je vais apprendre qu’elle est de Boundiali. Elle a mené des études universitaires brillantes et elle a atteint les plus hauts sommets par rapport à l’université puisqu’elle est professeur titulaire d’anthropologie. Mariatou a toujours eu beaucoup de considération et je ne pouvais pas ne pas répondre à son invitation. Elle a tenu à ce que je dise quelques mots, c’est ce que j’ai essayé de faire.
Quels conseils pouvez-vous lui donner pour ses premiers pas en tant que maire?
Il n’y a pas de conseils véritablement à lui donner. Voici une femme qui a atteint les sommets intellectuels mais qui est d’une humilité qui frise la timidité. Elle est restée humble, respectueuse. Elle aime les populations. Nous sommes à Boundiali, dans une société traditionnelle, en pleine transformation. Une société qu’il ne faut pas brusquer mais qu’il faut savoir approcher. Et je crois qu’elle a les atouts pour le faire. Je vous donne une image. Quand elle a fait son discours, il n’y a pas eu de niveau supérieur, l’un à l’autre. Elle a parlé d’un ton neutre, elle est restée respectueuse. Elle doit pouvoir réussir sa mission qui lui a été confiée.
Je ne pense pas qu’elle ait des problèmes avec les populations. Il est vrai que Boundiali n’est pas une commune très riche et j’en sais quelque chose. Je pense que tout l’aéropage de personnalités qui l’entourent et qui sont susceptibles de l’aider va constituer quelque chose qui lui permettra d’avoir les moyens de sa politique. Je sais qu’elle a des ambitions, des projets qu’elle veut réaliser mais qui ne se réalisent pas avec l’argent de sa poche. Ces projets se réalisent avec les moyens qu’on mettra à sa disposition, tout ce qu’elle réussira à collecter qui sont les fonds propres de la mairie. Je pense qu’il n’y a pas, véritablement, de conseils à lui donner. Elle est sur la route, tout est bien indiqué et elle a tous les atouts pour réussir.
Il y a, certainement, de petits pièges à éviter et des astuces à lui montrer…
On ne peut pas livrer les astuces de cette manière, parce qu’il y a de petits secrets ici et là (Rires). Je pense qu’elle le sait déjà puisqu’elle est dans l’administration. Elle doit faire attention à un certain nombre de points, singulièrement au niveau des finances. Les finances sont, dans une commune et partout ailleurs, le nerf de la guerre. Qu’elle fasse attention aux collecteurs, aux responsables des chargés de finances.
Vous avez été, pendant longtemps, très proche du président Bédié. Aujourd’hui, vous avez rejoint le Rhdp. Qu’est-ce qui a milité en faveur de ce choix ?
Vous me donner l’occasion de réagir à certains propos que j’entends, que je lis et auxquels, jusqu’ici, je n’ai pas voulu répondre. Il y a certains au Pdci et ailleurs qui ne comprennent pas et qui disent que j’aurai trahi. Regardiez-moi bien dans les yeux et vous verrez qu’il n’y a pas, chez moi, une ombre, l’once d’une trahison et je ne peux pas trahir.
Je voudrais vous faire remarquer que je suis chef dans mon village et je suis également chef de ‘‘bois sacré’’. J’ai une culture : c’est la culture sénoufo. La trahison est pratiquement un péché pour le sénoufo. Dire que j’ai trahi est, à la limite, une insulte. Mais je considère cela comme une méconnaissance des réalités. C’est vrai que j’ai été, parmi tous les militants du Pdci, pendant de longues années, aux côtés du président Henri Konan Bédié. Cela a commencé lorsque par un coup d’Etat, il a été chassé du pouvoir.
Personnellement, jusqu’à ce jour, j’ai toujours défendu sa position et je me suis demandé puisque nous étions à dix mois des élections, pourquoi ne pas attendre et aller aux élections puis le débarquer en ne votant pas pour lui. Je n’étais pas d’accord pour le coup d’Etat. J’ai pris fait et cause pour lui alors qu’il était en exil. C’est sans doute pour cela, après y avoir travaillé, après avoir pris des risques, être allé à la télévision pour le défendre que lorsqu’il est rentré au pays en octobre 2001, je me suis mis à son service de façon bénévole.
