La communauté chrétienne catholique est jeûne depuis le 14 février dernier. De même, les musulmanes observent le jeûne depuis 11 mars 2024. Comme à l’accoutumée, en cette période de privation, les habitudes alimentaires de ces croyants connaissent un chamboulement. En effet, pendant cette période «de piété et du partage», de milliers de croyants musulmans consomment de plus en plus des fruits. Cependant, selon Dr Anne-Sophie Parent, endocrinologue-diabétologue au centre hospitalier de Roubaix, il faut faire attention certains fruits car malheureusement, ils se révèlent, en effet, bien plus sucrés que d’autres. Ils peuvent ainsi rapidement faire monter la glycémie, soit le taux de sucre dans le sang. « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un fruit, c’est toujours sucré», explique Dr Anne-Sophie Parent, qui conseille de manger la banane avec modération : «on considère qu’une banane ou une pomme, c’est l’équivalent de quatre morceaux de sucre». Dans le détail, l’indice glycémique moyen d’une banane mûre est estimé à 65. Ce qui est relativement élevé. Plus une banane est mûre, poursuit-elle, plus elle sera concentrée en sucre. C’est pourquoi, il est donc plutôt recommandé de la consommer, avant un effort physique pour faire le plein d’énergie ou en fin de repas en préférant peut-être se limiter à une demi-banane. «Ce fruit contient par ailleurs plein d’autres nutriments qui se révèlent excellentes pour le bien-être de l’organisme et ne mérite donc pas d’être totalement exclue de l’alimentation. Le tout étant simplement de trouver le bon équilibre en ayant conscience de son indice glycémique», exhorte Dr Anne-Sophie Parent.
A l’en croire Dr Anne-Sophie, même chez les personnes non diabétiques, lorsque la glycémie est trop élevée, le pancréas va sécréter de grandes quantités d’insuline. Ce qui peut favoriser la formation de graisses dans les cellules, à partir de ce sucre disponible et donc la prise de poids. C’est pour cette raison qu’il faut veiller à limiter sa consommation d’aliments à fort indice glycémique, a-t-elle laissé entendre, évoquant notamment, les dattes avec un index glycémique estimé à 103. Il y a aussi la pastèque qui a un index glycémique estimé à 72. Le melon fait bien partie des fruits à forte teneur d’index glycémique, soit 72.
La goyave fait également partie, elle est de 63. L’ananas n’échappe pas par son goût sucré et sa richesse en eau qui lui confère un index glycémique de 59, avec la papaye faisant 56 et les raisins noirs sont estimés à 53. «Les fruits à index glycémique élevé augmentent davantage la glycémie. Néanmoins, ils ne sont pas à supprimer pour autant. Des astuces existent pour diminuer l’index glycémique d’un aliment (la cuisson, le fait de consommer le fruit avec d’autres aliments… et ainsi de suite)», a-t-elle fait savoir.
Si l’impact d’un fruit sera effectivement moindre sur la santé que celui d’un aliment sucré transformé tel qu’une barre chocolatée ou qu’un bonbon, argumente-t-elle, chez les personnes diabétiques, un abus de fructose (le sucre naturellement présent dans les fruits) peut tout de même causer des dégâts. «Une augmentation trop brutale et soudaine du sucre dans le sang peut être néfaste chez les diabétiques, dont le mécanisme en charge de réguler l’insuline dysfonctionne», conclut Dr Anne-Sophie Parent.
Ange Sarah