Dans la lutte contre l’incivisme routier et la sécurité des personnes et des biens, les autorités ivoiriennes ne ménagent aucun effort. Elles multiplient les actions. Au nombre de celles-ci, la vidéo-verbalisation. En effet, elle fait partie des réformes mises en œuvre par le Gouvernement ivoirien dans le cadre de la Stratégie nationale de Sécurité routière (SNSR 2021-2025). La vidéo-verbalisation vise à réduire de 25 % d’ici à 2025 le nombre des tués sur les routes. Ce dispositif couvre des infractions telles que les excès de vitesse, le non-respect du Stop au feu rouge, l’absence de ceinture de sécurité ou de certificat de visite technique. La vidéo-verbalisation est accompagnée de mesures spécifiques pour les motos et tricycles, notamment : L’immatriculation et la visite technique obligatoires pour tous les véhicules, y compris ceux à deux et trois roues. L’obligation du port du casque, du permis A, d’équipements comme les rétroviseurs et gilets réfléchissants. Ainsi que la mise en place de plans de circulation adaptés et de panneaux de signalisation dédiés. Depuis son lancement en mai 2019, la vidéo-verbalisation a transformé les habitudes des usagers de la route, les rendant plus consciencieux et respectueux du Code de la route. Selon le ministère des Transports, la phase de test menée entre mai 2018 et janvier 2019 avait enregistré 1,3 million d’infractions à Abidjan. Mais avec l’introduction de la répression, ce chiffre est tombé à 300.000 cas, avec un taux de règlement de 80%, a indiqué Lucien Tiéssé, Directeur général des transports terrestres, lors d’une tribune du CICG. Les chiffres des accidents montrent une tendance à la baisse d’environ 31%, qui est passé de 1.833, en juin 2024, à 1.403, en septembre 2024, selon le conseil national de sécurité. Autre retombée positive. Grâce à la vidéo verbalisation, la vitesse moyenne des automobilistes est passée de 80 km/h en 2021 à 59 km/h en 2022. De plus, avec la digitalisation des contraventions, le paiement des amendes est désormais plus rapide et transparent. Ce mécanisme a réduit considérablement les risques de corruption tout en facilitant le suivi des infractions.
Police spéciale de la sécurité routière (Pssr): Un acteur clé contre l’incivisme routier
La police spéciale de la sécurité routière (Pssr) a fait officiellement sa sortie, à l’occasion de la visite d’Etat du Président Alassane Ouattara, dans la région du Hambol, en novembre 2019. Cette unité de police est rattachée au Ministère des Transports. Sa mission est de sensibiliser les usagers et prévenir des accidents de la route et faire de la dissuasion. Aussi, elle surveille le réseau routier, le traitement des zones accidentogènes, les contrôles inopinés des pièces afférentes aux engins et véhicules, et des tests d’alcoolémie renforcés. C’est une unité commandée par le commissaire de Police, Touré Abdul-Kader. Elle est composée de policiers et gendarmes. Depuis son déploiement, la PSSR a permis de mettre des milliers de véhicules en fourrière ; d’incriminer plusieurs véhicules pour surcharge de passagers ou défaut de visite technique, défaut d’assurance, absence de carte grise, ainsi que l’interpellation de conducteurs pour non-port de la ceinture de sécurité, pour usage du téléphone au volant et pour conduite en état d’ébriété après des tests d’alcoolémie réalisés. En première ligne dans la lutte contre l’incivisme sur les routes, la PSSR agit avec l’appui de l’Office de la Sécurité Routière (OSER), de l’Observatoire de la Fluidité Routière (OFT) et d’autres démembrements du ministère des transports.
Police Recours: un dispositif de proximité
Mise en service, le 20 décembre 2022 par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, Police Recours est un outil d’alerte et de secours, qui se veut le plus proche des populations. Elle fonctionne avec des caméras embarquées. Celles-ci sont, non seulement installées dans les véhicules, mais elles permettent également aux policiers de filmer toutes leurs interventions. Sa mission consiste à apporter une réponse rapide aux différentes alertes et préoccupations des populations. Police recours assure et protège les populations dans le rayon du point d’ancrage ; assiste les personnes en détresse ; intervient et interpelle les malfrats ; alerte en cas de besoin les unités spécialisées pour le traitement des faits spécifiques tels que les incendies, les troubles à l’ordre public, les accidents de la circulation ; fournit des renseignements aux populations sur des questions sécuritaires et toutes autres informations utiles qui pourraient intéresser les populations. De même, Police recours rend compte à la hiérarchie sur tout fait anormal se produisant sur la voie publique ou porté à leur connaissance. « Les acteurs de cette nouvelle unité déployée aux carrefours stratégiques sont les primo-intervenants en matière de prise en charge sécuritaire », avait souligné le contrôleur général de Police, Siaka Dosso, préfet de police d’Abidjan, le mardi 30 mai 2023 au Plateau, au cours de la tribune d’échange « Tout savoir sur (TSS) » du CICG. Premièrement déployée dans les communes de Cocody, Plateau et Marcory, Police Recours, est aujourd’hui, dans la ville d’Abidjan scindée en cinq zones (Abobo, Adjamé/Plateau, Yopougon, Cocody, Zone sud). Elle est également dans quatre (04) villes de l’intérieur notamment celles devant abriter la CAN 2023 (Korhogo, Bouaké, Yamoussoukro et San Pedro). Son dispositif sera complété par des drones. En termes de bilan, police recours a effectué 6.922 interventions à la date du 28 mai 2023 à Abidjan et à l’intérieur du pays. Elle a même retrouvé des objets dont une somme de 5 262 000 FCFA sur une victime d’accident de la circulation.
Fulbert Yao