J’insiste sur cet aspect et sur le bénévolat. Certaines personnes m’ont dit : ‘‘on ne vous comprend pas, vous n’êtes pas très futé, comment vous pouvez travailler tout ce temps pour rien ? Malheureusement, c’est la réalité parce que je me suis dit, à un moment ou à un autre, peut-être quelque chose viendra et ce quelque chose n’est jamais venu.
Nous nous sommes retrouvés au sein du parti à discuter de la mise en place du Rhdp et d’un certain nombre de principes. La première question de principe était le problème de savoir si le Pdci irait aux élections. J’ai pris position en disant qu’il fallait y aller car la politique de la chaise vide n’a jamais résolu de problème. J’ai donné des exemples en disant qu’il fallait y aller car il faut éviter de honnir son chef. Imaginez un seul instant, alors que tout le monde s’était préparé pour aller aux élections, au dernier moment, on dit à la personne : ‘‘n’y va plus’’. Comment le lui dire et comment cette personne va-t-elle réagir ? Tout le monde a su que je n’étais pas de cet avis et qu’il fallait aller aux élections.
Globalement, on a accepté le principe, on a vu les résultats et c’est même mieux que l’autre. Ensuite, il y a eu le problème ; à savoir s’il fallait de sortir le Pdci du Rhdp dans lequel il militait et où il était un membre important. Personnellement, je n’étais pas de cet avis. Et avec d’autres, nous avons tenté d’expliquer notre position au président du parti, le président Henri Konan Bédié. Apparemment, ces explications n’ont pas suffi. De sorte qu’entre les deux tendances, il a choisi le point cumulant. Alors qu’il a eu la rencontre du Bureau politique, le 7 juin 2018, où certains membres du Bureau politique, le vice-président de la République et certaines hautes autorités et membres du parti ont été hués.
Aujourd’hui, la question se pose toujours de savoir qui a organisé cette huée parce qu’il fallait faire un choix. Si le président voulait peser le pour et le contre de la situation, il a apparemment fait un choix qui est celui de ne pas tenir compte de l’avis de ceux qui militaient en faveur du maintient du Pdci au Rhdp. Pour ces raisons, vous comprenez que je n’avais plus le cœur à l’ouvrage dans ces conditions. D’autant plus que le Rhdp est né, non seulement, à Paris mais on oublie souvent que Djedjé Mady et moi-même, nous avons eu un déjeuner chez le président Bédié où sur un bout de feuille, il avait déjà signalé cette intention de mettre sur pied quelque chose qui devrait permettre de sortir le pays de la situation dans laquelle il était.
Du début jusqu’à maintenant, j’ai toujours été Rhdp. Revenir au Rhdp, ce n’est pas une nouveauté pour moi, j’y étais, peut-être, pas dans la forme mais j’y étais. A partir de maintenant je suis Rhdp. Un point, un trait. Je ne suis pas un parvenu au Rhdp, je ne suis pas Rhdp parce qu’on m’aurait chassé, je reviens naturellement dans une situation à laquelle j’ai assisté depuis des années. Je ne trahirai personne en disant que j’ai participé à la mise sur pied de l’Appel de Daoukro, j’étais le Directeur de cabinet. Ma présence au Rhdp n’est pas nouvelle. Je ne peux pas prétendre être membre fondateur, ce sont les chefs qui sont les membres fondateurs.
Selon les informations, le clash entre vous et votre ex-patron est survenu lorsque vous avez apporté votre soutien au candidat Rhdp de Cocody, N’Gouan Mathias, lors des élections municipales. Qu’en est-il ?
