En Côte d’Ivoire, la déforestation au profit du cacao a pris des dimensions inquiétantes, au cours des dernières décennies. La couverture forestière du pays, est passée de 12 millions d’hectares en 1960 à moins de 2 millions d’hectares aujourd’hui, selon les derniers rapports de la Banque mondiale.
Les effets conjugués de la pauvreté et du taux de croissance démographique élevé, associés au taux d’analphabétisme, de la population rurale et du fort taux de la population étrangère sont à l’origine de cette forte pression sur les ressources forestières.
Conséquence, la déforestation liée au cacao affecte aussi bien des espaces de biodiversité sensibles comme les parcs, les réserves et les forêts classées, ces derniers concentrant plus de 40 % de la production actuelle de cacao. Mais aussi, elle entraîne une dégradation importante des sols et met en péril la sécurité hydrique, la biodiversité et la sécurité alimentaire dans les régions de production
Alors que faire ? Des experts, interrogés par l’INFOEXPRESS proposent plusieurs pistes.
Résolument engagé dans la reconquête des forêts en Côte d’Ivoire, le Conseil Café cacao prévoit distribuer 60 millions d’arbres fruitiers et des espèces forestières compatibles avec la cacaoculture à l’horizon 2030, il.
En marge de la deuxième journée de la 15 e conférence des parties à la convention des nations contre la désertification qui se tient à Abidjan du 9 au 20 mai. Whatami Coulibaly le directeur de l’industrialisation des statistiques et de la prospective du Conseil Café cacao, a fait savoir qu’aujourd’hui toutes les cultures du cacao sont établies avec le concept de l’agroforesterie. Ainsi, les paysans reçoivent en moyenne une quinzaine d’arbres à l’hectare.
«Le conseil café cacao est résolument dans la reconquête des forêts en Côte d’Ivoire. Ainsi dans ce cadre 60 millions d’arbres seront plantés sur cinq ans. Pour la première année 3 millions 500 plants ont déjà été plantés. Et cela grâce au projet du recensement des producteurs», a-t-il indiqué.
Justement dans l’élan du recensement des producteurs, Whatami Coulibaly a noté que « 983 031 producteurs ont été recensés pour une superficie de 3 220800 hectares répertoriés. »
Poé Carine-Laure, directrice chargée des délégations régionales et de la commercialisation intérieure a fait remarquer que la Côte d’Ivoire est en avance dans la lutte contre la désertification et de la sécheresse. Cela se voit à travers les initiatives telles le cacao durable ou le cacao zéro déforestation à laquelle la Côte d’Ivoire s’est engagée depuis quelques jours.
Outre cela, l’initiative d’Abidjan, un des points essentiels de cette Cop 15 s’inscrit dans cette vision.
Selon le président Alassane Ouattara qui s’est exprimé, à l’ouverture de la COP 15, « La Côte d’Ivoire entend lever $ 1,5 milliard pour un programme sur cinq ans de restauration des terres afin d’accroitre la superficie forestière et la production alimentaire, a indiqué hier le président Alassane Ouattara.
« En réponse aux défis de la sécheresse et de la restauration des terres, mon pays a élaboré un important programme, dénommé « L’Initiative d’Abidjan » ou « Abidjan Legacy Program ». Ce programme, dont la vocation est de permettre à la Côte d’Ivoire d’intégrer dans ses stratégies de développement, les approches de gestion durable des sols et de restauration de nos écosystèmes forestiers fortement dégradés, nécessitera, pour sa mise en œuvre, la mobilisation de 1,5 milliard de dollar US, au cours des cinq (5) prochaines années. Je porte personnellement cette initiative que nous lancerons au cours de notre Sommet, avec l’espoir qu’elle inspirera d’autres pays, en Afrique et dans le reste du monde », a déclaré le Chef de l’Etat.
Le chef de l’Etat a aussi appelé au secteur privé pour financer un autre projet gouvernemental qui, lui, porte sur $ 1,1 milliard destiné à restaurer 3 millions d’hectares d’ici 2030.
« Une nouvelle Politique forestière, ainsi que sa stratégie de mise en œuvre, ont été adoptées en vue du recouvrement de 3 millions d’hectares de forêt à l’horizon 2030, pour un montant de 616 milliards de francs CFA ; soit environ $ 1,1 milliard. Cette stratégie fait la promotion de l’agroforesterie et fait appel au secteur privé pour la reconstitution du couvert forestier. »
Le nouveau plan quinquennal devrait utiliser des technologies modernes comme des drones pour planter des arbres et des variétés de plantes résistantes à la chaleur. Ceci devrait aussi booster l’emploi rural et accroître la production alimentaire.
Fulbert Yao