Depuis le 26 juillet 2023, suite à un putsch, les militaires sont de nouveau aux commandes du Niger. Pourtant, ce pays qui était coutumier des coups d’État, avait depuis quelques années laisser croire qu’il endossait définitivement le principe démocratique comme voie d’accès au pouvoir d’État.
Que nenni ! Ce pied de nez fait à la démocratie et à la communauté internationale, notamment à la CEDEAO, a obligé celle-ci à réagir avec fermeté. Bien que privilégiant la voie pacifique pour le règlement de cette crise, l’organisation ouest-africaine a pris des sanctions économiques sévères et concomitamment enclenché la possibilité d’une intervention militaire. Cela, pour rétablir le président Mohamed BAZOUM, actuellement aux mains des putschistes, dans ses fonctions de président de la République du Niger.
Parmi les leaders en vue dans le règlement de cette crise sous-régionale, se trouve sans conteste le président ivoirien Alassane Ouattara. Il a affiché une nette fermeté face aux auteurs de ce coup d’État. Aussi, plusieurs intellectuels et personnes affirment-ils ne pas comprendre ce durcissement de position du numéro 1 ivoirien, alors qu’il devrait, selon eux, adopter une position moins extrême en raison de son âge.
En réalité, ces personnes ne comprennent sans doute pas les piliers de la gouvernance d’ADO, qui, d’ailleurs constituent les facteurs clés du succès de celle-ci.
Premièrement, Alassane Ouattara, en républicain convaincu, fait de la stabilité de l’État le préalable à son développement. Celle-ci devant reposer sur des institutions fortes et dont les règles de fonctionnement doivent régenter pleinement et sans demi-mesure, le fonctionnement de l’État et la vie en commun.
A ce propos, à l’occasion de la présentation des vœux de nouvel le 06 janvier 2020, il affirmait : « C’est avec des institutions fortes et crédibles que nous pourrons agir sereinement, assurer le bien-être des populations et renforcer davantage la cohésion nationale ». Et d’insister : « je voudrais vous assurer de ma détermination à faire respecter le fonctionnement normal des Institutions de la République avec la plus grande rigueur. Je demande à nos concitoyens de faire confiance à nos Institutions ».
Deuxièmement, pour rappel, Houphouët-Boigny n’avait de cesse de répéter : « je préfère l’injustice au désordre ». ADO, en tant qu’Houphouetistes endosse sans complexe ce principe, en faisant du maintien de l’ordre public une épine dorsale de sa gouvernance et un préalable à tout. En effet, quand s’installe le désordre, c’est la porte ouverte à toutes sortes d’imprévus et sans doute à la mise à mal de la paix et de la stabilité d’un pays.
Troisièmement, pour Alassane Ouattara la démocratie demeure le régime politique qui garantit le plus une vie publique normale, participative et paisible. C’est pourquoi, toutes les autres voies d’accès au pouvoir d’État sont pour lui, à proscrire. Car, elles constituent des aventures sans lendemain. C’est ce qui justifie qu’il soit resté jusqu’à ce jour, inflexible, dans la perspective des remises de peine des personnes reconnues coupables de déstabilisation en Côte d’Ivoire.
Qu’on l’aime ou que ne l’aime, ce sont là ces principes qui fondent la gouvernance d’Alassane Ouattara et qu’il entend faire valoir au sein de la CEDEAO. C’est donc ce justifie sa fermeté vis-à-vis de la junte nigérienne. Et il ne faut surtout pas penser que le président ivoirien viendrait à ramollir sa position. Bien au contraire, la junte nigérienne doit s’attendre à un durcissement de la position de la CEDEAO, si elle refuse de céder le pouvoir au président démocratiquement élu Mohammed Bazoum.
Nurudine OYEWOLE
Expert-consultant en communication
Analyste politique