C’est après le soutient apporté au candidat Rhdp de Cocody. Il n’y avait pas de consignes, il y avait des discussions. On disait d’un coté qu’il avait le Pdci et en face, les autres candidats. Nous sommes des amis, vous avez une situation chez vous et vous pensez que je peux intervenir. Si je peux vous aider, je le ferai. C’est une nécessité et c’est ce que j’ai fait pour le président Bédié. Je l’ai soutenu parce qu’il était en difficulté. C’est moi qui suis allé à la télévision, j’ai subi les armes de Guéï Robert, les militaires sont venus chez moi, j’ai fait cette déclaration pour soutenir le Pdci. Et pourquoi, alors que lui était en difficulté, je suis allé à lui pour le secourir, pourquoi je ne le ferai pas pour asseoir un ami ou le soutenir.
Il faut que les gens comprennent, je n’étais pas allé pour faire un discours. Je suis allé pour lui dire que je suis avec lui, je le soutiens et je pense qu’il est le bon candidat. J’ai pris le micro et j’ai simplement dit que je souhaitais qu’on fasse le bon choix et le bon choix pour moi, c’est N’Gouan Aka Mathias. Naturellement, mes adversaires ont trouvé moyens appropriés pour aller intoxiquer le président Bédié en disant que Lenissongui Coulibaly l’a quitté, il n’est plus avec lui etc.
La moindre des choses était de m’entendre. Mais non, il a juste cru en ce qu’on lui a dit. C’est ainsi que le lendemain, à 4 heures du matin, je vois sur les réseaux sociaux que je ne suis plus Directeur de cabinet du président Bédié. Je me suis dit ‘‘ok’’, Je suis libéré. Puisque le fait d’être Directeur de cabinet m’empêche de dire, à haute voix, ce que je pense, maintenant que c’est fini, c’est tant mieux. Ça, c’est le premier point.
Le second point, j’étais secrétaire exécutif chargé des sections, ensuite chargé des relations avec les partis politiques. On me dit, par la suite, que je ne le suis plus. Je dis mais qu’est-ce que cela peut me faire ? Un, je ne suis pas payé pour cela, et personne ne l’est pour le travail qu’il abat. On fait cela bénévolement. Deux, je suis maintenant libre de dire ce que je pense. Pour toutes ces raisons, vous comprenez que je suis véritablement à l’aise. L’information que vous avez eue est juste. Je la confirme. Cela a été fait de manière désinvolte sans considération pour ce que j’ai été, pour ce que je suis. Les gens oublient que je suis chef chez moi.
En route pour Boundiali, la délégation du Premier ministre a fait escale à Fodio, votre village. Vous qui êtes très proche du Premier ministre, comment avez-vous réussi à travailler toutes ces années en tant que Directeur de cabinet de Bédié alors qu’il est un membre fondateur du Rdr ?
C’est ce qu’on appelle l’honnêteté. Je suis dans un camp, il est dans l’autre. Ce sont des situations qui arrivent. Le Premier ministre est mon neveu. Ma famille est un démembrement de la famille Gon Péléforo Coulibaly. Notre village d’origine s’appelle Dokha situé à quelques kilomètres d’ici. Dans toutes les grandes familles, quand vous avez beaucoup d’enfants, certains partent pour différentes raisons et vont s’installer ailleurs. Mon grand-père fait partie de la famille Gon et a traversé toute la zone jusqu’à notre village qui s’appelle Folio.
J’ai de la famille dans tous les villages qui partent de Korhogo jusqu’à Folio. Nous avons été séparés par la politique. N’oublions pas que jusqu’en 1994, à la naissance du Rdr, tout le monde était au Pdci-Rda y compris Amadou Gon et son père et tous ceux qui sont aujourd’hui au Rdr. Je retourne là où je devais être. Cette séparation n’a rien de particulier et ce retour doit être considéré comme un retour naturel.
Vous avez quitté le Pdci. Mais vous auriez pu partir dans un autre parti, à l’Udpci, au Fpi, …. Pourquoi avez-vous choisi le Rhdp ?
