Issoufou Mahamadou, président de la République du Niger et président en exercice de Cedeao, a exigé le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Kéita en tant que «président de la République», conformément aux dispositions constitutionnelles de son pays, dans son discours de clôture du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) tenu ce mercredi par visioconférence sur la situation au Mali.
Sur la base de son Protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie, la Cedeao a condamné avec fermeté «les menaces et les pressions ainsi que les manipulations» effectuées par les militaires putschistes sur le président Ibrahim Boubacar Kéita pour le contraindre à annoncer une démission contre son gré.
Elle a également condamné avec «la plus grande fermeté» la tentative de renversement par des militaires putschistes du gouvernement démocratiquement élu du président Ibrahim Boubacar Kéita ; dénié catégoriquement toute forme de légitimité aux militaires putschistes et exigé le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel ; exigé la libération immédiate du président Ibrahim Boubacar Kéita et de tous les officiels arrêtés ; rappelé aux militaires putschistes leur «responsabilité sur la sûreté et la sécurité».
Les dirigeants de l’organisation sous-régionale ont maintenu la suspension du Mali de tous les organes de décision de la Cedeaoavec «effet immédiat».
Toutefois, ont-ils indiqué, le cadre de dialogue institué «reste valable» et «le médiateur Goodluck Jonathan est disponible pour continuer sa mission de rapprochement des positions de toutes les parties et de réconciliation du peuple Malien».
«Nous allons donc engager des discussions avec les responsables de la junte militaire pour leur porter le message de notre communauté et leur faire comprendre que le temps des prises de pouvoirs par la force est révolu dans notre sous-région», a déclaré Issoufou Mahamadou.
«Nous travaillerons de façon inclusive, avec tous les fils du Mali afin que ce pays s’engage dans un processus où ses institutions démocratiques seront pleinement rétablies et opérationnelles, et ce, dans les meilleurs délais», a-t-il indiqué.
N’empêche, de sources diplomatiques, la nature des sanctions divise les dirigeants de l’organisation.
En effet, dans un message posté sur la page Facebook de la présidence sénégalaise, le président Macky Sall a désapprouvé le recours à la force pour réinstaller le président Ibrahim Boubacar Kéita au pouvoir.
«Le Président Macky Sall a condamné le coup d’Etat au Mali et appelle la Cedeao à réapprécier les sanctions annoncées pour tenir compte des impératifs humanitaires. Dans cette perspective, les denrées de première nécessité, les produits pétroliers et les produits pharmaceutiques ne devraient pas être concernés par l’embargo…», peut-on y lire.
Cet amendement aurait été accepté pour être intégré dans la déclaration finale.
Le chef de l’Etat sénégalais a également prôné «la même lucidité concernant le recours à la force qui nécessiterait un mandat de l’ONU. Accompagner le Mali par le dialogue pour un retour à l’ordre constitutionnel, telle est la position du président Macky Sall», a conclu la publication.
AA