Dans le paysage entrepreneurial ivoirien, Anne Cécile Konan incarne une figure de résilience et d’engagement. Présidente de l’Union nationale des femmes handicapées de Côte d’Ivoire (Unafehci), elle est à la fois cheffe d’entreprise, coordonnatrice de projets et défenseure des droits des personnes handicapées.
Sa trajectoire est marquée par une volonté de briser les barrières et d’offrir des opportunités aux personnes en situation de handicap. A la tête d’une entreprise d’agro-transformation située à Dimbokro, elle est spécialisée dans la valorisation de l’amande de cajou. Son entreprise produit de l’huile, du beurre et du savon à base de cajou, tout en préservant un engagement fort pour l’inclusion. Son personnel est composé à parts égales d’hommes et de femmes, de personnes valides et en situation de handicap. Une démarche qui, selon elle, contribue à changer le regard de la société sur le handicap.
« Quand une personne handicapée travaille et subvient à ses besoins sans attendre l’assistance de quiconque, elle retrouve sa dignité », affirme-t-elle avec conviction. C’est en constatant les difficultés des personnes handicapées à accéder à l’emploi que l’idée de créer une entreprise-« école » est née. Elle souhaite ainsi leur offrir une première expérience professionnelle et leur permettre de développer des compétences valorisables sur le marché du travail. Cette initiative résonne avec les réformes en cours dans le pays, notamment la mise en place d’un quota d’embauche pour les personnes handicapées dans le secteur privé. Cependant, le chemin de l’entrepreneuriat ne fut pas sans embûches.
« Il faut du capital, des formations, une bonne gestion des ressources humaines et financières. Trouver du matériel de travail a aussi été un défi », explique-t-elle. Heureusement, des soutiens institutionnels et internationaux, comme la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire ou encore la GIZ, lui ont permis de surmonter ces difficultés. Le modèle mis en place par Anne Cécile Konan ne passe pas inaperçu. Son entreprise attire l’intérêt au niveau national et international, notamment en Allemagne, où elle a été invitée à présenter son savoir-faire.
« Nous avons prouvé qu’on peut transformer l’amande de cajou à grande échelle, tout en intégrant des personnes handicapées à tous les niveaux », se félicite-t-elle.Une voix forte pour les femmes handicapéesEn prévision de la Journée internationale des droits des femmes, Anne Cécile et son organisation entendent réclamer une place légitime pour les femmes en situation de handicap. « Nous voulons défiler, prendre part aux débats, sensibiliser. Trop souvent, nous sommes oubliées dans les revendications féministes », souligne-t-elle.
Mère et entrepreneure, elle jongle entre ses responsabilités professionnelles et familiales avec détermination. « Comme toutes les mères qui travaillent, ce n’est pas simple. Mais mon enfant est ma responsabilité, et je fais tout pour lui offrir une vie digne », confie-t-elle. Pour Anne Cécile Konan, l’avenir des femmes handicapées en Côte d’Ivoire passe par une meilleure reconnaissance de leurs droits.
« Nous contribuons à la société. Nous avons droit à un travail décent, à l’accès aux soins, à l’autonomisation. Notre voix doit compter. »
Femme de combat, elle incarne un modèle inspirant d’inclusion et de persévérance, œuvrant pour un avenir où le handicap ne sera plus un frein à l’épanouissement et à la reconnaissance sociale.
Ange Sarah