Je suis politologue de formation. Un politologue, c’est quelqu’un qui analyse les situations politiques. De tout temps, j’ai été Pdci. Mon père l’a été. Mes parents l’ont été. Je dois vous confesser, ma mère a perdu beaucoup au Pdci. Parce qu’elle a perdu son œil au moment du fameux Pechoux. Si je suis au Pdci, c’est pour cela. Parce qu’il y a eu un Monsieur qui s’appelle Félix Houphouët-Boigny qui a réussi à faire bannir, par le parlement français, le travail forcé. Et pour toutes ces raisons, du Poro à la Bagoué, nous sommes reconnaissants au Président Houphouët-Boigny d’avoir supprimé le travail forcé.
Et c’est parce qu’il nous a donné cette liberté, il nous a libéré du colonialisme que beaucoup parmi nous sont au Pdci-Rda. Aujourd’hui, le Rhdp a repris cette lutte sous une autre forme, peut-être. Je ne pouvais pas être ailleurs que dans ce parti. Aller au Fpi, je n’ai pas l’âme d’un socialiste et je ne le serai jamais. C’est un combat utopique. J’étais déjà militant aguerri du Pdci-Rda.
Vous le politologue, comment voyez-vous l’avenir du Rhdp ?
L’avenir du Rhdp, je le vois brillant. Le Premier ministre a donné des indications, hier (samedi 16 mars, ndlr), au cours du meeting. Je n’ai pas sa verve, son talent pour reprendre les choses qu’il a dites. Mais en tout cas, c’est ce que je pense. Si vous regardez les résultats des dernières élections, vous allez vous rendre compte que c’est un combat inutile de la part des autres. Il faut qu’ils existent. Ce n’est pas un monopole politique. Il faut que les autres soient là. Mais ils savent aujourd’hui qu’ils ne peuvent obtenir que la partie congrue. Politiquement, il faut qu’ils disent, de temps en temps, ce qu’ils pensent. Parce que si vous n’avez pas quelqu’un qui vous incite à mieux faire ou à revoir ce que vous êtes en train de faire, c’est souvent gênant. C’est une bonne chose qu’ils soient là. Mais je ne crois pas qu’ils aient la possibilité de pouvoir gagner des élections dans les années qui viennent.
Le Rhdp, comme vous le dites, à un bel avenir. Comment comprendre alors que certains partis refusent d’y adhérer ?
Je ne crois pas qu’on soit dans la position où on oblige qui que ce soit à venir. Etre dans un parti politique, c’est un choix. Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux que vous allez dire : ‘‘j’arrête mon choix’’. La mise sur pied d’un parti politique est destinée à faire face à un objectif qu’on se fait régulièrement. Je veux obtenir le pouvoir et l’exercer. Mais vous savez qu’il y a des gens qui n’obtiendront jamais le pouvoir même s’ils constituent un parti politique. Cela arrive. Ils sont nombreux les partis politiques qui savent qu’ils n’auront jamais aucune possibilité de parvenir au pouvoir. C’est peut-être par des alliances qu’ils peuvent obtenir une parcelle de ce pouvoir. Je parle du pouvoir d’Etat. S’ils ne veulent pas venir, ils ne viennent pas. Ceux qui sont là, ceux qui sont convaincus de la nécessité de mener ce combat, ils sont là, ils feront le combat et ils gagneront.
Pensez-vous qu’on pourrait revoir le Président Ouattara et Bédié fumer le calumet de la paix ?
Avant d’en arriver là, vous savez aussi qu’ils étaient dans des positions similaires. Avant la lune de miel, il y a eu des positions très tranchées. Ce qui s’est fait une première fois peut revenir. Mais je suis honnête avec moi-même en me disant, tout en le souhaitant, je suis en train de me demander, comme beaucoup d’Ivoiriens, comment est-ce que cela a pu arriver ? Je me suis demandé, est-ce que dans un camp, singulièrement celui du président Bédié, on n’est pas allé trop loin. J’essaie d’être sage, j’ai appris à l’être. Il y a des choses qui ont été dites, qui ont été faites et qui, dans mon sens, ne vont pas dans cette direction. En tout cas, de la part de mon ancien patron. Maintenant, c’est à lui d’apprécier. C’est lui le chef. C’est le souhait que nous exprimons de vouloir que la situation s’arrange. Si elle s’arrange, ça ira. Ce sera pour le bien de l’ensemble du pays.
