Le contentieux de la liste électorale provisoire s’est qui déroulé du 22 mars au 5 avril 2025, a été une opération au cours de laquelle, l’opposition ivoirienne s’est adonnée à la délation et à la manipulation.
Que ne ferait pas l’opposition ivoirienne pour discréditer la Commission électorale indépendante (CEI) ? En tout cas, elle s’est pleinement engagée dans cette manœuvre. Pendant le contentieux, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le Front populaire ivoirien (FPI) et le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) ont tenté de démontrer par A+B que la liste électorale, qui leur a pourtant permis d’obtenir des élus à l’Assemblée nationale, au Sénat ainsi que dans les conseils municipaux et régionaux, n’est pas fiable.
Par ricochet, ils ont sous-entendu que la CEI n’aurait pas accompli son travail. Lors d’un point de presse, un cadre du FPI, Appolos Dan Thé, a affirmé qu’en violation de l’article 7 du Code électoral, 6 272 013 électeurs sur 8 millions seraient indûment inscrits sur la liste électorale. Il a également relevé des cas de doublons (439 000 cas principalement concentrés dans l’Agneby-Tiassa), où des électeurs apparaissent plusieurs fois avec des informations identiques, ainsi que des incohérences telles que des « mères et des pères avec un nombre irrationnel de progéniture ».
« Ces 6 millions d’électeurs sont indûment inscrits sur la liste électorale puisque leur inscription ne respecte pas l’article 7 du code électoral. Nous allons donc demander leur retrait. Pour moi, il n’y a pas à tergiverser », a-t-il déclaré.
Deux jours plus tard, le PPA-CI a emboîté le pas au FPI. Selon Me Habiba Touré, présidente de la Sentinelle anti-fraude électorale (SAFE) du PPA-CI, la liste provisoire transmise par la CEI contiendrait des anomalies surprenantes : des femmes de 60, 70, 80, voire plus de 100 ans enregistrées comme ayant récemment accouché, des électeurs plus âgés que leurs propres parents, ou ayant le même âge que leurs géniteurs, des personnes décédées toujours inscrites, ainsi que des falsifications de décrets de naturalisation. Face à ces accusations, la CEI ne pouvait rester indifférente.
Pour démontrer la mauvaise foi manifeste de l’opposition, elle a dévoilé une circulaire relative à l’opération d’identification de la population et du recensement électoral, datant du 21 octobre 2008 et signée par Guillaume Kigbafori Soro, alors Premier ministre sous Laurent Gbagbo. Cette note stipulait que les pétitionnaires ignorant les dates et lieux de naissance de leurs parents devaient être acceptés à l’enrôlement.
Dans ce cas, les mentions concernant leurs parents devaient être renseignées comme suit : lieu de naissance : INCONNU ; date de naissance : 01-10-1850. Cette note avait été soumise à l’appréciation des partis et groupements politiques (Majorité présidentielle, PDCI et RDR), ainsi qu’à la société civile et aux partenaires des Nations Unies, sans qu’aucune réserve ne soit émise. Pourquoi alors le FPI et le PPA-CI renient-ils aujourd’hui leurs engagements ? L’ex-député de Fresco, Alain Lobognon, acteur clé du processus électoral de 2010, est également monté au créneau pour dénoncer l’attitude de l’opposition. « Les annonces fracassantes relatives à de supposés millions d’illégaux sur la liste électorale ivoirienne sont infondées et marquent la mauvaise foi des partis politiques de l’opposition en Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré.
Dans une note publiée sur les réseaux sociaux, il a rappelé que la liste électorale de 2010, qui constitue la base des révisions et mises à jour successives, est à l’origine de la liste électorale provisoire actuelle. Après les différents contentieux, elle deviendra la liste électorale définitive des Ivoiriens appelés à élire, le 25 octobre 2025, le président de la République. Selon lui, c’est lors d’une rencontre présidée par Laurent Gbagbo le 4 juin 2010 au Palais de la Présidence que la méthode de validation de la liste électorale provisoire avait été adoptée. Il estime que tous ceux qui, aujourd’hui, tentent de discréditer cette liste étaient soit présents, soit représentés à cette réunion. Afin d’étayer ses propos, il met à disposition les conclusions de cette rencontre. Au regard de ces éléments, il est légitime de s’interroger sur la crédibilité de l’opposition, qui semble vouloir manipuler l’opinion publique. Après avoir passé des accords politiques, quinze ans plus tard, elle tente de remettre en question ses propres engagements, trompant ainsi l’opinion.
Fulbert Yao/L.F