La fuite de la production ivoirienne de noix de cajou vers les pays limitrophes n’est pas du goût du Directeur général du Conseil Coton Anarcarde.
Invité ce jeudi 25 octobre à la Tribune du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI) autour du thème « Evolutions récentes et perspectives de développement des filières Coton et Anarcarde », Adama Coulibaly a dénoncé ce trafic qui fait perdre des ressources financières importantes à l’Etat, mais aussi la complicité des ivoiriens.
« Les produits qui sortent du pays, c’est un souci pour nous, parce que tout kilo qui sort est une perte pour l’économie nationale», a affirmé Dr Adama Coulibaly, dans son exposé.
A la base de cette fraude se trouve les ivoiriens, selon le DG : « C’est nous [Ivoiriens ndlr] qui sommes le problème et cette attitude va au-delà de la simple fraude, ça fait appel au civisme. Comment cela est il possible, il faut que nous nous interrogions sur notre attitude, sur notre sens du civisme. Je ne pourrai jamais endiguer la fraude tant que l’ivoirien dans son comportement n’a pas changé. Des chefs de village, des élus défendent les trafiquants», a-t-il regretté.
Il a expliqué que par ces complicités, les ivoiriens font courir de nombreuses conséquences sur le pays, notamment sur la région de Bondoukou frontalière avec le Ghana qui perd en termes d’intention d’investissement car la production régresse; le trafic crée aussi une distorsion dans les statistiques internationales et joue sur la qualité du produit.
Pour freiner ce fléau, le conférencier a fait savoir que, bien que beaucoup restent à faire, plusieurs actions sont menées dont une opération « cajou protégé » initiée par la gendarmerie qui a permis en 2018 de saisir le contenu de 26 camions.
Les trafics n’impactent toutefois pas la filière, selon Dr. Adama Coulibaly, qui assure que « tous les clignotants sont au vert». Cela est observé par un accroissement de la production qui a atteint à ce jour 738000 tonnes, soit +20% de la production mondiale et 40% de l’offre mondiale estimée à 3 280 000 tonnes.
« L’année dernière à la même date 2017, nous étions à 709.000 tonnes commercialisés par les producteurs, si on remonte à 2016, nous étions à 640.000 tonnes à la même date », a indiqué le DG du CCA
« Sur les exports à la date d’aujourd’hui, nous avons exporté 591.000 FCFA malgré le ralentissement dont je parle. L’année dernière en 2017, nous étions à 577.000 tonnes», a-t-il ajouté.
Interrogé sur la production de noix de cajou encore en brousse, le Dg a reconnu que 18.000 tonnes étaient encore aux mains des producteurs sur l’ensemble du pays à ce jour.
« Cette situation est due à un ralentissement des exportations qui s’est répercuté sur les achats bord champs. Nous sommes victime de notre succès en termes de production. C’est ce que la filière cacao a connu avec une production abondante.», s’est-il justifié.
Concernant la transformation locale de la noix de cajou Dr Adama Coulibaly a annoncé que la Côte d’Ivoire envisage la création de quatre plateformes industrielles à Bouaké, Korhogo, Bondoukou et Séguela.
Au cours de cette tribune les performances de la filière coton ont aussi été évoquée par Dr Adama Coulibaly. Il a en outre annoncé la tenue de la troisième édition du salon international des équipements et des technologies de transformation de l’anacarde, les 8, 9 et 10 novembre prochain à Abidjan.
Fulbert Y.