Le 8 mars lors de la Journée de la femme, on a vu Dominique Ouattara et Henriette Konan Bédié côte-à-côte. On peut espérer que les hommes prendront le relais…
On l’espère. Tout en étant circonspect, on se posera beaucoup de questions. Peut-être que les femmes peuvent réussir à le faire. Mais encore une fois, je crois que cela va être très difficile. Il ne faut pas arriver à la situation ‘‘un coup KO’’. C’est-à-dire, une situation telle que l’autre a été obligé de rendre les armes. Il ne faut pas arriver à cela parce que ça sera une humiliation. Aujourd’hui, les gens qui entourent le président Bédié lui font mener une politique telle qu’on va droit dans le mur. C’est mon sentiment.
Je le leur ai dit. Ce n’est pas de cette manière que j’aurai conduit les choses. La politique, c’est une question d’intelligence. C’est une question d’être malin. On ne peut pas faire comme certaines populations qui, pour manifester leur force, pensent qu’il faut montrer du muscle. Mais on ne fait pas la politique avec du muscle. Cela n’est pas bon. Si Gon Péléforo a réussi à sortir la Côte d’Ivoire, à l’époque, de certaines situations, c’est parce qu’il avait cette intelligence politique qui a fait qu’il n’est pas allé à la confrontation.
Et c’est pour cela que le Président Houphouët-Boigny avait beaucoup d’admiration pour lui. SI Vous avez deux situations que vous voulez les résoudre, très souvent, ce n’est pas celui qui a la force physique, qui a la bouche, comme on le dit, qui réussi à vaincre. Je crains qu’on ne soit dans une situation où Bédié est en train d’aller dans un mur. Je suis désolé, c’est ce que je pense. Je ne le souhaite pas pour eux, on ira à la compétition et on verra.
Que pouvez-vous faire pour rapprocher Bédié et Ouattara?
Il y a une expression qui dit que : « Les armes de l’Etat ne doivent pas être montrés aux peuples ». Je ne peux pas vous exposer une telle critique, je ne peux pas le dire, et même si je pouvais le faire, je ne peux pas vous le dire. Ce qui est sûr, on va le mettre sur la couverture de la prière et on va tous prier pour que cela arrive. Ce rapprochement est souhaitable, mais cela va être une tache vraiment difficile. Il faut espérer et être patient. Mais, je ne vous dirai pas ce que je saurais faire.
Ne craignez-vous pas une crise plus profonde en Côte d’Ivoire avec ces dissensions entre le Pdci et le Rhdp ?
Il ne faut pas ramener la Côte d’Ivoire à deux personnes. La Côte d’Ivoire, ce sont des millions de personnes. C’est vrai que se serait plus facile si les deux politiques s’entendaient et je ne pense pas qu’à cause de cette situation, il va avoir une guerre dans notre pays. La paix, elle est là, mais il faut simplement essayer de la développer. Il y a des signes encourageants quand on voit Mmes Bédié et Ouattara se mettent ensemble pour célébrer la femme.
Quelle analyse faites-vous de la démission de Soro Guillaume de la tête de l’Assemblée nationale ?
Soro Guillaume est un jeune frère. C’est bien dommage. Nous avons suivi cette affaire. Il a été élu député Rhdp. Il aurait affirmé qu’il ne se sentait plus au Rhdp et qu’il ferait un choix. Si tel est le cas, il a fait son choix. Chacun d’entre nous est libre de faire son choix. S’il a décidé de partir, c’est son choix et il faut qu’il l’assume.
N’avait-il pas plus d’intérêt à rester au Rhdp ?
J’aurai tendance à croire cela. Dans la mesure où je suis au Rhdp, on a tendance à dire que le plus de personnes qui viennent au Rhdp, sont Rhdp. Mais s’il est parti, on ne peut que le regretter.
Quelle analyse faites-vous du rapprochement entre Soro Guillaume-Bédié et le Fpi ?
Je suis surpris par certaines positions. Pour Soro, cela ne pose pas de problème particulier. Ici dans nos contrées, on cherche toujours à s’approcher des aînés pour avoir des conseils. Je crois que c’était dans cette optique-là. Maintenant, je vois que cela a pris une autre tournure et c’est une histoire de plateforme. On verra ce que cela donnera. Mais cet assemblage me semble bizarre. Je ne vois pas la concordance où la corrélation que les uns ont avec les autres. Et c’est pour cela que je dis : ‘‘Rhdp Oyé’’ !
L’ancien Président Laurent Gbagbo a été acquitté par la Cpi. Pensez-vous qu’il doit rentrer au pays pour prendre toute sa place ?
C’est une question à laquelle j’aurais souhaité ne pas répondre. C’est toujours difficile d’avoir quelqu’un en prison, privé de sa liberté. C’est un Ivoirien et à ce titre il doit être en Côte d’Ivoire. Trop de passion entoure cette affaire. Ce qui fait que s’il rentre au pays, il risque lui-même de tomber dans cette passion. Avec toutes ces personnes fanatiques dans les rues, cela risque de lui créer des problèmes.
Comment voyez-vous 2020 ?
Si c’est pour savoir ce que les élections vont donner, je ne dis pas que les résultats sont connus d’avance, mais je crois qu’ils seront certainement ceux que nous souhaitons. Avec la couverture du Rhdp que nous avons à travers le pays, avec les explications qui se font à travers le pays, grâce au mouvement, par exemple, ‘‘Sur les traces d’Houphouët-Boigny’’, ‘‘Le Forum des Houphouétistes’’, ‘‘Pdci-Renaissance’’, etc.
Nos frères du Pdci ont parfois rapporté des propos qui n’étaient pas proches de la réalité. Ils ont fait croire que le Rhdp était refusé par la population, que les gens n’en voulaient pas. Ce qui n’est pas juste. Il fallait que certaines choses soient expliquées aux populations, ce qui a été fait. Avec tout ce qui est fait et tout ce qui est entrain de se faire, les Ivoiriens ont compris.
Beaucoup d’Ivoiriens sont sceptiques quant à 2020…
J’ai l’avantage de ne pas savoir lire dans les boules de cristal. Mais je sais que certaines personnes peuvent instrumentaliser leurs militants. Les autorités doivent pouvoir prendre certaines dispositions pour éviter que cela n’arrive. Ce serait vraiment dommage qu’au moment où on commence à monter la pente avec toutes les actions du Président Alassane Ouattara et son gouvernement, que de mauvaises actions viennent nous faire reculer. Je souhaite vraiment que nos enfants aient un avenir meilleur. Cela passe par une situation de paix. L’argent n’aime pas le désordre, il faut l’éviter. Nous venons de Boundiali et vous avez vu ce qui a été fait : le bitume, les stations d’essence. Il y a des années, l’accès était très difficile. Et si ce travail a pu être fait, c’est parce qu’il y a la paix. Et ce n’est pas seulement à Boundiali que ce type de travail a été fait. C’est le cas dans de nombreuses villes et villages du pays.
Faites-nous, sans vous contraindre à lire dans une boule de cristal, le portrait robot du candidat qui pourra gagner la présidentielle en 2020 ?
Il faut d’abord se poser la question de savoir ce que le peuple ivoirien veut ? Les Ivoiriens veulent vivre dans une Côte d’Ivoire en paix. Ils veulent des résultats, ils veulent un certain nombre d’éléments qui puissent leur permettre de dormir en paix. Si ces choses peuvent être garanties par quelqu’un, ce serait lui leur candidat. Les Ivoiriens se reconnaîtront en lui. Nous sommes sur une trajectoire, nous avons un pays où les autorités ont fait un certain nombre de réalisations et qui continuent à le faire. Nous avons des projets qui démarrent partout à l’intérieur du pays. Le candidat qui m’assure qu’il pourra poursuivre tous ces projets, dans la paix et la sécurité, ce sera lui le choix des Ivoiriens.
Interview Réalisée par Touré Yelly